Océan Arctique : la route du Nord-est, un défi trop grand pour la Russie ?
Publié le 06/01/2025
La route du Nord-est, évoquée depuis le xviie siècle par les navigateurs comme l’un des moyens les plus rapides pour joindre l’Europe et l’Asie, serait en passe de devenir une réalité, au service des ambitions géopolitiques de Moscou. La Russie deviendrait alors une plaque de transit indispensable entre Orient et Occident. C’est tout le trafic maritime mondial qui s’en trouverait bouleversé. Mais derrière les mythes, ce projet n’est-il pas trop ambitieux pour les moyens russes ?

Longue de plus de 3 500 miles, la route du Nord-est reliera la mer de Barents à la mer d’Okhotsk en passant par le détroit de Béring, longeant la côte nord de la Russie, longtemps laissée pour compte. Un premier mythe s’attache à mettre en avant « l’opportunité du changement climatique » de cette route maritime. En effet, l’Arctique est souvent mentionné comme l’un des territoires qui « bénéficieraient » d’une augmentation des températures à la surface de la planète, avec la fonte d’une partie des glaces qui empêchent la navigation au-delà d’une certaine latitude. Si, d’un point de vue purement météorologique, l’assertion peut se défendre – en effet, l’extension maximale de la calotte glacière arctique ne cesse de reculer sous l’effet du changement climatique, libérant a priori certaines zones de navigation dans les mers du Nord –, elle demeure hautement spécieuse si on la considère dans l’ensemble des conséquences climatiques.
En effet, la fonte des glaces marines s’accompagne dans cette région de deux phénomènes, l’un en mer et l’autre à terre, qui risquent de rendre la navigation dans la route du Nord-est tout aussi complexe : d’une part, en mer, la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes. Il s’agit là d’un des effets principaux du changement climatique, observable dans toutes les zones de la planète : tempêtes, inondations massives, canicules et épisodes de chaleurs extrêmes ne cessent de se multiplier. Dans le Nord russe, l’accroissement des tempêtes de forte intensité risque ainsi de rendre la navigation tout aussi complexe et dangereuse que par le passé. D’autre part, à terre, la hausse des températures s’accompagne d’une fonte du pergélisol, entraînant une fragilisation des sols sur lesquels reposent jusqu’ici les infrastructures installées le long de ladite route. En 2020 à Norilsk, l’effondrement du sol au-dessus d’un réservoir de pétrole, causé par le ramollissement du pergélisol, entraîne une catastrophe écologique régionale. Ainsi les systèmes de balisage, les ports, terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) et autres systèmes destinés à assurer la navigation ou l’intermodalité de la route sont eux-mêmes directement menacés par le changement climatique, remettant très fortement en cause l’idée d’une « opportunité » liée à la fonte des glaces.
Cette donnée climatique induit surtout de la part de la Russie un besoin d’investissement absolument colossal pour faire face aux enjeux liés à ces phénomènes extrêmes qui ne cessent de s’accroître. Or, la Russie, sous sanctions économiques et privée d’un accès à de nombreuses technologies occidentales, n’a en réponse aucun autre choix que de se tourner vers son voisin chinois.
La présence toujours plus forte de la Chine
Plus que la Russie, c’est bien la Chine qui est intéressée par la route du Nord-est, avant tout pour des raisons économiques – raccourcir le trajet maritime Chine-Europe en évitant l’océan Indien et Suez – mais aussi, de manière plus lointaine, géopolitique avec un accès supplémentaire vers l’Ouest pour ses forces navales. La Chine regarde ainsi l’opportunité de cette route avec un intérêt sans cesse renouvelé, suivant notamment la dynamique des tensions avec Taïwan qui risquent de fortement compliquer le trajet des navires commerciaux chinois vers la mer de Chine méridionale. Les armateurs chinois sont ainsi friands de participations dans ce grand projet russe, comme en témoigne l’accord d’investissement infrastructurel signé en juin 2024 lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Cet accord va d’ailleurs bien au-delà de simples questions de trafic maritime puisque la Chine prévoit de devenir le principal pourvoyeur de technologies de contrôle du transit, y compris avec des constellations satellitaires en orbite basse pour les télécommunications en zone arctique.
Pour la Chine, autoproclamée « État voisin de l’Arctique » (near-Arctic state), s’implanter fermement dans les infrastructures russes, y imposer ses logiciels de contrôle de navigation, ses normes de télécommunications et la participation financière et technologique de ses entreprises d’État, revient à en détenir indirectement le contrôle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Pékin a obtenu de Moscou une assistance technique pour la construction de brise-glaces à propulsion nucléaire, alors que celle-ci était jalousement gardée par Rosatom jusqu’ici.
Une nouvelle voie économique aux règles spécifiques
En prenant en compte les paramètres susmentionnés qui doivent relativiser l’enthousiasme que l’on a coutume de voir sur la route du Nord-est, il n’en demeure pas moins que la Russie avance sur ce dossier. La révision de la stratégie navale russe en 2022 a confirmé la place de l’Arctique comme première région d’importance, en y adjoignant en 2e position le Pacifique, confirmant en creux l’importance de la route du Nord-est. De même, en regardant les chiffres du trafic maritime sur ladite route, celle-ci ne cesse de gagner en volume, avec un record en 2023 de 35 millions de tonnes transportées. Les acteurs chinois qui multiplient les accords avec leurs homologues russes s’y taillent bien entendu la part du lion. Toutefois la croissance, si elle est réelle, demeure limitée et en comparaison d’autres zones (Suez : 1,6 milliard de tonnes en 2023) demeure bien modeste.
Au-delà, la Russie tend à imposer ses règles de navigation sur la route du Nord-est, contrevenant au droit international maritime, notamment en ce qui concerne le principe de liberté de navigation. En 2022, la nouvelle loi russe sur la navigation des navires militaires dans la route du Nord oblige à notifier aux autorités russes trois mois en avance le passage de tout navire d’État sur la susdite route. Alors que la loi de 2020 sur la navigation dans la route du Nord – applicable aux navires commerciaux – tendait déjà à créer des obligations de recours aux brise-glaces russes, contraignant de fait le trafic, la loi de 2022 se positionne elle aussi dans l’optique d’une sur-affirmation juridique de la part de la Russie qui entend montrer sa « souveraineté » par un durcissement du droit. Quoi qu’il en soit, il s’agit probablement du seul levier qui reste réellement entre les mains russes, en regard de sa dépendance technologique et économique grandissante à la Chine.
Base navale de Cherbourg : exercice national d’urgence radiologique
Publié le 06/01/2025
Le commandement de l’arrondissement maritime de la Manche et de la mer du Nord a organisé, avec la participation de la direction générale de l’armement, un exercice national d’urgence nucléaire au sein de la base navale de Cherbourg pour tester, dans son ensemble, le dispositif prévu en cas de crise nucléaire ou radiologique d’une installation nucléaire de base secrète.

