Interrogé sur les critères d’appréciation de la puissance navale, le chef d’état-major de la Marine a ajouté au traditionnel et limité tonnage, le niveau technologique des différentes unités, les savoir-faire des marins et des équipages, et enfin les partenariats nourris par la confiance. Témoin inlassable de la Marine en action, Cols bleus consacre son dossier central à ce qui constitue à la fois une condition et un révélateur de l’excellence de notre Marine selon ces quatre critères : l’existence d’un écosystème de soutiens à même de répondre, toujours et partout, aux exigences des forces et de leurs engagements.
Tout comprendre sur POLARIS 25
Publié le 11/06/2025
Du 12 mai au 15 juin 2025, la Marine nationale conduit en Atlantique et en Manche une activité majeure de préparation au combat de haute intensité (POHI), baptisée Polaris 25 (préparation opérationnelle en lutte aéromaritime, résilience, innovation et supériorité).

Événement majeur de la préparation opérationnelle de haute intensité (POHI), Polaris 25 est un exercice de grande ampleur, structurant et fédérateur pour la Marine nationale dans une logique de combat depuis les bases navales jusqu’à la haute mer. Des menaces hybrides à l’action amphibie en milieu contesté en passant par le soutien opérationnel au combat, cet exercice de préparation opérationnelle propose une densité rare d’entraînements à l’ensemble des militaires et unités engagés. Le scénario, réaliste, permet de se préparer à combattre dans les conditions du réel.
Polaris 25 se construit autour de deux phases distinctes :
- une première période (du 12 au 25 mai) d’actions hybrides offensives contre des emprises militaires à Brest et Cherbourg et de défense des bases navales et de leurs approches ;
- une deuxième période (du 26 mai au 15 juin) de combat aéromaritime multi-milieux multi-champs, dans l’objectif de conduire un débarquement, en y intégrant le soutien logistique opérationnel au combat ainsi que la protection des navires civils qui se trouveront dans la zone de conflit.

« Notre ambition :
bâtir une Marine forte et redoutée.
Dans le temps court, cela passe par
plus de létalité. Et dans le temps long,
par la supériorité informationnelle. »
Amiral Nicolas Vaujour, Chef d’état-major de la Marine, 2024
Se préparer au retour du combat naval
La Marine nationale fait face au durcissement du contexte international, et à ses conséquences, notamment en Atlantique Nord et en Baltique ; elle s’entraîne donc, pour continuer à répondre pleinement aux priorités stratégiques de la France. Réaliste dans son scénario, sa planification et sa conduite, Polaris 25 reproduit le contexte dans lequel les marins sont déployés et les moyens avec lesquels ils combattent, pour renforcer leur capacité à répondre aux menaces actuelles et futures.
Polaris 25 intensifie la préparation opérationnelle à la haute intensité des armées françaises et de leurs partenaires pour conserver la supériorité dans l’ensemble des champs de conflictualité et stimule la créativité et la réflexion tactique et stratégique. Cet exercice contribue ainsi à bâtir une Marine nationale forte, résiliente, reconnue par ses partenaires, redoutée de ses adversaires et prête à faire face à l’imprévu, jusque dans sa composante interarmées.
La diversité des moyens engagés dans l’exercice Polaris 25, ainsi que l’organisation en différentes phases, permettent de répondre aux enjeux opérationnels actuels. Cet entraînement réunit près de 3 000 militaires, plus de 20 bâtiments de surface et plus de 40 aéronefs. Il développe également l’interopérabilité avec les alliés et partenaires participants : Allemagne, Brésil, Espagne, États-Unis, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, dont un task group de l’OTAN.

Le réalisme de cet exercice permet aux forces de conduire leur entraînement dans les mêmes conditions qu’en opération, notamment avec les pertes ou dégâts matériels associés. C’est pour relever ce défi que le service de soutien de la flotte (SSF) prend lui aussi part à Polaris 25 ; dans le but d’assurer le maintien en condition opérationnelle (MCO) des bâtiments de surface et des moyens nautiques de la Marine et des autres armées. Cet exercice permet également de tester sa capacité à prendre en charge le matériel endommagé pour assurer le MCO en toute circonstance.
Polaris 25 a pour objectif de retravailler sur la prise en charge des dommages reçus au combat et pouvant nécessiter une intervention sur un théâtre d’opérations ou à proximité. Cet exercice vise également à perfectionner la maîtrise de ces travaux immédiats, y compris au sein d’une force multinationale.
Au coeur de l'innovation tactique
Polaris 25 vise à renforcer la capacité de la France à combattre dans un environnement complexe et multi-menaces. L’exercice met l’accent sur l’innovation tactique, la collaboration inter-forces et l’intégration de nouvelles technologies telles que les drones et l’intelligence artificielle. Polaris 25 démontre la force, la résilience et la combativité des forces armées françaises, ainsi que leur capacité à s’engager résolument dans un contexte de contestation internationale.

