La Marine expérimente les munitions télé-opérées

Publié le 18/06/2025

Auteur : ASP Clémence de Carné

Le 25 avril, au large de Toulon, la Marine a conduit une nouvelle expérimentation sur cible réelle. L’objectif ? Développer l’emploi de munitions navales télé- opérées en s’inscrivant dans la démarche de préparation au combat de haute intensité des équipages de la Marine.

Sur les eaux méditerranéennes, un chaland de transport de matériel (CTM) ondule. Soudain, un jetski surgit et fonce sur la coque. Quelques secondes s’écoulent, l’explosion retentit, une gerbe de flammes jaillit, une plaque de tôle est arrachée par la force de l’impact. Les occasions de se réjouir devant un tel spectacle sont rares, surtout lorsqu’il s’agit de sa propre flotte. Pourtant, c’est avec satisfaction que la Marine observe la scène à distance, depuis un patrouilleur de haute-mer (PHM).

Quelques mois plus tôt, lors du salon Euronaval, le chef d’état-major de la Marine avait lancé un défi : mettre au point une munition navale télé-opérée pour le premier semestre 2025. La conduite du projet est naturellement confiée au centre d’expertise des programmes navals (CEPN) avec le soutien de la FAN, de la FORFUSCO et d’un industriel. « L’expérimentation a été découpée en trois étapes : d’abord, tester le drone seul (cinématique, vitesse, manœuvrabilité, connectivité), puis, faire une répétition générale avec la cible mais sans charge réelle, afin de valider la procédure de déclenchement et tester les cas non conformes, enfin, mener l’expérimentation réelle avec la charge explosive. », explique le capitaine de frégate (CF) Didier.

Le vecteur est rapidement identifié : un jetski dronisé, conçu pour l’exercice WILDFIRE et modifié pour l’essai. En parallèle, le CEPN se met à la recherche de la cible idéale. Justement, la coque d’un chaland de transport de matériel, retiré du service actif à Djibouti, attend d’être déconstruit. Le CF Didier détaille : « nous avons fait ajouter des plaques de tôle sur chaque bord pour protéger la coque, car l’idée n’était pas de couler la cible mais de mesurer les effets des explosifs sur ce « bouclier » d’une épaisseur et d’une qualité d’acier similaires à nos bateaux. »

La cible sélectionnée, c’est au tour du service de soutien de la flotte (SSF) d’entrer en jeu, pour dépolluer avec soin l’ensemble du navire afin d’écarter tout risque de pollution lors de l’expérimentation. Un mot est sur toutes les lèvres : la maîtrise. Sur ce point, le CF Didier insiste : « il faut arriver à une maîtrise totale des risques, une maîtrise de la pollution, éviter que la coque ne coule, assurer la sécurité des participants. » Le jour-J, un bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain remorque la cible dans la zone déterminée par la Préfecture maritime de la Méditerranée. Le jetski dronisé mis en œuvre depuis le PHM explose sur la coque du CTM. L’expérimentation est un succès ! « Le retour d’expérience et l’analyse vont permettre d’améliorer le système et d’évaluer le potentiel d’une charge pyrotechnique selon le type de cible et selon le vecteur , rappelle le CF Didier avant d’ajouter, les technologies développées seront reprises dans d’autres projets analogues. »