14 novembre, 9 h 00 : dans l’installation nucléaire de base secrète du Homet, exploitée par la direction générale de l’armement (DGA) et consacrée au démantèlement des sous-marins nucléaires, l’équipe d’animation simule un départ de feu dans un local abritant des déchets radioactifs. Cette annonce marque le début d’un scénario qui mobilisera pendant deux jours près de 1 000 participants, militaires et civils. À 9 h 20, le vice-amiral d’escadre Benoît de Guibert, commandant l’arrondissement maritime de la Manche et de la mer du Nord (COMNORD), déclenche le plan d’urgence interne (PUI) du site. La base navale de Cherbourg déploie immédiatement ses moyens pour lutter contre le sinistre et prendre en charge les personnes présentes dans l’installation. La compagnie des marins-pompiers est déployée en premier, suivie par le service de surveillance radiologique pour l’accueil des victimes. Pour éprouver davantage les réflexes et la capacité d’adaptation des équipes d’intervention, les animateurs déclarent le réseau d’eau d’extinction indisponible, et le sinistre prend de l’ampleur. Pendant ce temps, les blessés affluent au point de rassemblement des victimes, où ils sont orientés vers les postes d’accueil par les médecins militaires.
Les personnes valides et autonomes, potentiellement exposées à un risque radiologique, sont prises en charge au centre de tri et de décontamination sommaire (CTDS), armé par le service logistique de la marine, encadrées par les experts en radioprotection de la base navale de Cherbourg. Ici, une succession de sas permet de contrôler l’activité radiologique de la victime (mesure initiale), puis de la déshabiller pour écarter toute contamination déposée sur les vêtements, de la doucher pour éliminer les particules radioactives pouvant s’être déposées sur la peau, et enfin d’effectuer un contrôle radiologique final. Si ce contrôle est positif, la victime suit à nouveau le parcours de décontamination. En cas de suspicion de contamination interne, le médecin prescrit des examens comme une anthroporadiométrie.
Les blessés dont le pronostic vital n’est pas engagé, dits en « urgence relative », sont adressés au poste d’accueil des blessés radio-contaminés (PABRC). Ils y sont décontaminés avant le traitement de leur pathologie par les équipes de la 133e antenne médicale de Cherbourg, renforcées par des soignants civils d’ORANO. La recherche de la contamination et l’estimation des doses reçues sont réalisées par le service de protection radiologique des armées (SPRA). Lorsque le pronostic vital est engagé, on parle d’« urgence absolue », la priorité est d’écarter le danger vital avant d’effectuer la décontamination. Les blessés sont donc directement acheminés vers les hôpitaux civils compétents de Cherbourg et de Saint-Lô, en étroite concertation avec le SAMU de la Manche.
Durant la première journée d’exercice, l’ensemble de ces acteurs s’entraîne à la prise en charge de plus de 30 personnes impliquées, dont trois urgences absolues et neuf urgences relatives.
Un dispositif interministériel
Pour maîtriser l’incendie, prendre en charge les blessés, procéder aux mesures de la radioactivité dans l’environnement et aux premières constatations juridiques, près de 500 militaires s’affairent en symbiose au sein de l’emprise militaire : ils proviennent de la base navale de Cherbourg, de la 133e antenne médicale, du groupe des plongeurs-démineurs de la Manche, du SPRA de Clamart en appui de la chaîne « santé » locale, de l’unité d’intervention spécialisée de la gendarmerie nationale de Versailles-Satory et des équipes spécialisées d’intervention du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) du Ripault. Ils sont soutenus par 53 sapeurs-pompiers du service départemental d’incendie et de secours (SDIS 50) de la Manche ainsi que le SAMU de Saint-Lô, venus en renfort.