Pour cette édition, l’effort en matière d’innovation est porté sur la manœuvre amphibie : emploi de drones de reconnaissance (de surface, aériens et sous-marins), liaisons de données entre les unités de la Marine et de l’armée de Terre, outils d’aide à la décision au profit de l’état-major embarqué. La phase de combat naval cherche la mise en place de nouvelles tactiques pour permettre l’escorte du groupe amphibie en environnement contesté. Un effort est également mis sur le domaine de la donnée, avec l’installation de data hub embarqués sur deux frégates, afin de permettre la capitalisation et l’exploitation des données opérationnelles.

Les dimensions multi-champs et multi-milieux de Polaris permettent par ailleurs d’entraîner de manière exigeante des marins de toutes les spécialités, dans l’ensemble de leurs composantes. C’est à la fois une mise à l’épreuve et une valorisation de toutes les compétences disponibles. Une opportunité rare de renforcement du leadership à tous les échelons, de l’encadrement de proximité au commandement de force navale en coalition.
Pour en savoir plus sur cet événement d’envergure qui réunit près de 3 000 militaires d’une dizaine de pays, découvrez le dossier de presse.
Les forces avancées au cœur des opérations amphibies de POLARIS 25
Publié le 13/06/2025
Durant tout l’exercice Polaris 25, les forces avancées ont joué un rôle crucial dans l’accomplissement des opérations de débarquement de la TF 471.

Pendant près de 10 jours avant la H-Hour (heure à laquelle les forces débarquées arrivent sur la plage ou le site de débarquement prévu) le Task Group des forces avancées, composé d’une frégate de type Lafayette, d’une section de fusiliers marins, d’un groupe de plongeurs démineurs et de nageurs de combat, a œuvré en toute discrétion pour permettre aux forces débarquées de se déployer en toute sécurité.
Les plongeurs démineurs et les unités de la force des fusiliers marins et commandos Marine, qui opèrent dans les eaux peu profondes, ouvrent les voies de navigation et de plageage. Pour cela, ils localisent les mines navales présentes sur le chemin, puis décident s’il faut les contourner ou procéder à une opération de déminage quelques minutes avant la H-Hour.
En parallèle, ils conduisent des actions maritimes commando en envoyant à la frégate des renseignements sur le site identifié. Ces informations sont transmises au commandant de la Task Force 471, puis analysées afin de valider le lieu du débarquement. Par précaution, plusieurs sites sont reconnus par les forces avancées.
Durant la phase de façonnage de la plage, en plus de la reconnaissance et des dernières plongées de vérification, des opérations de sabotage des moyens ennemis sont conduites par les FA, avant de passer le relai aux forces de pré-débarquement.

Polaris 25, par son réalisme et sa dimension interarmées, permet aux unités des forces avancées de mettre en place de nouvelles procédures afin de s’adapter aux conflits de demain, dans un contexte où les menaces « mine » reviennent.
Le groupe Jeanne d’Arc navigue à proximité des îles Féroé
Publié le 13/06/2025
Après son appareillage de Reykjavik, le 9 juin, le groupe Jeanne d’Arc a poursuivi sa patrouille vers le Grand Nord en transitant à proximité immédiate des îles Féroé, archipel situé entre l’Écosse et l’Islande.

Cette navigation dans les eaux resserrées des îles danoises permet à la fois aux officiers-élèves de travailler la navigation côtière dans des conditions d’environnement complexes (vents et courants importants et changeant dans la zone) mais aussi de montrer la capacité des armées françaises à évoluer et appréhender l’espace maritime de l’Atlantique Nord, qui revêt un intérêt stratégique majeur. Le task group poursuit actuellement sa navigation vers la Norvège.

