Wildfire : entraînement dédié à la lutte anti-drones

Publié le 17/10/2024

Auteur : La rédaction

Du 23 au 26 septembre 2024, la division entraînement de la Force d’action navale (FAN) a organisé au large de Toulon une nouvelle édition de l’exercice Wildfire.

Un navire à l'horizon

Cet entraînement avancé, dédié à la lutte anti-drones (LAD)aériens, de surface, semi-immergés et sous-marins, avait pour objectif de préparer les unités qui seront prochainement déployées, à lutter contre ces menaces auxquelles elles se retrouveront potentiellement confrontées en opération.

De nombreuses unités de la FAN, mais aussi de l’aéronautique navale ont participé à l’exercice.

-        La frégate de défense aérienne (FDA) Forbin

-        La frégate multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée (FREMM DA) Lorraine

-        La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc

-        La frégate de type La Fayette (FLF) Guépratte

-        Des moyens de débarquement amphibie de la flottille amphibie

-        Deux hélicoptères Caïman Marine de la Flottille 31F

-        Deux Rafale Marine

-        Un avion de patrouille maritime Atlantique II

Le 1er régiment étranger de cavalerie (REC) a embarqué également durant Wildfire avec la présence d'un engin blindé de reconnaissance et de combat (ERBC) Jaguar embarqué sur l'EDAR.

Les bâtiments et les aéronefs ont dû faire face, de jour et de nuit, à des assauts répétés de drones isolés ou d’essaims de drones, mis en œuvre depuis le Rebel et l’île du Levant, site en Méditerranée de « DGA Essais de missiles ». Les entraînements Wildfire  sont des catalyseurs d’innovations tactique et technique : ils exigent des marins de faire preuve d’innovation tactique en allant « jusqu’au bout du geste » aux côtés de partenaires industriels mettant en œuvre de nouveaux équipements pour détruire réellement les menaces.

Cet exercice a ainsi permis d’éprouver la capacité de lutte multi-domaines dans un contexte des plus réalistes. La mise en œuvre de différentes tactiques et de nombreux équipements de lutte anti-drone permettent d’engranger du retour d’expérience qui sera ensuite exploité par le centre d’expertise de la Force d’action navale (CENTEX FAN).

Cet exercice a été l’occasion pour la FAN de tester de nouvelles technologies prometteuses et d’identifier des systèmes qui contribueront dès les prochains déploiements à renforcer les moyens de détection et de destruction de drones.

L’ambition de la FAN est de reconduire annuellement cet exercice innovant sur chacune des façades maritimes afin d’inscrire cet évènement comme un exercice majeur dans la réflexion tactique et le test de nouveaux équipements sur un large spectre de cibles.

Mer Noire – Un Atlantique 2 engagé dans des missions de surveillance maritime

Publié le

Auteur : La rédaction

Mer Noire – Un Atlantique 2 engagé dans des missions de surveillance maritime
@ EMA

Depuis le 9 juin 2022, l’Atlantique 2 (ATL2) de la flottille 23F et son équipage sont déployés sur la base aérienne de Chania en Crète. L’ATL2 mène régulièrement des missions de surveillance maritime en Méditerranée et en mer Noire, sous commandement national ou de l’OTAN.

Le 13 juillet, l’équipage de l’ATL 2 a conduit une mission de surveillance en mer Noire sous le commandement de l’OTAN. La mission consistait à patrouiller au-dessus des eaux territoriales bulgares et roumaines pour y détecter d’éventuelles mines à la dérive, et ainsi contribuer, en lien avec les marines alliées, à sécuriser la navigation en mer Noire.

L’équipage et l’équipe technique, informés la veille de la tenue de la mission, se sont retrouvés quelques heures avant le décollage afin de procéder à la préparation de l’aéronef et au briefing : météo, trajet, densité du trafic aérien sur zone et occupation des zones particulières aéronautiques ont été soigneusement analysés.

Après plusieurs heures de transit pour rejoindre la zone d’opération et une prise de liaison avec les contrôles bulgare et roumain, l’aéronef est descendu à très basse altitude et a débuté sa recherche. L’ATL2, à l’aide de son radar, de sa caméra infrarouge et grâce à ses observateurs, a alors quadrillé avec précision les eaux territoriales roumaines et bulgares entre 100 pieds et 1 000 pieds d’altitude n’hésitant pas à se dérouter sur tout écho radar non reconnu ou tout objet découvert visuellement et non identifié. A l’issue de plusieurs heures de vol, les marins du ciel sont revenus se poser à La Sude.

