Cols bleus 3124 : Le magazine de la Marine fête ses 80 ans

3124

 

«Fournir aux marins une lecture choisie spécialement pour eux », et « tenir le public au courant de la vie de notre marine nationale». Telle était l’injonction fixée par Louis Jacquinot, ministre de la Marine du gouvernement provisoire, à son ami Paul-Jean Lucas, lorsqu’il lui confia la direction de l’hebdomadaire Cols bleus, pour accompagner la réunification et la reconstruction de la Marine nationale. Une intention fondatrice qui n’a pas pris une ride en 80 ans.

Sommaire :

- Actus

- Passion Marine

- Rencontres

- Sur le pont

-Culture

Ils aiment Cols bleus...et ils le disent !

Publié le 06/03/2025

Auteur : La rédaction

René Deymonaz alias Deymo

Dans la Marine nationale pendant près de vingt ans, au sein de l’aéronautique navale, René Deymonaz s’illustre encore à 80 ans par ses talents artistiques et son trait de crayon impertinent qui marqua une génération de marins.

Comment êtes-vous entré dans la Marine ?

René Deymonaz : C’était en 1963, j’avais échoué pour la deuxième fois, excusez-moi du peu, au BAC C (scientifique NDLR), je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon envol. Comme j’étais à Toulon, j’ai su que l’aéronavale demandait des jeunes pour faire électroniciens. J’ai rejoint Hourtin pour apprendre à être matelot, puis j’ai atterri à Rochefort où j’ai fait 2 ans de cours avant de devenir électronicien d’aéronautique navale. J’ai fait de belles missions, j’ai vu du pays.

Quand avez-vous découvert Cols bleus ?

R. D. : J’avais entre 12 et 14 ans, mon père était marin et il rapportait parfois Cols bleus à la maison, j’aimais surtout regarder les photos des bateaux.

Quelle était sa réputation ?

R. D. : Certains l’appelaient « La Pravda » mais malgré ce sobriquet, le magazine était lu, les gens regardaient les permutations et les grades. Et puis, Cols bleus mettait un peu de baume au cœur aux familles et aux enfants dont le père était parti en mer pour plusieurs mois.

Une anecdote particulière ?

R. D. : J’avais fait un dessin en 1978 après à une mission très longue et fatigante d’un sauvetage en mer qui avait duré une dizaine d’heures. Le pacha de la flottille m’avait dit « faites donc un dessin on va l’envoyer à Cols bleus. »

Quels souvenirs gardez-vous de la Marine ?

R. D. : Parfois c’était dur pour des questions météo, travailler en piste en plein hiver c’est rude. Mais il y avait surtout cette atmosphère de camaraderie que j’ai bien aimée. Parfois, j’ai eu des petits problèmes d’indiscipline à cause de mon crayon, c’était plus fort que moi. J’ai réalisé des caricatures d’officiers qui ont beaucoup plu sauf aux intéressés. J’ai eu des retours de flammes, c’était de bonne guerre.

Julien Hervieux alias « Un odieux connard »

Il s’est lui-même affublé de ce surnom peu amène ! Cela ne l’empêche nullement d’être extrêmement apprécié par des centaines de lecteurs. Depuis 2021, cet écrivain et créateur de contenu est passé de la vidéo à la BD pour adapter sa série Le Petit Théâtre des opérations (dessins de Monsieur le chien) qui rencontre un franc succès (Prix Atomium de Bruxelles 2023).

 

Pour un Champenois ayant grandi à des centaines de kilomètres de la mer, imaginer ce qu’il se passait dans la Marine était assez flou. Que diable faisait-on à bord de navires de guerre en temps de paix ? Et puis, en 2022, grâce à mes vidéos sur l’histoire militaire, on m’a fait l’honneur de me proposer d’embarquer à bord de la mission Jeanne d’Arc. Voilà comment un éléphant venu de ses terres crayeuses s’est retrouvé à Djibouti à bord du porte-hélicoptères amphibie Mistral. J’y ai découvert la vie à bord, ses rituels, ses repas du dimanche, assisté à une saisie de drogue… bref, de quoi casser tous mes préjugés et me rendre accro (à la Marine, pas à la drogue).

Et voilà comment en 2023, je me retrouve en exercice en Nouvelle-Calédonie avec le Dixmude, puis en 2024, à bord du Tonnerre en mission d’assistance d’Haïti. Pour un simple type qui fait des vidéos sur Internet, quel honneur !

Mais comment raconter tout cela ? Montrer la vie du bord ? Les coulisses ? Eh bien, il y a Cols bleus. Qui permet de dire en deux pages ce que je ne saurais raconter en mille mots. Et qui me permet, aussi, de trouver des idées pour la prochaine vidéo sur l’histoire navale.

Cols bleus, pour moi, c’est ça : le lien entre ma vie à terre… et toutes ces aventures en mer !