La mission Jeanne d’Arc 2025 est un déploiement opérationnel de longue durée autour du monde grâce auquel la France assure sa présence dans plusieurs zones d’intérêt stratégique majeur, tout en offrant un cadre de formation concret, réaliste et de qualité aux officiers-élèves embarqués.
La Marine nationale au secours de Charline Picon
Publié le 10/06/2025
Dans la nuit du 30 au 31 mai, la triple championne de planche à voile Charline Picon a été victime d’une collision entre son catamaran et un objet non identifié au large des Îles Marquises.

Peu après trois heures du matin, une balise de détresse est lancée dans l’océan Pacifique sud, non loin des Îles Marquises, en Polynésie française. Le catamaran de plaisance de Charline Picon, le Luna Bay 2, a heurté un objet flottant non identifié (OFNI) provoquant une importante voie d’eau. « En quelques minutes, la coque bâbord se remplissait d’eau sans qu’on puisse identifier l’origine », raconte la véliplanchiste triple médaillée olympique. Elle parvient à quitter son catamaran avec son compagnon et leur fille de sept ans et à se réfugier dans un canot de survie.
Le centre de coordination de sauvetage aéromaritime de Polynésie française (JRCC Tahiti) est alerté. Aucun navire ne se trouve à proximité du navire à 70 milles nautiques de l'île de Ua Pou. Un avion Gardian de la Flottille 25F de la Marine est envoyé pour survoler la zone et repositionner le navire. « À 10h30, l’espoir du sauvetage est manifeste. Le pilote entre en contact avec nous. Ils nous enverront avec une précision incroyable un second canot de survie » et du matériel de survie – car le premier radeau prenait l’eau. Puis le Guardian identifie un autre voilier, Le Stardust, à quatre heures de navigation, qui accepte de se dérouter pour leur porter secours. La championne raconte leur « émotion intense » lorsqu’ils peuvent monter enfin à bord. Après dix heures d’attente, Charline Picon et sa famille ont pu rejoindre la terre ferme « sains et saufs ».
Ancienne membre de l'armée de Champions au grade de maître dans la Marine nationale, Charline Picon avait entrepris ce voyage pour rejoindre la Polynésie au départ de la Grande-Motte. Un demi-tour du monde qui a pris fin plus tôt que prévu avec le naufrage de son catamaran. Sur les réseaux sociaux, la triple championne olympique a tenu à remercier « chaleureusement tous ceux qui ont œuvré à [leur] sauvetage ». Quelques jours plus tard, Charline Picon est allée avec sa famille visiter la Flottille 25F et le centre de coordination du secours maritime à Tahiti (JRCC). Les marins ont présenté leurs missions à la famille, qui a eu la joie de monter à bord d’un Guardian (l’aéronef qui a participé à leur sauvetage), une belle façon de clôturer cette aventure.

Entraînement au sauvetage en mer à Saint-Pierre-et-Miquelon
Publié le 16/06/2025
Chaque année, la première semaine de juin est consacrée à un exercice de sauvetage en mer à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Forte mobilisation de moyens nautiques, terrestres et aériens
Tout au long de la semaine du 2 au 8 juin, une multitude d’exercices de recherche et de sauvetage (SAR - Search and Rescue) ont été planifiés puis dirigés conjointement par le patrouilleur Fulmar et les affaires maritimes de l’île.
Sur mer, aux côtés du Fulmar, une embarcation des affaires maritimes chargée de la coordination des recherches, une vedette de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM), une embarcation de la brigade nautique, trois ferry de la société SPM Ferries et la station de pilotage avec son remorqueur-pousseur. Pour les moyens terrestres, la brigade des sapeurs-pompiers, les urgentistes et psychologues du centre hospitalier de Saint-Pierre, la préfecture, les bénévoles de la Croix-Rouge, et enfin pour les moyens aériens, la direction générale de l’aviation civile
Deux administrations canadiennes ont également apporté leurs concours, les garde-côtes avec une vedette, deux embarcations et des membres du Joint Rescue Coordination Centre d’Halifax, ainsi que l’aviation royale canadienne avec un hélicoptère CH-149 Cormorant.

