Exercice Skyshark : entraînement interalliés de haute intensité en Atlantique

Publié le 03/12/2024

Auteur : La rédaction

Du 26 au 29 novembre 2024, la division entraînement (DIVENT) de la Force d’action navale (FAN) a organisé une nouvelle édition de l’exercice Skyshark au large des côtes bretonnes permettant aux marines française, britannique, américaine, espagnole, et néerlandaise de s’entraîner au combat de haute intensité en condition réelle.

Cet entraînement tactique avancé a préparé les unités de la Marine nationale engagées, à mener des opérations de combat dans la perspective d’un affrontement entre puissances. Qu’elles soient de surface, sous-marines ou aériennes, les menaces présentes au cours de l’exercice ont reproduit celles auxquelles les unités pourraient être confrontées dans un affrontement de haute intensité.

Afin de renforcer l’interopérabilité avec nos alliés, plusieurs nations ont intégré leurs forces à Skyshark. LaRoyal Navy a mis à contribution un destroyer, le HMS Dauntless dans le cadre de la force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF). Le croiseur HNLSM De Ruyter et un hélicoptère Caïman, tous deux néerlandais, un P8 américain ainsi que la frégate furtive espagnole ESPS Alvaro de Bazanont également participé.

La Marine a, quant à elle, déployé la frégate multi-missions Aquitaine, le patrouilleur de haute mer Enseigne de vaisseauJacoubet, un sous-marin nucléaire d’attaque ainsi qu’un hélicoptèreCaïman Marine de la Flottille 33F. En tant que soutien aux bâtiments participant à l’exercice Skyshark, le bâtiment de commandement et ravitaillement Somme a réalisé un ravitaillement à la mer (RAM) qualifiant pour le HMS Dauntless et un RAM opérationnel en délivrant 210 m3 de gasoil pour le ESPS Alvaro de Bazan.

Le succès de l’exercice s’est illustré par la capacité des marins, français et alliés, à faire preuve de coordination et de réactivité tactique face à des situations éprouvantes.

La réalité augmentée entre en action à bord des bâtiments de la Marine nationale

Publié le 04/12/2024

Auteur : La Rédaction

Depuis le 10 novembre 2024, la flottille de perfectionnement du surfacier de Toulon (FPS Toulon) conduit une expérimentation innovante à bord de bâtiments de la Force d’action navale en lien avec leurs homologues de la FPS Brest.

Cette initiative a pour ambition :

  • d’apporter une sécurité additionnelle dans l’exploitation ou la maintenance des installations

  • d’accélérer l’apprentissage des équipages, en réduisant les erreurs

  • d’augmenter l’autonomie des marins à la mer

Cette expérimentation qui sera menée jusqu’à l’été 2025 à bord de bâtiments de la FAN à Brest et Toulon repose sur l’utilisation de lunettes de réalité augmentée permettant d’assister les équipages dans l’exécution de tâches même complexes.

Grâce à des instructions visuelles projetées en temps réel, les marins bénéficient d’une aide précise et intuitive, réduisant les risques d’erreur et accélérant leur apprentissage.

Cette technologie, en phase de test, vise à moderniser les pratiques à bord, notamment en conduite des installations, en maintenance et en gestion des situations d’urgence, mais aussi en matière de formation. Selon les résultats de l’expérimentation, elle a vocation à terme, à être généralisée au sein de la force de surface.

La FAN marque ainsi son engagement résolu dans l’innovation, au service des marins de combat.

L’École d’application des officiers de Marine reçoit la flamme de guerre de la prochaine mission Jeanne d’Arc

Publié le 04/12/2024

Auteur : La rédaction

Le 28 novembre 2024, après le coucher du soleil, la place d’armes de l’École navale s’active. Une cérémonie se met en place, celle de la constitution de la promotion de l’École d’application des officier de Marine (EAOM) 2025.

Cette cérémonie acte officiellement et de façon symbolique la création de la promotion EAOM 2025, fusion visant à créer une ambiance d’entraide et de camaraderie au sein de la promotion pendant la mission Jeanne d’Arc 2025 et à initier un réseau de coopération professionnelle entre ses membres tout au long de leur carrière.