Si les bases navales s’exercent fréquemment au niveau local, les exercices nationaux font intervenir les équipes des services publics, civils et militaires, au niveau national, et jusqu’aux hautes autorités.
À Saint-Lô, préfecture de la Manche, 40 personnes mobilisées au centre opérationnel départemental (COD) coordonnent l’action des services de l’État, des collectivités et des entreprises. Parmi ces entreprises, Naval Group, dont le site industriel est enclavé dans la base navale, procède à l’évacuation réelle de 300 membres de son personnel : dans le scénario, le vent dirigeait les fumées de l’incendie vers leur bâtiment.
Peu après midi, la préfecture prend la décision d’enclencher son plan particulier d’intervention (PPI) pour alerter et protéger la population. Les sirènes sont déclenchées jusqu’à la vallée de Quincampoix, et les 100 000 riverains et visiteurs, dans un rayon de 5 kilomètres autour de l’incendie, reçoivent sur leurs téléphones mobiles le message FR-alert, avec la mention « EXERCICE ». Les établissements scolaires, de la maternelle à l’enseignement du second degré, participent également ; ainsi, les 217 élèves du collège Cachin et leurs enseignants ont appliqué, pour les besoins de l’exercice, leur plan particulier de mise en sécurité et évacué l’établissement.
La mise à l’abri des populations permet aussi bien de limiter l’exposition aux fumées et particules dégagées par l’incendie que de désencombrer les voies de circulation, ce qui facilite l’accès des véhicules d’intervention et de secours.
Informer, rassurer, protéger
En milieu d’après-midi, l’équipe d’animation annonce que l’incendie est circonscrit et cesse de se propager. La partie n’est pas gagnée pour autant. Des experts du SDIS, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), de la Marine et du CEA réalisent des mesures radiologiques de terrain sur le domaine public ou militaire, et confrontent les données et leurs analyses. Leurs conclusions sont essentielles pour renseigner le directeur des opérations de secours sur l’état radiologique de la zone et délimiter une aire de contamination, appelée « plume ». À partir de cette dernière, les autorités peuvent s’assurer que les dispositions prises pour la protection des populations sont adaptées et pertinentes.
Au poste de commandement et de direction locale (PCD-L) du commandant de l’arrondissement maritime de la Manche et de la mer du Nord et au COD de la préfecture, les téléphones ne cessent de sonner. L’équipe d’animation ne ménage pas ses efforts pour simuler la pression médiatique : appels de journalistes, familles inquiètes, alimentation d’un réseau social fictif… autant de sollicitations qui exigent des réponses claires et lisibles. Les cellules d’information restent vigilantes et prêtes à réagir pour lutter contre la désinformation, ou prévenir tout mouvement de panique.
Quelques heures plus tard, le feu est déclaré éteint. Les sirènes se font à nouveau entendre dans tout Cherbourg, et les notifications FR-alert animent les écrans pour annoncer la fin de l’alerte. Du poste de commandement national, à Paris, au poste de contrôle avancé, au plus près du sinistre, toute la chaîne de décision et d’intervention prépare le retour à une situation normale : c’est le traitement post-accidentel. Les activités suivent leur cours à Cherbourg. Alors que les acteurs de l’exercice tirent un retour d’expérience des derniers événements, le sous-marin nucléaire d’attaque Émeraude vient s’accoster pour la dernière fois sur le quai d’accueil de digue du Homet.