Polyvalent et doté d’un long rayon d’action lui permettant de patrouiller dans la durée ainsi que d’une expertise dans la recherche de petits échos de surface, l’ATL2 est particulièrement adapté à cette mission.

 

Mer Noire – Un Atlantique 2 engagé dans des missions de surveillance maritime

Un nouveau commandant 
pour la frégate de surveillance Nivôse

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Auteur : La rédaction

Un nouveau commandant 
pour la frégate de surveillance Nivôse
@ © MN

Ce jeudi 21 juillet 2022, le général de brigade Laurent Cluzel, commandant supérieur des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI), a fait reconnaître le capitaine de frégate Guillaume Bléhaut comme nouveau commandant de la frégate de surveillance Nivôse, qui succède ainsi au capitaine de frégate Xavier Danguy des Déserts.

 

Le commandement du capitaine de frégate des Déserts a notamment été marqué par un arrêt technique majeur de plus de trois mois à Port-Louis (Maurice) durant lequel l’équipage du Nivôse s’est particulièrement investi pour redonner du potentiel au bâtiment, tant sur l’usine de production électrique que dans le renouvellement de la chaîne de restauration. En plus de nombreux autres travaux de maintenance, une vérification et un renforcement des structures a également été mené.

Le Nivôse a ensuite repris un cycle opérationnel classique dans le sud de l’océan Indien avec une patrouille dans les Terres australes et dans le canal du Mozambique. Il a par ailleurs pris part à l’exercice régional Papangue durant lequel il commandait la composante maritime avant d’intégrer le groupe Jeanne d’Arc de formation des officiers-élèves.

 

Entré à l’École navale en 2005, le capitaine de frégate Guillaume Bléhaut est spécialisé dans le domaine des systèmes d’information et de communication (SIC).

Il effectue déjà sa première affectation à La Réunion, en 2008, à bord du patrouilleur P400 La Rieuse, comme officier opérations puis commandant en second avant d’être nommé chef de service SIC (transmissions) de la frégate de type La Fayette Courbet avec laquelle il participe notamment à l’opération HARMATTAN, au large de la Libye.

Il commande en 2012 le bâtiment-école Lion puis devient chef de service SIC et officier de quart opérations sur la frégate de défense aérienne Forbin entre 2012 et 2016. Instructeur au sein de l’Ecole d’Application des Officiers de Marine, il participe à trois missions Jeanne d’Arc avant d’être breveté de l’École de Guerre en 2020.

Il arrive aujourd’hui du pôle Plans-Programme de l’état-major de la Marine où il était notamment chargé de la revue de cohérence capacitaire de connectivité aéromaritime.

 

Admis au service actif en 1992, le Nivôse est le second d’une série de six frégates. Armé par 84 marins, il a pour principales missions la surveillance des espaces maritimes sous souveraineté française de l’océan Indien (La Réunion, Mayotte, les Terres australes et antarctiques françaises) et la lutte contre les activités illicites en mer (trafic de stupéfiants, pêche illégale…). Basé au Port-des-Galets, sur la côte ouest de La Réunion, le Nivôse mesure 93.5 mètres de long pour une largeur de 14 mètres et un déplacement de 2 600 tonnes.

Sa ville marraine est Saint-Pierre (974).

Un nouveau commandant 
pour la frégate de surveillance Nivôse
Un nouveau commandant 
pour la frégate de surveillance Nivôse

Vice-amiral Lionel Mathieu : « J’attends de mes marins-pompiers rigueur, passion et esprit d’équipage »

Publié le 05/11/2024

Auteur : Nathalie Six

Nommé commandant du bataillon de marins-pompiers de Marseille le 1er juillet 2022, le vice-amiral Lionel Mathieu est aussi commandant de l’École des marins-pompiers de la Marine et de la Marine à Marseille. Spécialiste de la maintenance aéronautique, il est diplômé de Sup’Aéro. Il a, entre autres, commandé la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons puis, pendant la préparation de la Loi de programmation militaire 2019-2025, il a dirigé le bureau « maintien en condition opérationnelle » de l’état-major des armées (EMA). Toujours au sein de l’EMA, il a supervisé la division « soutien de l’activité » avant de rejoindre les marins-pompiers de Marseille.