La flamme de guerre, un symbole fort

Durant cette cérémonie, présidée par le commandant de l’École navale, le vice-amiral Laurent Hemmer, le commandant de la mission Jeanne d’Arc 2025 a reçu la flamme de guerre de tradition du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc.

Cette flamme se transmet de promotion en promotion depuis 2012, liant ainsi les différentes générations. C’est donc avec émotion que ses 65 mètres ont été déroulés dans les mains de la nouvelle génération prête à prendre la mer.

 

Attendue avec une certaine impatience, la mission Jeanne d’Arc marque l’aboutissement des trois ans de formation des officiers-élèves. Ce premier embarquement de 5 mois, qui les conduira loin, longtemps et en équipage, leur permettra d’approfondir de façon pratique et dans un contexte opérationnel leurs connaissances en navigation, en opérations et en commandement.

 

[#LeSaviezVous] La flamme de guerre

En France, la flamme de guerre est l’héritage d’un navire de guerre. C’est un pavillon tricolore long et étroit, hissé en tête du mât le plus haut. Elle est toujours formée des trois couleurs comme suit : un cinquième bleu, un cinquième blanc et trois cinquièmes rouges. Sa taille dépend du nombre des nautiques parcourus (1 nautique = 1 852 mètres) ainsi que du temps de déploiement en opération. En effet, un bateau de guerre en opération depuis plus de cinq mois allonge sa flamme d'un mètre par mois supplémentaire passé en campagne loin de la France. Ainsi, le croiseur Georges Leygues, parti pour Dakar le 9 septembre 1940 et rentré à Toulon le 13 septembre 1944, arborait une flamme de guerre de 60 mètres !
 
Lors du désarmement de son bâtiment, la flamme de guerre est transmise au prochain navire portant le même nom ou à un bâtiment dont le service est de même nature. C’est ainsi qu’en juillet 2010, la flamme de guerre de 60 mètres de long de la Jeanne d'Arc a été remise au Tonnerre qui reprend la mission de formation des Officiers de Marine. Il est parfois offert une flamme de guerre usagée (devenue inutilisable dans la mâture) à un officier marinier supérieur à la carrière particulièrement bien remplie prenant sa retraite en témoignage de satisfaction, ou bien à un commandant très apprécié quittant ses fonctions. C'est une marque honorifique particulièrement estimée.

L'équipage d'armement du Jacques Stosskopf

Publié le 05/12/2024

Auteur : La rédaction

Championnat du monde d’Ironman à Hawaï : un marin se hisse à la troisième place de sa catégorie chez les Français

Publié le 18/11/2024

Auteur : La rédaction

Le 26 octobre, le premier maître Kévin a réalisé une très belle performance à l’Ironman de Kailua-Kona à Hawaii. Neuf heures et trente-trois minutes. Il peut être fier de lui. Ce temps lui permet de se classer troisième Français de sa catégorie, 44ème Français toutes catégories confondues, ce qui le hisse à la 360e place sur plus de 3 000 participants. 3,8 km de nage, 180 km de vélo suivi d’un marathon (42 km) font de ce triathlon l’une des compétitions les plus longues et les plus élitistes de la discipline. Il nous en fait le récit, heure par heure.

« Le 20 août 2023, lors d’une des 42 épreuves qualificatives d’Ironman pour le Championnat du monde à Kona Hawaii, je décroche à Vichy ce fameux sésame qu’on appelle « slot ». Mon feu vert pour participer à la fête du triathlon mondiale qui aura lieu le 26 octobre 2024.

Après plus d’un an d’attente, de préparation logistique et sportive, le jour J est enfin arrivé. La préparation s’est réellement faite 12 semaines avant l’échéance avec de belles sorties vélo et courses à pied, mais sans un gros volume hebdomadaire (12 à 13 heures en moyenne).

2 500 athlètes, dont 158 Français, seront au départ de cette édition 2024. Le départ se déroulera par vague en fonction des catégories. À 7h10 heure locale, je ferai partie de la vague numéro 7 dans la catégorie 40/44 ans.