110e anniversaire : la bataille de Diksmuide
Publié le 06/01/2025
Il y a 110 ans les fusiliers marins du contre-amiral Ronarc’h s’illustraient autour et dans la ville de Dixmude, en Belgique. Du 14 au 16 octobre, une centaine de marins lorientais a quitté les rives du Blavet et du Scorff pour celles de l’Yser, afin de leur rendre hommage. Cols bleus les a accompagnés et retrace l’histoire de cette bataille dont le nom est porté par un porte-hélicoptères amphibie et figure en lettres d’or sur le drapeau du 1er régiment de fusiliers marins.

Mardi 15 octobre 2024. C’est à l’aube, sous un ciel « si bas qu’il fait l’humilité » et « si gris qu’il faut lui pardonner »*, qu’une centaine de marins se rassemble sur la rive ouest de l’Yser, à la sortie de Nieuport en Belgique. Ils sont élèves à l’École des fusiliers marins, membres de l’équipage de la frégate de défense et d’intervention (FDI) Amiral Ronarc’h, du bataillon et de la compagnie de fusiliers marins de Morsier et Brière, de l’état-major et de la flottille de réserve maritime, de la Force maritime des fusiliers marins et commandos, ou encore de l’amicale nationale des fusiliers marins et commandos. Cette colonne qui se forme est rejointe par une quinzaine de fusiliers marins belges. Sous l’œil intrigué des promeneurs matinaux, tous empruntent le chemin de halage et remontent l’Yser, direction Dixmude ! Cette marche de 15 kilomètres est la première étape des commémorations de la bataille dont le nom figure en premier sur l’avers du drapeau du 1er régiment de fusiliers marins.
Les demoiselles de la Marine
Le 5 août 1914, quatre jours après la déclaration de guerre, il est décidé de renforcer la police de Paris avec des marins. Un premier bataillon en provenance de Brest arrive à Paris dès le 13 août, il est rapidement rejoint par ceux de Rochefort, Cherbourg et Lorient. Parmi ce dernier, figurent 700 apprentis fusiliers marins dont les plus jeunes âgés d’à peine seize ans et demi seront surnommés « les demoiselles de la Marine » par les Parisiens. Les marins sont répartis dans deux régiments tous constitués de trois bataillons de 1 000 hommes chacun. Le premier régiment est confié au capitaine de vaisseau Delage, le second au capitaine de vaisseau Varney. Cette brigade, commandée par le contre-amiral Pierre-Alexis Ronarc’h, est renforcée par une compagnie de mitrailleuses de 15 sections. En octobre, la protection de Paris n’est plus d’actualité. Les Allemands sont sur le point de bousculer les défenses belges dans les Flandres. La Brigade y est envoyée en renfort.