Prise de commandement du vice-amiral Mathieu

Cols bleus : Amiral, quelle était votre feuille de route à votre arrivée ?

Vice-Amiral Lionel Mathieu : J’ai trois objectifs : d’abord maintenir le haut niveau d’excellence opérationnelle de l’unité, grâce à l’entraînement, à la reconstitution d’un socle organique solide (dont les fonctions de soutien) en valorisant notre expertise portuaire et maritime. Deuxièmement, ancrer l’humain au cœur du Bataillon par une politique de recrutement active, la fidélisation du personnel au travers d’une gestion personnalisée et l’amélioration des conditions de travail et de vie des marins-pompiers et de leurs familles. Troisièmement, s’adapter à l’évolution des risques et des technologies par la recherche et l’innovation, qu’il s’agisse de faire face au dérèglement climatique ou au durcissement du monde.

C. B. : Quel est l’enjeu du point de vue des ressources humaines ?

VA. L. M. : L’enjeu est double. En interne, nous devons fidéliser les marins-pompiers et, en externe, attirer des jeunes recrues. Le quotidien est très intense, avec des missions opérationnelles nombreuses et diversifiées. Marseille est le premier port de France et deuxième de la Méditerranée, et la deuxième ville française. Nos jeunes marins-pompiers doivent être motivés et représentatifs de la société. Nous recherchons aussi du personnel de santé (40 médecins actuellement), des techniciens, des spécialistes des télécommunications, des logisticiens ou encore des commissaires. Avec nos 2 600 marins, nous sommes quasiment à la taille d’une force, et contrairement à un navire comme le porte-avions qui concentre 1 200 marins sur quelques milliers de mètres carrés, notre unité se répartit sur 28 sites et plus de 250 km2. Un défi supplémentaire.

C. B. : Quelle sont les spécificités du métier de marin-pompier ?

VA. L. M. : La complexité et l’exigence mais surtout la richesse d’un métier au service des autres. Être marin-pompier répond souvent à une vocation. à chaque intervention, des vies sont en jeu. Il nous faut rester à un niveau d’excellence 24h/24h tous les jours de l’année. Cela ne se décrète pas mais nécessite de nombreux efforts et de l’engagement au service de l’action collective. J’attends de mes marins de la rigueur, de la passion et de l’esprit d’équipage.

C. B. : Le BMPM est 100 % pompier de Marseille et 100 % Marine nationale. Comment cette double appartenance se traduit-elle ?

VA. L. M. : Le BMPM détient une double compétence de marin et de pompier. Il est en charge de la préparation opérationnelle de la capacité nationale de renfort pour les sinistres de navires (CAPINAV), créée fin 2016 au profit des préfets maritimes pour les sinistres en mer, ou des préfets de département pour les navires à quai. à ce titre, le Bataillon peut être employé en opération de contre- terrorisme maritime.

Rattaché au commandant de l’arrondissement maritime de Toulon, le BMPM reste une unité militaire, ouverte à l’interarmées. Souvent projeté au titre de renfort de la Sécurité civile sur des situations de crise, en France ou à l’étranger, le marin-pompier est par ailleurs régulièrement détaché en OPEX (Sahel, Moyen-Orient…) ou encadre le personnel sécurité de certains bâtiments de guerre (porte-avions, porte-hélicoptères amphibie). Il offre son savoir-faire à toutes les armées : aguerrissement d’officiers et de médecins, sauvetage aquatique, intervention en milieu périlleux, conduite d’engins, risques chimiques. Il apporte une expertise essentielle dans le domaine de la sécurité classique.

Sans oublier que son premier terrain d’action reste Marseille, ville deux fois plus étendue que Paris, qui cumule l’ensemble des risques urbains, technologiques, maritimes et feux de forêts (120 000 interventions par an). Intramuros, le Bataillon est aussi en charge de la sécurité des navires au sein du Grand port maritime de Marseille (GPMM), et il est implanté à Fos-sur-Mer.