J’arrive à 5h30, sans stress. La zone de départ est déjà noire de monde, cela me permet de tout vérifier une dernière fois, mettre mon ravitaillement, gonfler mes pneus, et une nouvelle fois mentaliser mon emplacement lors des transitions. À quelques minutes du départ, le moral est bon : ne pas se mettre la pression et profiter de chaque instant, l’ambiance est exceptionnelle. Mon objectif avec cette chaleur est de passer sous la barre des 10 heures, faire moins de 1h15 en natation, entre 5h et 5h10 en vélo et le marathon en moins de 3h30.

7h10, départ de la natation. C’est la cohue, la tension se fait ressentir, il faut néanmoins rester concentré pour ne pas faire monter les pulsations, surtout que la natation se réalise sans combinaison. L’eau à 27 degrés est magnifique, cela va être dur après ça de retourner nager en Bretagne. La natation est mon point faible ; l’objectif est de sortir le plus frais possible pour bien enchaîner à vélo. 1h08 soit 1mn48 au 100 mètres, fin de la première partie, je sors 184e de ma catégorie et 1076e au général. Une transition en cinq minutes et c’est parti pour 180 kilomètres de vélo.

Un parcours avec 1 500 mètres de dénivelé positif et un vent très fort sur le retour. Les jambes et le cardio sont bons, je passe la bosse de dix kilomètres qui mène à Hawi à mi-parcours, pile dans la zone voulue, sans être fatigué. C’est maintenant que tout se joue, 90 kilomètres heure de vent de face. Je rattrape des groupes entiers qui ont laissé trop de force lors de la première partie. Je termine le vélo largement en avance par rapport à l’objectif fixé, en 4h49, soit une vitesse moyenne de 37,3 kilomètres par heure. J’arrive avec le 39e temps de ma catégorie et 296e au général.

 

La seconde transition se passe bien, les bénévoles sont aux petits soins, boissons fraîches, linges humides sur la nuque, etc. Arrive maintenant la partie fatidique, le marathon que je vais débuter à 13h20, une des heures les plus chaudes de la journée. Le moral et les jambes sont vraiment au top, j’ai à ce moment là, 20 minutes d’avance sur l’objectif que je m’étais fixé avant la course. Baskets aux pieds, les premiers kilomètres se font sur Ali’i Drive où tous les spectateurs sont réunis. C’est la folie mais il ne faut pas s’enflammer, la route est encore très longue et tout peut se terminer sur le marathon en quelques minutes si la gestion est mauvaise. Les 15 premiers se déroulent vraiment bien, je pars sûrement trop vite (4’20 au km) mais même en essayant de me canaliser, les jambes répondent et le cardio est dans la bonne zone. Je me dis alors que je suis certainement dans un jour exceptionnel !

Cependant, à partir du 15e km sur la longue route Queen K qui mène à l’aéroport, la température ressentie n’est plus du tout la même, c’est un gouffre de chaleur. Je dois obligatoirement ralentir et prendre plus de temps à chaque ravitaillement pour faire baisser ma température corporelle grâce aux glaçons. Je passe le semi en 1h36, je suis largement dans les temps mais je sais qu’il faudra se battre jusqu’ à la ligne d’arrivée. C’est maintenant que tout l’entraînement en amont sert, c’est au mental de prendre le relais. Je m’interdis de marcher car j’ai déjà vécu ça. Si tu commences à marcher tu ne repars plus. Je vois des tas de concurrents marcher, je me dis qu’au final, je suis encore bien par rapport à eux. Chaque ravitaillement tous les deux kilomètres est crucial. L’allure diminue mais je suis toujours dans le match. 40e km, je passe la dernière difficulté du circuit, plus rien ne peut m’arriver… Il reste 2 km pour redescendre dans Kona centre et profiter de chaque foulée, c’est magique ! Je finis ce marathon en 3h23.