Baptême du feu
Le 7 octobre, sept trains quittent la région parisienne, direction Dunkerque puis Gand pour y débarquer la brigade. C’est à Melle, bourgade de la banlieue de Gand, que les fusiliers marins reçoivent leur baptême du feu du 9 au 11 octobre. Le 15, après une marche épuisante, ils atteignent Dixmude. Avec 5 000 soldats belges, les 6 500 marins doivent y stopper trois corps d’armée allemands (entre 45 000 et 60 000 hommes) appuyés par une forte artillerie, alors que celle des Belges et des Français est quasi inexistante. Il faut vite creuser autour de la ville un demi-cercle de retranchements dont les deux extrémités s’appuient sur l’Yser. La rive gauche est également fortifiée car elle abrite les réserves, l’artillerie, le poste de commandement. Les attaques commencent dès le 16 octobre, de jour comme de nuit, toujours précédées d’un bombardement intensif. Le 19 octobre les fusiliers marins reçoivent l’ordre de se sacrifier et de tenir coûte que coûte pendant au moins quatre jours. Les tranchées sont prises, perdues, reprises, les combats furieux. Les faits d’armes sont nombreux, comme, par exemple, celui du lieutenant de vaisseau Sérieyx qui, blessé et fait prisonnier, est utilisé par les Allemands comme bouclier humain lorsqu’ils attaquent. Il s’échappe et regagne les lignes en franchissant l’Yser à la nage. Autre exemple, le quartier-maître Le Bellé qui à bord d’un radeau atteint une écluse sous le feux allemand et réussi à la faire sauter pour noyer les positions ennemies. Il rejoint ensuite les lignes françaises en franchissant le fleuve en apnée.

Repli stratégique
Le 26 octobre, la brigade reçoit le renfort de 1 200 tirailleurs sénégalais, mais du 6 au 10 novembre l’ennemi intensifie ses tirs d’artillerie. L’assaut final du 10 novembre force les hommes de l’amiral Ronarc’h à évacuer la ville désormais en ruines. Ils se replient sur la rive gauche de l’Yser après avoir fait sauter les ponts. Ils devaient tenir quatre jours, ils auront tenu quatre semaines. Les Allemands sont bloqués sur la rive droite. Ils y seront cantonnés car les Belges ont ouvert les écluses de Nieuport permettant ainsi à la mer de noyer les lignes ennemies. À l’issue de la bataille plus de la moitié des hommes de la brigade sont hors de combat : tués, blessés ou disparus. C’est pour ce fait d’armes qu’en janvier 1915 le président de la République, Raymond Poincaré, remettra officiellement à la brigade son drapeau, dont la garde est depuis confiée à l’École des fusiliers marins.
Commémorations
C’est vers 11 heures, en ce 15 octobre 2024 que la colonne atteint Dixmude et plus précisément le site historique du « boyau de la Mort » où a été construit un musée dédié aux combats de l’Yser. L’après-midi, Français et Belges se retrouvent sur la « grand place » pour une cérémonie militaire, présidée par le capitaine de vaisseau Gaëtan Gayraud, commandant l’École des fusiliers marins, en présence de la bourgmestre de Dixmude, Lies Laridon, et du capitaine de vaisseau Joseph Bergez, directeur des services de logistique et de soutien de la Marine belge. Le son des bombardes et des cornemuses du bagad de Lann-Bihoué, convié pour cette célébration, résonne sur les façades des maisons aux pignons à gradins bordant la place. Après une ultime cérémonie au monument dédié à l’amiral Ronarc’h et ses hommes, le moment est venu de faire plus ample connaissance entre fusiliers marins français et belges, d’autant que les liens vont être prochainement renforcés. « La spécialité de fusiliers marins, supprimée au cours des années 90, a été recréée il y a deux ans, annonce le capitaine de corvette Johan Proot, commandant les fusiliers marins belges. Tout est à rebâtir. Notre ambition est d’atteindre l’effectif d’une compagnie en 2030 et d’un bataillon en 2040. Pour cela, nous nous appuyons sur nos alliés qui ont cette compétence et ce savoir-faire. Par exemple, en 2025, trois de nos jeunes engagés devraient intégrer le cours du brevet d’aptitude technique dispensé par l’École des fusiliers marins à Lorient. » Une pérennité dans la proximité entre marines belge et française qui ne fléchit pas depuis 110 ans.

Catapultage avant la qualification
Publié le 06/01/2025











Catapultage avant la qualification
Publié le 07/01/2025
Du 12 au 18 octobre, 16 pilotes ont participé à l’école de l’aviation embarquée (EAé) dans le but de se qualifier à l’appontage de jour comme de nuit. Sur le porte-avions Charles de Gaulle, des centaines de marins se démènent quotidiennement pour la réussite de cette étape primordiale dans la carrière d’un pilote de chasse du Groupe Aérien embarqué. Grâce à leur travail, chaque pilote peut se concentrer pleinement sur la mise en œuvre de son Rafale.