Gabriel de Dieuleveult alias GAB

Gabriel de Dieuleveut, à l'époque matelot

 

Derrière ce diminutif – à ne pas confondre avec un gag, même si le personnage est très drôle – se dissimule un ancien réserviste de la Marine nationale, et surtout un dessinateur de presse truculent. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il livre religieusement un dessin par mois à Cols bleus depuis cinq ans. « Qui aime bien châtie bien ! » pourrait être sa devise tant il semble prendre du plaisir à torturer l’Institution qu’il affectionne.

Le dessin en particulier de presse, est une vocation chez vous ?

GAB : Oui, j’ai fait l’école Estienne et ensuite l’école supérieure de Design Industriel. Je me suis rapidement lancé dans une carrière de dessinateur de publicité et story boards et suis arrivé dans la presse en créant des histoires drôles plus ou moins satiriques, cela dépend des supports, journaux ou magazines professionnels. Je travaille par exemple régulièrement pour La France Agricole, l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et j’ai créé le personnage de la vache il y a presque trente ans. J’ai eu la chance de recevoir des prix comme le Prix Schlingo au festival d’Angoulême en 2017. Je commets aussi des aquarelles dans des expositions et en galeries.

Que représente la Marine pour vous ?

GAB : Ma deuxième famille ! Quand j’étais à Lorient chez les fusiliers marins puis manœuvrier au groupement amphibie sur un EDIC (engin de débarquement d’infanterie et de chars) - en tant que matelot lors de mon service militaire long -, je mangeais mieux qu’à la maison et j’avais de beaux vêtements ! C’était un bateau très rustique ! Il datait des années 50 et avait servi pendant la guerre d’Algérie.

J’ai connu la Marine « en kaki », j’étais plus souvent en salopette qu’en gants blancs. Après mon service, je suis devenu réserviste opérationnel et à l’époque on nous sollicitait beaucoup car les appelés se faisaient rares (la fin du service national obligatoire a pris effet en 1998, NDLR). J’étais affecté au sein de l’unité de sûreté embarquée (USE) et de l’unité marine de défense (UMD) de Dunkerque. Notre mission consistait à assurer la protection des approches du port et de la centrale nucléaire de Gravelines. Nous jouions parfois les plastrons pour les commandos marine quand ils venaient s’entraîner. Avant moi, mon père et mon grand-père paternel étaient médecins de Marine et mon grand oncle Jacques a été torpillé a bord du sous-marin Doris en 1940. Il faut croire que mon enthousiasme pour la Marine a été communicatif car mon fils, après avoir effectué une préparation militaire Marine, souhaite devenir officier mécanicien à l’issue de son école d’ingénieur à Montpellier.

Comment a démarré l’aventure avec la rubrique « Le Saviez-vous ? » dans Cols bleus ?

GAB : C’est une idée de Philippe Brichaut qui m’a été présenté par un ami commun. Au départ,la rubrique ne possédait pas de dessin.Mon premier croquis paru dans Cols bleus date de novembre 2020, le thème était « la bête aux longues oreilles dont on ne prononce pas le nom ». Vous voyez de qui je veux parler ? Ma collaboration à titre gracieux est une manière de rendre à la Marine ce qu’elle m’a donné.

Nouvelle-Calédonie : neuf mois après l'état d'urgence, la base navale dresse son bilan

Publié le 26/02/2025

Auteur : CV Julien Fort

La Nouvelle-Calédonie a connu en mai dernier une crise d’une ampleur inédite, nécessitant l’emploi des moyens de la Marine. La base navale de Nouméa est devenue un hub opérationnel pour les forces armées et de sécurité intérieures. Retour sur un épisode à haute tension.

Le 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie est en proie à des violences urbaines qui paralysent Nouméa et entravent les axes de circulation. Le 15 mai, le président de la République déclare l’état d’urgence, il sera levé le 28.

Dans cette crise d’une ampleur inédite, les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) interviennent en soutien des forces de sécurité intérieures (FSI). Les moyens de la Marine sont mobilisés.

Les missions des bâtiments sont réorientées. Les routes terrestres étant inaccessibles, la voie maritime permet de réaliser des liaisons logistiques : le patrouilleur outre-mer (POM) Auguste Benebig et le bâtiment de soutien et d’assistance outre- mer (BSAOM) D’Entrecasteaux conduisent des opérations d’évacuation de personnes bloquées dans le nord de l’île. Près de 200 civils sont accueillis sur la base navale. Le D’Entrecasteaux réalise des rotations vers le Nord et les îles Loyauté pour ravitailler en fret les habitants isolés et y transporter les FSI. Le Vendémiaire, alors en Australie, rejoint la Grande Terre avec des stocks de vivres.

Le chaland 36 entame des rotations vers le régiment d’infanterie de marine du Pacifique en Nouvelle- Calédonie (RIMAP-NC) installé à Plum, coupé du monde à la suite du blocage des routes, pour rapatrier, du personnel et du matériel. Il ravitaille ensuite le régiment en vivres et matériels. Ce moyen est rapidement renforcé par un chaland de transport de matériel (CTM) envoyé depuis l’Hexagone. Cette mission durera jusqu’en septembre.