Recherche de naufragés, hélitreuillages, simulation de voie d’eau, incendie sur un ferry, remorquage d’un navire à passager en avarie propulsion, prise en charge de blessés … différents scénarii étaient joués afin d’entraîner l’ensemble des acteurs dans les conditions les plus réelles possible.
L’expérience accumulée lors des différents exercices permet de mieux comprendre le rôle de chacun dans les opérations de recherche et de sauvetage. Les comptes rendus et débriefings contribueront à améliorer les procédures. Au bilan, cette semaine intense a confirmé l’interopérabilité entre les différentes administrations de l’archipel. Elle a mis en évidence la bonne complémentarité des moyens ainsi que l’efficacité de la coopération avec les partenaires canadiens : aviation royale canadienne et garde-côtes.
Ingénieur général de l'armement (IGA) Guillaume de Garidel-Thoron, directeur central du service de soutien de la flotte
Publié le 16/06/2025
Avant d'être appelé à de nouvelles responsabilités, l'ingénieur général de l'armement Guillaume de Garidel-Thoron a échangé avec Cols bleus sur les missions du SSF.

Quelle est la mission du SSF ?
IGA Guillaume de Garidel-Thoron : Avant l’an 2000, la maintenance des navires était du ressort de la direction des constructions navales (DCN), direction de la DGA. Le SSF est ainsi né de la nécessité de disposer d’une maîtrise d’ouvrage étatique. Placé sous l’autorité du chef d’état-major de la Marine, le SSF, service de la Marine, est chargé d’assurer la disponibilité technique des bâtiments tout en maîtrisant les coûts du MCO naval. Cette mission impose de planifier, préparer et piloter les maintenances, de gérer les stocks de rechanges du MCO naval (entreposés au SLM ou chez des industriels) mais aussi d’élaborer sa politique, de disposer d’une expertise technique, de préparer l’arrivée des programmes futurs. Le SSF a réglementairement l’autorité pour fixer les règles de sécurité du matériel naval en utilisation et leurs dérogations, ce qui lui confère une vraie autonomie technique, une autonomie contractuelle et financière.
Quelles sont les spécificités du MCO naval ?
IGA G. de G.T. : La principale spécificité du MCO naval c’est son besoin en infrastructures lourdes. Le SSF exploite les installations portuaires dédiées au MCO (quais, bassins, grues), tandis que le service d’infrastructure de la Défense en assure la maintenance . Une autre particularité est la nécessité de soutenir les bâtiments où qu’ils soient : dans les bases navales de Brest et de Toulon, où la plupart des maintenances sont réalisées ; mais également dans les antennes d’outre-mer voire à l’étranger, en escale ou pour des arrêts techniques délocalisés.
Comment a évolué le SSF depuis votre arrivée il y a 7 ans ?
IGA G. de G.T. : En 2018, la ministre des Armées Florence Parly a lancé une démarche de modernisation des différents soutiens (aéronautique, terrestre et naval). Le bilan pour le MCO naval était globalement positif même si certains ajustements ont néanmoins été demandés. Le SSF a par exemple mis un fort accent sur l’innovation avec la création d’un poste de chargé de mission dédié et de très nombreuses expérimentations. En 2018, nous finissions aussi le 2e arrêt technique majeur (ATM2) du porte-avions et nous repartions pour un nouveau cycle de dix ans. Nous préparons actuellement l’ATM3.
En 25 ans, comment le SSF s’est-il transformé pour s’adapter à l’ère de l’intelligence artificielle, du numérique et de la dronisation ?
IGA G. de G.T. : Le SSF n’est pas une structure de recherche, mais teste surtout des solutions qui existent sur étagère dès lors qu’elles permettent d’améliorer le MCO. Dans le domaine de la fabrication additive, par exemple : les grands bâtiments disposent désormais tous d’une imprimante 3D. De plus une quinzaine de kits supplémentaires sont disponibles pour les bâtiments qui partent en mission. Des robots améliorent l'entretien courant, par exemple certains qui nettoient les coques à quai sans rejeter de polluant. L’effet est très net sur les vitesses et les consommations de carburant (réduction des coûts), sans compter la réduction de l’empreinte environnementale (limitation des rejets).
Quels sont les défis de demain pour le SSF ?
IGA G. de G.T. : En premier lieu, il faudra maintenir la disponibilité des bâtiments avec une pression opérationnelle croissante. Cela implique de gagner en résilience. Chaque année, nous faisons des exercices de préparation à la haute intensité, adossés à Polaris . Ensuite, il faudra poursuivre l’effort sur la transformation numérique, car la flotte se modernise. En parallèle, nous avons lancé la transformation numérique du service avec le projet ODIN (outil digital naval), futur système d’information logistique. À l’horizon 2029, il gèrera les interventions à bord et absorbera les données recueillies. Sans oublier les savoir-faire ancestraux comme charpentier de Marine car le SSF entretient toujours les navires en bois (la Belle Poule, l’Etoile et le Mutin grâce au chantier du Guip).
Appelé à de nouvelles responsabilités, l'IGA de Garidel-Thoron a été remplacé, le 1er juin 2025, par l'IGA Cécile Sellier.
Cols bleus 3127 : acteurs discrets de la puissance navale
PASSION MARINE
- Le service de soutien de la flotte
- Le MCO « lourd »
- Acheminer et financer
- Soutenir loin et longtemps
- Le service de logistique de la Marine
- Démarche Tangaroa
- Le service d’infrastructure de la Défense fête ses 20 ans
A Bayonne, une journée avec l’escouade de réserve côtière
Publié le 17/06/2025
À quoi sert une escouade de réserve côtière et que font les réservistes qui la composent ? Cols bleus a suivi celle de Bayonne.