Du 12 au 18 octobre, 16 pilotes ont participé à l’école de l’aviation embarquée (EAé) dans le but de se qualifier à l’appontage de jour comme de nuit. Sur le porte-avions Charles de Gaulle, des centaines de marins se démènent quotidiennement pour la réussite de cette étape primordiale dans la carrière d’un pilote de chasse du Groupe Aérien embarqué. Grâce à leur travail, chaque pilote peut se concentrer pleinement sur la mise en œuvre de son Rafale.
Maîtrise des fonds marins : à quoi servent les missions Calliope ?
Publié le 06/01/2025
Mystérieux, hostiles, fascinants, les fonds marins demeurent méconnus mais suscitent l’intérêt des grandes puissances, devenant le théâtre d’une nouvelle compétition internationale. Depuis 2022, les missions Calliope participent à la montée en puissance des capacités de la Marine française en matière de maîtrise et d’intervention dans les fonds marins.

Au-delà de 1 000 mètres de profondeur, la lumière ne passe plus : il fait nuit noire. À la surface, le temps est clair et l’équipage du bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Jason procède aux dernières vérifications avant la plongée du ROV (remotely operated vehicle). La check-list avant la plongée permet de vérifier l’intégralité du système (centrale hydraulique, ROV, TMS 1, commande de contrôle, outils de positionnement et calibrage…), rien n’est laissé au hasard, la préparation de la plongée dure entre une à deux heures jusqu’à la mise à l’eau du robot. Plusieurs tonnes se balancent au bout du câble appelé électroporteur : l’opération est délicate. La TMS qui retient le ROV est bientôt submergée par les flots et s’enfonce lentement vers l’obscurité des abîmes. À bord du Jason, le pilote et le copilote suivent la progression sur leurs écrans.
Il s’agit de la deuxième mission Calliope mettant en œuvre ce type de ROV cette année. L’objectif est triple, en plus de l’intérêt opérationnel : poursuivre l’évolution du système, développer les compétences des équipages de la Marine et capitaliser sur les retours d’expérience de la mise en œuvre du ROV de TVO 2. Quarante mètres avant de toucher le fond, le pilote libère le ROV de sa TMS. Retenu par une « laisse » appelée Tether 3, le robot sous-marin continue son évolution vers une épave, posée sur le sable. Il inspecte la carcasse rouillée d’un pétrolier datant de 1969. « L’approche d’une épave est particulière parce que le ROV est filoguidé, et requiert donc une grande dextérité des pilotes. Si vous bloquez la laisse du véhicule, vous bloquez le robot à 2 000 mètres de profondeur et là, personne ne pourra l’y récupérer rapidement », explique l’enseigne de vaisseau (EV1) Romain, chef de détachement de la partie ROV au groupe d’intervention sous la mer (GISMER). Il poursuit : « La procédure d’urgence si on est pris sur une épave et qu’on ne peut pas se désengager, c’est d’occasionner une rupture de l’ombilical et laisser le ROV sur le fond pour libérer le bâtiment porteur qui se maintient en positionnement dynamique au-dessus de la cible à investiguer. Cela impliquera d’engager ultérieurement un autre moyen capable d’opérer à cette profondeur pour récupérer le ROV. »

À 3 000 mètres de profondeur, la pression est 300 fois supérieure à celle de la surface, rendant l’exploration sous-marine difficile. « Seulement 2 à 3 % des fonds marins sont cartographiés au mètre près, on connaît mieux l’environnement spatial que la mer », rappelle l’EV1 Romain. « C’est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé, et qui sait s’il ne finira pas par elle ! », proclamait le capitaine Nemo, dans l’oeuvre de Jules Verne. 154 années se sont écoulées depuis la publication de Vingt Mille Lieues sous les mers et le développement technologique a permis de surpasser certaines difficultés de cet environnement où les enjeux scientifiques, économiques et politiques sont nombreux. Les missions Calliope permettent la montée en puissance des capacités mises en oeuvre par la Marine en matière de maîtrise et d’intervention dans les fonds marins dont l’importance stratégique ne cesse de croître.