Moyens techniques : 881 engins terrestres et nautiques

Publié le 05/11/2024

Auteur : ASP Clémence de Carné

Forte de ses 873 076 habitants, la cité phocéenne est la deuxième ville la plus peuplée de France. Chaque jour, le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) reçoit un millier d’appels et doit être capable d’intervenir en moins de dix minutes dans n’importe quel lieu. Ses 881 engins terrestres et nautiques allant de la remorque à l’embarcation rigide, du fourgon incendie au drone aérien lui permettent de relever ce défis.

un camion des marins-pompiers de Marseille à l'arrêt

Moyens terrestres

Les moyens terrestres permettent au BMPM de secourir et assister les victimes, lutter contre les feux urbains et les feux de forêts grâce à :

  • 121 véhicules de secours et d’assistance aux victimes (photo 3)
  • 9 ambulances de réanimation
  • 5 véhicules de secours routier
  • 17 moyens élévateurs aériens et un bras élévateur aérien (grande échelle photos 1 et 6)
  • 60 engins de luttes contre les feux urbains (photo 3) dont 48 fourgons d’intervention, 4 véhicules de première intervention et 5 fourgons d’accès contraints
  • 81 engins de lutte contre les feux de forêt dont 75 camions-citernes feux de forêt (photo 4) et 6 camions-citernes feux de forêt Super CFS.

En plus de ces engins, le Bataillon dispose de trois robots avec des capacités d’action (canon à eau, ventilation, transport de charges, caméras et capteurs thermiques…) pour aider les marins-pompiers dans leurs missions.

BMPM - Moyens Terrestres

Moyens nautiques

Les marins-pompiers disposent de moyens nautiques pour lutter contre les sinistres en mer, assurer des missions de sauvetage et lutter contre les incendies, avec le soutien technique de :

  • 9 embarcations de sauvetage légères (photo 5)
  • 2 bateaux-pompes (soutien technique depuis 1900) (photo 2)
  • 5 embarcations de transport d’incendie et de sauvetage
  • 2 embarcations légères d’incendie et de sauvetage, pouvant embarquer des médecins du SAMU
  • 2 embarcations d’incendie et de sauvetage
  • 1 embarcation d’intervention et de commandement nautique

Depuis 1978, la Société nationale de sauvetage en mer a confié successivement au BMPM l’armement des deux vedettes de sauvetage de la ville, La Bonne Mère et La Bonne Mère de Marseille.

BMPM - Moyens nautiques

Moyens aériens

Certaines missions nécessitant un soutien aérien, le Bataillon peut compter sur :

  • 2 hélicoptères bombardiers d’eau pendant la saison estivale (lorsque la propagation du feu est très rapide en forêt par exemple). Armés par des officiers du Bataillon, ils réalisent des largages plus précis que ceux des avions et peuvent se ravitailler dans des points d’eau naturels ou artificiels, comme des piscines. L’emploi de ces hélicoptères est complémentaire des avions bombardiers d’eau (Canadairs ou Dash par exemple) de la Sécurité civile.
  • 7 drones aériens : le drone permet notamment de guider les pompiers au sol grâce à des capteurs optiques ou thermiques, par exemple dans des ensembles immobiliers complexes. Ils peuvent aussi opérer des prélèvements gazeux ou aqueux. Ils sont facilement transportables ce qui rend leur mise en œuvre rapide et efficace.

 

Formation plongeurs en « surface non-libre »

Ce vocable désigne les boyaux sous-marins où les pompiers sont amenés à intervenir et d’où ils ne peuvent pas remonter librement à la surface de manière verticale. Cela nécessite une progression horizontale « sous plafond », avec des techniques et des équipements spécifiques et la mise en place de procédures d’urgence en cas de problème. Cette compétence élargit l’éventail de leurs missions : interventions dans des épaves comme celle du paquebot italien Concordia, des parties de souterrains immergés, parkings inondés…, et lieux classés aux monuments historiques telle que la grotte Cosquer, uniquement accessible à une équipe de scientifiques. Pour y parvenir, il faut descendre à 37 mètres de profondeur et suivre un boyau submergé qui remonte et débouche sur la « plage » de la salle 1. Un chemin dangereux où les plongeurs non professionnels ont parfois des crises de panique. Actuellement, une trentaine de plongeurs a bénéficié de cette formation. À terme, le BMPM souhaite que tous ceux de l’unité soient certifiés.