À la fin de l’été, deux nouvelles escouades de réserve côtières (ERC) seront créées en Méditerranée, à Sète (34) et Cannes (06), suivies de Pointe-à-Pitre (971) et Nouméa (988). Sur la façade atlantique, trois nouvelles ERC ont été annoncées, à Saint-Malo (35)/Saint-Cast (22), Saint- Nazaire/ Piriac- sur-mer (44) et Concarneau (29), avant la fin de l’année 2025. À quoi sert une escouade et que font les réservistes qui la composent ? Cols bleus a suivi celle de Bayonne. De quoi créer des émules et susciter des vocations. La Marine prévoit en effet de muscler ses effectifs dans la réserve opérationnelle à l’horizon 2035, en atteignant le ratio d’un réserviste pour deux marins d’active.
Germaine Kanova, de portraitiste à photographe de guerre
Publié le 17/06/2025
Pour le 80e anniversaire de la libération de la poche de Lorient, le musée national de la Marine à Port- Louis et l’ECPAD braquent les projecteurs sur la première correspondante de guerre de l’armée française : Germaine Kanova.

En 1944, Germaine Kanova devient la première femme correspondante de guerre de l’armée française. Ses reportages au plus près des soldats, qui attestent de la dureté des combats, forcent encore aujourd’hui l’admiration. « L’ECPAD conserve pas moins de 1 750 clichés de Germaine Kanova et pourtant il reste beaucoup à découvrir sur son parcours et ses choix de vie », explique Constance Lemans-Louvet, une des deux commissaires de l’exposition.
Installée à Londres pendant l’entre-deux-guerres, Germaine Sophie Kanova née Osstyn est une photographe de mode et une portraitiste réputée. Dans son studio londonien, les célébrités, acteurs et écrivains – elle a photographié en 1943 Romain Gary en uniforme de lieutenant de l’armée de l’Air, et fut très amie avec son épouse, la romancière anglaise Lesley Blanch –, se pressent devant l’objectif. « On sait que Germaine Kanova a rencontré le général de Gaulle dans la capitale britannique et a participé à la propagande antinazie, raconte Anne Belaud-de Saulce, administratrice du musée de la Marine à Port- Louis et également commissaire de l’exposition. Pourquoi cette femme qui fréquentait la haute société londonienne, voyageait beaucoup, jouait merveilleusement du piano, décide contre tout attente de choisir une route opposée à la sienne ? Un des éléments de compréhension de son passage à l’acte figure sans doute dans un courrier dans lequel elle pose un regard critique sur sa vie de luxe et de frivolité. » De retour en France, Germaine Kanova s’engage au Service cinématographique de l’armée le 22 novembre 1944. Le recrutement de professionnels déjà formés à la photographie était monnaie courante dans les rangs des armées, depuis la Grande Guerre. Ainsi, sous l’uniforme, Germaine Kanova suit la progression de la Première armée française, de la libération du territoire jusqu’en Allemagne. Elle reçoit même une citation avec attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze pour avoir accompli « crânement sa mission » lors de combats particulièrement meurtriers.
« Pour moi, l’œuvre de Germaine Kanova interroge l’absurdité de la guerre », analyse Constance Lemans-Louvet. « Tout en documentant rigoureusement le conflit lors de ses reportages, elle pose un cadrage décalé qui deviendra la signature de Germaine Kanova », complète Anne Belaud-de Saulce. Deux événements tragiques vont la marquer au fer rouge. Le 13 avril 1945, l’ancienne portraitiste de mode photographie la découverte du camp de concentration de Vaihingen situé entre Karlsruhe et Stuttgart, en Allemagne. « Le choc est terrible car c’est la première fois que les