Baudroie : tir réel sur cible réelle
Publié le 17/12/2024
Le 14 décembre, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) a tiré une torpille F21 sur cible réelle : la coque de l’ancien navire Premier maître L’Her, préalablement dépolluée. Un tir qui confirme de nouvelles capacités pour les sous-marins de la Marine nationale.
Le tir a été mené avec une munition de combat, et non d’essai, une torpille F21 lourde capable de détruire les menaces de surface ou sous-marines. S’inscrivant dans la démarche Polaris, de préparation à la haute intensité, cette expérimentation a permis d’éprouver les capacités de cet armement de nouvelle génération. Conçue pour équiper les sous-marins nucléaires d’attaque des classes Rubis et Suffren, ainsi que les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, la torpille F21 représente une évolution dans l’armement de ces unités : niveau de discrétion, rayon d’action, vitesse de frappe et capacités de détection supérieurs aux armes précédentes.
Cette campagne, prévue dans la loi de programmation militaire, présente un intérêt majeur pour les forces. Elle s’approche en effet au plus près du réel, et apporte des enseignements humains et opérationnels sans précédents. BZ à nos marins !
La complexité et l’exigence de l’environnement dans lequel ont évolué les participants renforcent la pugnacité des équipages et nourrissent les réflexions tactiques sur la guerre de demain. La démarche Polaris s’inscrit dans ce sens, et permet la montée en puissance de la Marine dans ces domaines.
Journal de bord Clemenceau 25 #2
Publié le 07/01/2025

Suivez la mission grâce au talent d’une jeune second maître, de spécialité navigateur et timonier, embarquée sur l’une des frégates du groupe aéronaval (GAN) !




Les travailleurs de la mer
Publié le 08/01/2025
« La marée croît insensiblement d’abord, puis violemment. Arrivée aux rochers, la colère la prend, elle écume. » Le texte de Victor Hugo est ici amputé de sa virtuosité pour être réduit à quelques bulles de bandes-dessinées. Pourtant, la mise en page de l’album, léchée, est sublime, et le récit retrouve heureusement sa puissance dans les illustrations. Tout en hachures, le trait de l’artiste conserve à l’histoire tragique de Gilliat sa profondeur et sa gravité. Il entraîne le lecteur sur cette petite île de Guernesey, battue par le vent et assaillie par les marées, où la vie austère des habitants est rythmée par le travail et la mer. Hymne à la beauté effrayante des éléments et à l’humilité de l’homme face à eux, le chef d’œuvre de Victor Hugo est à (re) découvrir, dans cette interprétation inédite.

« La marée croît insensiblement d’abord, puis violemment. Arrivée aux rochers, la colère la prend, elle écume. » Le texte de Victor Hugo est ici amputé de sa virtuosité pour être réduit à quelques bulles de bandes-dessinées. Pourtant, la mise en page de l’album, léchée, est sublime, et le récit retrouve heureusement sa puissance dans les illustrations. Tout en hachures, le trait de l’artiste conserve à l’histoire tragique de Gilliat sa profondeur et sa gravité. Il entraîne le lecteur sur cette petite île de Guernesey, battue par le vent et assaillie par les marées, où la vie austère des habitants est rythmée par le travail et la mer. Hymne à la beauté effrayante des éléments et à l’humilité de l’homme face à eux, le chef d’œuvre de Victor Hugo est à (re) découvrir, dans cette interprétation inédite. C. C.
Les travailleurs de la mer, Michel Durand d’après le chef d’œuvre de Victor Hugo
Glénat, 152 p., 35 €.
Le Vendée Globe, 35 ans d’aventure
Publié le 08/01/2025
40 skippers se sont élancés le 10 novembre depuis les Sables-d’Olonne à l’assaut de « l’Everest des mers ». Le Vendée Globe est la plus grande course à la voile autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, elle a forgé sa légende sur les tempêtes des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants.

40 skippers se sont élancés le 10 novembre depuis les Sables-d’Olonne à l’assaut de « l’Everest des mers ». Le Vendée Globe est la plus grande course à la voile autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, elle a forgé sa légende sur les tempêtes des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants. Vagues de 15 mètres, rafales à 70 nœuds, icebergs, avaries en série, sauvetages inespérés, abandons, blessures, chaque édition est le théâtre d’exploits humains à l’issue plus ou moins heureuse. Didier Ravon signe un ouvrage précis et détaillé qui revient sur ces 35 ans d’aventure, l’occasion de mesurer les évolutions de la voile depuis 1989. Difficile de rester indifférent à cette course complètement folle, une fois plongé dans le récit passionnant de chaque édition.
Le Vendée Globe, 35 ans d’aventure, de Didier Ravon
Gallimard, 256 p., 35 €.