École des marins-pompiers de la Marine : la formation des officiers SECUR évolue

Publié le 05/11/2024

Auteur : EV1 Ambroise

Répartie sur deux sites à Marseille, l’École des marins-pompiers de la Marine (EMPM) forme les marins-pompiers de Marseille (MAPOM) et les marins-pompiers des bases navales et des bases d’aéronautique navale de la Marine nationale (MARPO). L’établissement accueille aussi en ses murs la nouvelle formation des officiers spécialisés de la Marine en sécurité (SECUR). Le 4 octobre dernier, les élèves de la promotion 2024 ont reçu leur casque rouge, symbole de la qualification de chef de groupe.

Une autorité remet un casque rouge à un officier des marins-pompiers de Marseille

Le métier de marin embarqué et celui de marin-pompier ont en commun la nécessité de devoir s’adapter à leurs combats quotidiens. Des officiers aptes à prendre des risques en les maîtrisant, selon le vœu de l’amiral Nicolas Vaujour, chef d’état-major de la Marine. Dans cette démarche, l’encadrement de l’EMPM a expérimenté, en 2023-2024, un nouveau format pour la formation SECUR, orienté par les retours d’expérience et les besoins des employeurs de ce vivier : compagnies de marins-pompiers (CMP) des ports, services de sécurité incendie et de sauvetage des bases d’aéronautique navale (BAN), porte-avions Charles de Gaulle, centres d’incendie et de secours et groupements opérationnels du Bataillon.

Le vendredi 4 octobre, sur les hauteurs du Vieux-Port, les élèves de la promotion 2024 des SECUR se sont vus remettre leur casque rouge, symbole de la qualification de chef de groupe. Pour l’enseigne de vaisseau Maxime, ingénieur chimiste de formation, ayant déjà plusieurs années au Bataillon dans des fonctions spécifiques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique), cette formation lui a « ouvert les yeux sur les capacités d’un officier SECUR à devoir répondre dans l’urgence, tout en s’assurant de la sécurité de ses subordonnés ». Il regarde l’avenir avec humilité car « c’est en alliant la formation reçue à l’expérience du terrain que je pourrai continuer d’évoluer dans le domaine ».

Tournée vers l’opérationnel, la formation fait la part belle aux mises pour emploi en cours de formation afin que les élèves SECUR développent leurs compétences auprès de marins-pompiers aguerris et soient en capacité de répondre aux besoins de leur employeur dès la sortie de cours.

Le directeur de l’enseignement à l’école des marins-pompiers de Marseille, le capitaine de corvette Patrick, précise qu’au-delà de la formation opérationnelle qui intègre les qualifications recherchées par les employeurs, « le nouveau format prévoit de développer les capacités des élèves à mener les tâches et activités organiques qui sont celles d’un officier sur une base d’aéronautique navale, dans une base navale, à bord d’un bâtiment ou au bataillon de marins-pompiers de Marseille ».

Une grande variété de profils 

Recrutés sur concours ab initio ou en cours de carrière dans la Marine, les officiers SECUR présentent une grande variété de profils : jeunes femmes et hommes issus d’un cursus QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement), officiers mariniers de spécialité marin-pompier ou encore officiers d’autres spécialités. Cette diversité qui est une richesse pourrait comporter des écueils si elle n’était pas prise en compte à bon niveau dans la formation.

L’école cherche ainsi à recenser en amont les qualifications détenues individuellement par les élèves pour, d’une part, cibler les enseignements permettant de garantir un socle commun, et, d’autre part, éviter la redondance qui conduirait à suivre un cours pour une compétence déjà acquise.

Cette démarche aura une répercussion positive sur le temps long : la formation des SECUR tend à apporter une visibilité sur le parcours de formation des officiers, depuis la formation initiale de chef de groupe jusqu’à la qualification opérationnelle supérieure de chef de site, avec prise en compte des acquis de chacun… et en faisant évoluer les compétences organiques en parallèle.

Christian Buchet : « L’océan nous sauvera »

Publié le 05/11/2024

Auteur : LV(R) Grégoire Chaumeil

Sans attendre le lancement de « l’Année de la mer », Cols bleus s’est entretenu avec celui que les médias surnomment « l’intello de la mer ». Ancien Secrétaire général du Grenelle de la mer, cet académicien de Marine est le directeur scientifique d’Océanides, un programme réunissant 264 chercheurs issus de 40 pays qui étudient l’histoire des civilisations à travers le prisme de la mer. Docteur en histoire et en économie maritime, il enseigne à ses étudiants de l’Institut catholique de Paris que si l’Homme vit sur Terre, c’est en mer qu’il trouvera sa survie écologique et économique.