9h33 après mon départ, je termine ce championnat du monde 46e de ma catégorie (3e français) et 353e au général. Une course unique dans un endroit de rêve, le championnat du monde d’Ironman à Hawaii, le mythe je l’ai réalisé ! Anything is possible ! »

Retrouvailles à bord du porte-avions Charles de Gaulle

Publié le 03/12/2024

Auteur : EV1 Margaux Bronnec

La Marine, une histoire de famille ? C’est le cas pour le maître principal Stéphane et son fils, le second maître Théo. Tous deux marins de l’aéronautique navale, ils se sont retrouvés à bord du porte-avions Charles de Gaulle lors de l’école de l’aviation embarqué (EAé) et seront à nouveau réunis lors de la prochaine mission Clémenceau 25. L’occasion pour Cols bleus de tirer un portrait de famille.

L’un est rentré dans la Marine il y a deux ans, l’autre 30 ans auparavant. Originaire d’une petite ville proche de Lorient, le maître principal Stéphane voyait depuis sa plus tendre enfance des avions survoler sa maison. Pour « relier ses deux passions, le voyage et l’aéronautique », s’engager dans la Marine était une évidence pour lui. Après un brevet d’études professionnelles en mécanique et un baccalauréat professionnel en partenariat avec la Marine, il rejoint Querqueville comme matelot mécanicien d’aéronautique navale (MECAE). Cette spécialité est aujourd’hui remplacée par celle de porteur. Après un passage aux ateliers de la base aéronavale de Saint-Mandrier, il rejoint celle de Lann-Bihoué en 1998. En 2001, il monte sur le porte-avions Charles de Gaulle : « Ce bateau m’a tout de suite plu. » Afin de poursuivre l’aventure embarquée, le maître principal intègre la flottille 4F, où il passe la majeure partie de sa carrière. Patron de dépannage, il planifie les diverses réparations curatives et préventives de l’avion de guet aérien Hawkeye. Lorsqu’il embarque, une contrainte s’ajoute, « nous devons nous coordonner avec les autres flottilles (Rafale et hélicoptères, NDLR), les marins du pont d’envol hangar, et le bureau technique aviation (BTA) pour garantir la disponibilité des aéronefs ». Un quotidien rythmé par les missions et les retours à la maison auprès de ses trois jeunes garçons.

Bercé par les récits de marins et les photos de voyages, le second maître Théo décide de suivre la même voie que son père en 2022. « Je n’ai pas forcé mes enfants à intégrer la Marine, il faut que cela vienne d’eux car cela reste une vocation », explique le maître principal, « mais je sentais qu’il y rentrerait, il m’a toujours posé beaucoup de questions sur mon métier, il était très curieux ». « Il m’a transmis sa passion », ajoute le second-maître.

Après un baccalauréat professionnel en partenariat avec la Marine puis une préparation militaire Marine, le jeune homme de 20 ans rejoint l’aventure en intégrant l’École de maistrance. Il passe ensuite le brevet d’aptitude technique porteur. Depuis un an, il est affecté à l’atelier oxygène de la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué. « Je suis en renfort sur le Hawkeye, pour remplir et tester les bouteilles d’oxygènes positionnées dans le nez de l’avion, qui peuvent servir au pilote pendant un vol ». L’entretien de ce matériel doit être effectué quotidiennement car les bouteilles d’oxygène perdent jusqu’à un litre par jour.

L’école de l’aviation embarquée constitue la première expérience en mer du second maître : « Je n’ai connu le bateau qu’à travers un téléphone, via des photos et vidéos, mais c’est plus parlant aujourd’hui ». A bord, il prend l’habitude d’entendre la sempiternelle petite question : « Ton nom, je le connais, tu es le fils du maître principal Stéphane ? » Dès le premier jour, les marins du porte-avions font en effet le rapprochement entre le père et le fils. Au fond du hangar, seul dans son atelier et détaché à bord du Charles pour la mission, le maître principal est un allié pour comprendre le fonctionnement du navire, «  il est un grand soutien à bord », confirme Théo. Pour la première affectation de son fils, le père a souhaité être là pour l’accompagner et lui expliquer la vie embarquée. 30 ans les séparent mais une grande complicité les unit. Dans le regard du père, on peut lire la fierté de voir son fils suivre ses pas.