Français découvrent des survivants de l’horreur du système concentrationnaire nazi », souligne Constance Lemans-Louvet. Puis en mai 1945 Germaine Kanova est envoyée dans la région lorientaise. Ses clichés montrent l’église Saint-Louis dévastée après les bombardements aériens alliés et les bunkers aux dimensions impressionnantes qui abritent les sous-marins de la Kriegsmarine, la plus grande base nazie construite hors d’Allemagne. Enfin le 23 mai, elle réalise des images-preuves de la découverte du charnier de Port-Louis, dans lequel reposent soixante-neuf résistants fusillés. « Les images saisissantes montrent les officiers allemands contraints de défiler devant les fosses, raconte Anne Belaud-de Saulce. À l’issue de la guerre, Germaine Kanova travaille pour plusieurs magazines de photos britanniques puis devient photographe de plateau pour le cinéma - elle se liera d’amitié avec Jeanne Moreau. Elle meurt le 27 janvier 1975 à Antibes. Grâce à un important travail de recherche, l’exposition à la citadelle de Port-Louis entend lever une partie du voile sur « cet esprit libre et aventureux » qui a préféré la guerre à la vie mondaine comme on choisit l’ombre à la lumière.

Les soutiens : "Sans maintien en condition opérationnelle, pas de Marine ! "
Publié le 16/06/2025
Soutenir : le mot évoque des bras puissants, une charpente qui fait tenir debout toute une maison, un cadre solide, une structure sur laquelle se reposer, mentalement et physiquement.

Appliquée à la Marine, quels sont les supports sur lesquels la flotte peut s’appuyer, se régénérer, se renforcer ? Qui sont ses appuis dès la construction de ses bâtiments, en mer et à terre, dans les domaines logistiques, humains, financiers, juridiques, énergétiques, médicaux… ?
La fonction de soutien au sein de la Marine peut se résumer selon un triptyque simple : avant, pendant, après. Avant, c’est être prêt, c’est-à-dire maintenir au niveau fixé par le ministre des Armées la disponibilité des bâtiments et des équipements à tout moment. Pendant, c’est pouvoir acheminer des pièces, des vivres et des hommes jusque sur les théâtres d’opération les plus éloignés des ports bases. Après, c’est permettre de réparer, réarmer et réapprovisionner les bâtiments une fois revenus à quai.
Vingt-quatre heure sur vingt-quatre, sept jours sur sept, les forces doivent pouvoir compter sur la logistique opérationnelle. Point de démonstration de force ni de projection de puissance de longue durée sans LOGOPS.
La Marine dispose pour cela de plusieurs services dédiés : le service de soutien de la flotte (SSF, lire l’interview de son directeur central) assure dans une structure unique la maîtrise d’ouvrage du maintien en condition opérationnelle (MCO) des bâtiments de surface, des sous-marins et d'autres moyens nautiques dont ceux des autres armées, en lien avec l’état-major opérations. Le service logistique de la Marine (SLM) soutient techniquement les unités et délivre les rechanges navales . Au niveau interarmées, la Marine peut aussi compter sur différents acteurs : le commissariat des armées, le centre de soutien des opérations et des acheminements et le service d’infrastructure de la Défense, le service interarmées des munitions et le service de l’énergie opérationnelle.
Cols bleus brosse dans ce numéro un tableau de ces organismes, de ces hommes et ces femmes qui participent chaque jour à leur niveau à la construction d’une Marine forte, endurante, résiliente, et selon les mots de son chef d’état-major, qui permet à la Marine « de durcir et de la rendre prête au combat, depuis ses bases jusqu'à la haute mer ».