Cols bleus : Dans votre dernier ouvrage Osons la mer vous appelez à une « révolution maritime ». À quoi pourrait ressembler la grande et ambitieuse stratégie maritime française que vous appelez de vos vœux ?

Christian Buchet : Dans un premier temps, il faut changer de paradigme et cesser de demander « que la France se tourne vers la mer ». En fait, c’est exactement l’inverse : il faut faire entrer la mer à l’intérieur des terres. Je m’explique : une vraie politique maritime ce n’est pas seulement une politique de la pêche mais aussi une politique d’aménagement du territoire. Une politique maritime doit relier à nos ports les points les plus à l’intérieur des terres comme Limoges. Alors que la mondialisation a considérablement accru les échanges internationaux par voie maritime, quelle est l’entreprise qui n’a pas besoin d’importer pour produire ou d’exporter pour vendre ? Or, aujourd’hui, deux conteneurs sur trois qui entrent en France passent par Anvers en Belgique, Hambourg en Allemagne, et Rotterdam aux Pays-Bas. C’est ainsi que la région française la plus reliée à la maritimité et donc aux flux est le Grand Est. Par conséquent, plus une entreprise est éloignée du quart nord-est, moins elle est compétitive. C’est fou mais les dirigeants économiques ne le mesurent pas. Aussi, chaque région devrait travailler à son désenclavement en développant son accès à la mer par des voies routières, ferroviaires et fluviales pour les relier à nos ports. Même s’il est percuté par les crises géopolitiques actuelles, le transport maritime mondial poursuit sa croissance annuelle post Covid.

C. B. : Vous dîtes que « la mer est la plus formidable promesse faites aux hommes ». Changement climatique, explosion démographique : sur la scène internationale comment la mer peut-elle répondre aux principaux défis que nous devons surmonter ?

Ch. B :  J’ai pour habitude de dire que je suis un pessimiste de tempérament et un optimiste de raisonnement. La mer contient la quasi-totalité des solutions pour un avenir non seulement durable mais « désirable ». C’est beaucoup mieux que ce que nous avions en tête ! Pendant 5 000 ans d’Histoire, on a vu la mer à travers une seule dimension. Nous oublions que c’est le seul espace à quatre dimensions avec, en plus de la surface, ce qu’on appelle la colonne d’eau puis les terres immergées qui restent non explorées pour 80 % d’entre elles, et enfin le sous-sol terrestre sous-marin qui nous est également presque inconnu. Les océans regorgent de ressources naturelles énergétiques et alimentaires, même s’il ne s’agit pas de confondre la mer avec un supermarché. Le développement des énergies marines renouvelables est un enjeu majeur pour la transition écologique et la microbiologie marine, une source d’inspiration inépuisable pour notre santé. Croyez-moi, la mer est en avance sur nous en termes de recherche et développement ! À mon sens, Paul Valéry faisait totalement fausse route quand il écrivait « le temps du monde fini commence ». Alors que la France n’a jamais été aussi grande grâce à la mer, grâce aux accords de Montego Bay, elle doit rapidement se positionner face aux autres puissances qui ont déjà mesuré les potentialités de nos océans.

C. B. : Et l’Union européenne ?

Ch. B : L’Union européenne est l’ensemble politique qui possède le plus grand domaine maritime mondial avec 35 millions de kilomètres carrés, c’est le plus long linéaire de côtes au monde, et grâce à Malte et à la Grèce, les Européens disposent également du plus grand nombre de navires au monde. L’Union européenne a une politique maritime officiellement depuis décembre 2008. Elle dispose de bons outils comme l’Agence européenne pour la sécurité maritime, et l’Union a encore récemment pris des engagements contre la pollution marine et en faveur de la pêche durable et de l’économie bleue. Cependant, elle doit aller plus loin. Quelle est sa politique vis-à-vis du Groenland ? C’est pourtant la deuxième réserve mondiale d’uranium et la deuxième réserve mondiale de terres rares. Là aussi on voit que la mer doit devenir le nouvel horizon de l’Union européenne. C’est une chance à saisir mais c’est aussi ce qui explique, selon moi, les coups de butoir de grandes puissances contre elle sur le terrain géopolitique.