Arnaud de La Grange, auteur de La Promesse du large (Gallimard)

Publié le 06/12/2024

Auteur : La rédaction

Lauréat du prix Encre Marine 2024, qui lui a été remis le 22 novembre dernier à Toulon par le préfet maritime de la Méditerranée, le vice-amiral d’escadre Christophe Lucas, Arnaud de La Grange raconte à Cols bleus comment est née ce roman d’apprentissage

La promesse du large d’Arnaud de la Grange

Publié le 06/12/2024

Auteur : Nathalie Six

C’est l’histoire d’un orphelin, Aidan, qui tourne le dos à la mer en même temps qu’à sa douleur. Le terreux, comme on l’appelle dans son village irlandais, en veut à la terre entière ; à ses parents, morts noyés, de l’avoir abandonné, à ses grands-parents, qui ne comprennent pas la forme qu’adopte sa peine. Une blessure telle qu’il ne peut même pas regarder un tableau de Turner, intitulé Naufrage, sans se sentir défaillir.

C’est l’histoire d’un orphelin, Aidan, qui tourne le dos à la mer en même temps qu’à sa douleur. Le terreux, comme on l’appelle dans son village irlandais, en veut à la terre entière ; à ses parents, morts noyés, de l’avoir abandonné, à ses grands-parents, qui ne comprennent pas la forme qu’adopte sa peine. Une blessure telle qu’il ne peut même pas regarder un tableau de Turner, intitulé Naufrage, sans se sentir défaillir.

A 26 ans, il décide enfin d’affronter la vérité : à la faveur d’un reportage sur le sauvetage en mer à Locmaricq, le village dont est originaire sa mère en Bretagne, il quitte Londres direction ce bout du monde breton. La mort de ses parents est nimbée d’un halo de mystère. Accident ou suicide ? Il va interroger les acteurs du passé qui vivent encore à Locmaricq. A commencer par René Le Calc’h, président bourru et sympathique de la station de la Société nationale de sauvetage en mer, et son fils, l’ombrageux Fanch. Au détour d’une visite au cimetière, il fera la rencontre de la passeuse de lumière, Manon, une restauratrice de vitraux.

« L’homme ne maîtrise rien, sauf la liberté de ne pas céder à son appel », écrit Arnaud de La Grange à propos de l’océan, qui, en navigateur averti, expérimente régulièrement la grande bleue. Son style adopte d’ailleurs le rythme d’une marée, montante et descendante. Rapide et sec, il vise juste, tout en économie de mots, un style très journalistique qui privilégie l’information ; puis, il ondule , s’étire, traîne en longueur et se fait poète. C’est le cas lorsqu’ Aidan navigue. Roman d’apprentissage, roman’quête, La Promesse du large est aussi une magnifique déclaration d’amour à la mer, ce lieu qui ne ment pas.

La promesse du large

Gallimard, 224 p., 20.00€.

Récit graphique : Le Vigilant de Titwane et Raynal Pellicer

Publié le 24/10/2024

Auteur : Nathalie Six

Ils sont connus et respectés comme le loup blanc. Après la brigade de répression du banditisme, la brigade criminelle et la brigade de protection des mineurs pour lesquels ils ont reçu, entre autres, le 24e prix France Info de la bande dessinée d’actualité et de reportage, Titwane armé de son crayon et de son pinceau, et Raynal Pellicer, bardé de son dictaphone, ont investi le territoire marin. En 2020, ils ont croqué le porte-avions Charles de Gaulle ; cette année c’est au tour du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Vigilant d’affronter leur regard acéré. Une immersion plus vraie que nature de toute beauté, par les lauréats 2024 des Galons de la BD.

Cols bleus : Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur un sous-marin ?