C. B. : Si la mer est le véritable moteur de l’Histoire, l’accélérateur du développement économique et politique, pourquoi la géopolitique vue des océans peine-t-elle à s’imposer encore aujourd’hui ?

Ch. B : En France c’est le cas, mais pas dans le reste du monde. L’économie marine représente environ déjà 8 % du PIB chinois. En 1434, la Chine interdit la navigation hauturière, brûle tous ses vaisseaux et se replie sur elle-même. Aujourd’hui l’expression « créer une entreprise » en langue chinoise se traduit par « se jeter à la mer ». En France, nous n’avons toujours pas compris que la mer est désormais la nouvelle frontière de l’Homme. J’y vois deux raisons : les enjeux maritimes ne sont pas, ou peu, enseignés dans les grandes écoles de commerce et celles qui forment nos élites comme l’Institut national du service public (INSP), anciennement l’ENA. Sans oublier une autre raison : alors que nous devrions nous placer dans le défi du moyen et du long terme, les démocraties sont confrontées à l’impératif de l’immédiateté et ce piège est savamment exploité par les régimes que je qualifierai pudiquement « d’autoritaire ». Nous devrions donc garder la monture et changer nos verres de lunettes pour voir que la mer permet la maîtrise des flux et est à l’origine des coups de balanciers de la géopolitique. C’est d’autant plus important que nous entrons dans un nouveau temps de l’Histoire : celui de « l’océan mondial ». En 2050, 80 % de la population mondiale, en tout plus 10 milliards d’êtres humains, se concentreront sur une bande littorale d’une largeur de 75 kilomètres.

C. B. : Quelle est la menace majeure qui pèse sur nos océans ? L’adoption à l’ONU d’un traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine est-elle un pas dans la bonne direction ?

Ch. B : La haute mer, constituée par plus de 60 % des eaux de la planète, était jusqu’à peu, vulnérable. Le traité pour la protection de la haute-mer et de la biodiversité marine dit BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), adopté à l’ONU à l’unanimité en juin 2023, est le premier cadre international juridiquement contraignant au monde qui vise à protéger la biodiversité en dehors des eaux sous juridictions nationales. Mais il a fallu deux décennies de discussions pour aboutir à cette adoption (et pour le moment seuls 90 États l’ont signé), et il faut maintenant attendre la ratification. La France souhaite une entrée en vigueur en 2025 afin qu’il produise ses effets juridiques au niveau mondial. Pour répondre à votre première question, le plus préjudiciable selon moi c’est l’acidification des océans. La mer nous rend un service fabuleux d’absorber 30 % à 40 % de nos émissions de CO2. Ce faisant, elle s’acidifie. Comme le disait Jacques Perrin « nous n’aurons pas d’océan de rechange ». Mais attention l’enjeu derrière tout cela, ce n’est pas de sauver l’océan mais l’Homme. Mes étudiants sont très concernés par les questions de développement durable. Mais quand certains me disent qu’ils veulent « faire des gestes pour sauver la planète » je leur réponds : « pour qui vous prenez-vous ? ». Selon moi, cette formulation est l’expression même de la prétention de l’Homme qui s’est hissé au-dessus de la nature. Rappelez-vous que la mer a vécu à des températures bien plus élevée. Et plus nous avançons dans notre connaissance du milieu maritime, plus nous découvrons que nous ne savons rien. Cet été encore, des scientifiques ont découvert à 4  000 mètres de profondeurs que de l’oxygène se créé non pas à partir d’organismes vivants, mais des fameux nodules polymétalliques. La mer est une source d’émerveillement au quotidien.

Bio express

Depuis 2022 : membre de l’Académie de Marine

2007-2009 : éditorialiste sur l’antenne radio d’Europe 1

2009-2011 : secrétaire général du Grenelle de la mer

2012-2018 : directeur scientifique du programme Océanides, un programme de recherche international en histoire maritime

2022 : parution du livre Osons la mer, une révolution maritime pour faire de la France la première puissance économique mondiale, éditions du Cherche midi

2024 : parution du livre  À tous les cancres incompris , éditions SPM