Raynal Pellicer : Après notre livre sur le Charles de Gaulle, nous cherchions une autre idée d’immersion, toujours un lieu interdit au public. Après la démesure d’une ville sur l’océan, nous voulions l’exact opposé : relater un huis-clos dans une boîte noire sous l’eau. Nous avons envoyé un courrier au SIRPA Marine (service d’information et de relations publiques de la Marine) puis à la FOST (force océanique stratégique) et après plusieurs mois d’attente – il faut être patient avec la Marine! (rires) – nous avons reçu l’autorisation de monter à bord d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Le graal!

C. B. : Quelles sont les règles auxquelles vous avez dû vous conformer ?

R. P. : Il y avait deux conditions à notre embarquement : que nous gardions confidentielle la date, et que le nom du SNLE soit dévoilé au dernier moment. À bord, j’ai pu emmener un appareil photo (essentiel pour le travail de Titwane qui ne m’a pas accompagné), un enregistreur numérique, un disque dur et un ordinateur. Mais j’ai dû laisser mon téléphone à Brest.

C. B. : Titwane, n’est-ce pas trop frustrant de ne pas vivre l’aventure en binôme ?

Titwane : J’accompagne rarement Raynal sur le terrain. C’est notre manière de fonctionner, je dessine tout à partir de ses photos. Cela me permet de garder une distance et de conserver un regard neutre sur le sujet. Raynal a tendance à s’intégrer « trop » vite (rires), au point qu’il finit par acquérir le jargon des personnes qu’il côtoie. Je suis aussi son premier lecteur.

C. B. : Est-ce compliqué de dessiner des gens que vous ne connaissez pas ?

T. : Il est assez difficile de dessiner quelqu’un sans connaître sa démarche ni sa voix. J’imagine les gens et parfois j’ai de grosses surprises. Pour un précédent livre sur la Brigade criminelle, je me souviens d’un inspecteur de police à la carrure impressionnante qui avait en réalité une voix très douce. Cela m’a surpris lorsqu’il est venu me voir en dédicace.

C. B. : Quelle est votre méthode de travail ?

T. : Raynal fait toujours les choses parfaitement. Une fois revenu à terre, il a sélectionné et classé les photos qu’il a prises durant son embarquement. Dès que je dessine une page, je la lui envoie. J’ai mis sept mois pour ce livre, à un rythme très soutenu; je n’avais pas le choix, si nous voulions sortir le livre le 26 septembre.

C. B. : Qu’avez-vous voulu raconter ?

R. P. : Nous faisons du récit graphique avec beaucoup de verbatim. C’est un travail de reportage : nous le construisons en fonction de ce que nous voulons montrer. Le choix de tel ou tel membre d’équipage répond à cette volonté d’expliquer les missions d’un SNLE et sa vie à bord. Le livre est très utile aux marins eux-mêmes qui ont parfois du mal à restituer ce qu’ils ont vécu à leur famille et amis.

C. B. : Raynal, quel a été votre pire moment dans le sous-marin ?

R. P. : Bizarrement, le premier soir ! J’ai ressenti un moment de détresse face aux conversations très techniques des sous-mariniers. Ils sont en général mécaniciens, ingénieurs ou de spécialité nucléaire, tout un monde dans lequel je suis un béotien. Ma crainte de ne pas comprendre s’est avérée infondée.

C. B. : Et le meilleur moment ?

R. P. : Quand le commandant m’a invité à regarder dans le périscope. Une expérience d’initié !

 

Le Vigilant, texte de Raynal Pelliceret et dessins de Titwane

Éditions de La Martinière, 192 p., 26,50€

Plongée imminente au coeur du SNLE Le Vigilant

Journal de bord Clemenceau 25 #1

Publié le 06/12/2024

Auteur : Nautilustres

Suivez la mission grâce au talent d’une jeune second maître, de spécialité navigateur et timonier, embarquée sur l’une des frégates du groupe aéronaval (GAN) !

« Cher journal, après deux ans de "sous-marinade", me voilà embarquée sur FREMM pour ma première mission en surface ! Et pas des moindres, puisqu'il s'agit du déploiement du GAN pour Clémenceau 25. Il me tarde d'apprendre mon métier de NAVIT et de découvrir de nouveaux horizons... ce qui ne devrait pas manquer au cours des prochains mois ! »