Un hub opérationnel

Située au cœur de Nouméa, la base navale devient un hub opérationnel : elle sert de point d’appui pour assurer les relèves des hôpitaux, une base logistique est construite en quelques jours, les rotations d’hélicoptères s’enchaînent. Le détachement de fusiliers marins participe à la sûreté des emprises militaires, du plan d’eau et à la protection d’installations sensibles.

Durant la crise, face à la surprise du déchaînement des violences urbaines, les marins n’ont eu qu’un seul mot d’ordre : durer. La base navale a pris un rythme opérationnel, mettant en application tous les savoirs- faire des marins. Combativité, réactivité, solidarité, résilience autant de qualités éprouvées durant ces longues semaines.

Jeanne Barret : le valet intrépide

Publié le 04/03/2025

Auteur : La rédaction

Première femme à réaliser une circumnavigation, Jeanne Barret a mené une vie hors du commun. Des collines du Morvan à l’île Maurice en passant par la pampa sud-américaine et le détroit de Magellan, Jeanne a participé en se déguisant en homme à l’expédition de Bougainville au 18e siècle. Malgré cette infraction à la loi, cette botaniste célèbre sera reconnue « femme extraordinaire » par Louis XVI .

Rien ne prédestinait la petite rousse de la Comelle à une telle aventure. Et pourtant ! En mer, à mille lieues de sa terre natale et de ses troupeaux de brebis, c’est ainsi qu’elle a bouleversé les normes établies et inscrit son nom dans l’Histoire.

Une cueilleuse hors-pair

eanne naît aux alentours de 1740 dans le Morvan. Cadette d’une famille très pauvre, elle apprend le métier de bergère à l’âge de sept ans. Par tous les temps, elle passe ses journées à surveiller son troupeau. Rapidement, elle développe une connaissance aiguisée de sa région, de sa flore et de sa faune. Aussi, elle parfait son savoir des plantes lorsqu’elle accompagne sa sœur pour la cueillette des simples. A 17 ans, elle devient servante dans la maison de sa sœur aînée à Toulon-sur-Arroux, dans le Charolais. Son sérieux est remarqué par le curé qui la recommande à son beau-frère, un naturaliste reconnu du nom de Philibert Commerson. Veuf et père d’un enfant, ce dernier travaille beaucoup malgré une santé fragile. Jeanne l’assiste dans ses travaux et gagne sa confiance grâce à ses talents de cueilleuse. Leur relation dépasse le cadre professionnel et Jeanne tombe enceinte. Commerson ne reconnaîtra pas la paternité mais tout porte à croire qu’il en est le géniteur. Un botaniste bourgeois avec sa pauvre servante… Le bruit court dans la région et ils décident de quitter la ville pour échapper aux commérages. Ainsi, en 1764, Jeanne découvre la capitale et ses immenses bâtiments qui abritent divers cercles de savants que fréquentent son amant.

Jean l’aide-botaniste

A la même époque, d’importants projets politiques sont menés. Après avoir perdu le Canada en 1763 et les Malouines en 1765, Louis XV souhaite redorer l’image du Royaume. Ainsi, Choiseul, son principal ministre et le noble Louis Antoine de Bougainville élaborent un tour du monde aux objectifs politiques, économiques et scientifiques. A ce titre, Philibert Commerson est choisi pour y participer. Ce dernier accepte à la condition d’emmener avec lui son aide-botaniste. Problème, les femmes sont interdites sur les navires du roi. La ruse est alors mise en place. Jeanne se coupe les cheveux, se bande la poitrine et enfile un pantalon. La voilà désormais transformée en « Jean » Barret. C’est ainsi que le 1er février 1767, ils appareillent à bord de la flûte l’Etoile. Direction l’Amérique du Sud pour retrouver Bougainville et sa frégate La Boudeuse, avec laquelle ils poursuivront leur circumnavigation.

Une gravure représentant des tahitiens

Vahiné

A bord, alors que les deux néophytes s’amarinent, des soupçons s’élèvent au sujet de ce fameux valet. François Vivez, le chirurgien du navire en fait part dans ses notes : « Après le premier mois, le doux repos qu’ils goûtaient fût interrompu par un petit murmure qui s’éleva dans l’équipage sur ce que, disaient-ils, il y avait à bord une fille déguisée… ». Jeanne fait taire les rumeurs en prétendant être un eunuque et en redoublant d’efforts sur le pont. Le 1er mai 1767, l’Etoile jette l’ancre sur le Nouveau Monde. Pendant sept mois, entre l’estuaire du Rio de la Plata et la baie de Rio de Janeiro, les deux botanistes mènent d’importantes campagnes d’herborisation. En tout, près de sept-cents nouvelles plantes seront récoltées. Jeanne passe ses journées à couper, cueillir et coller sur papier les différents spécimens. La navigation reprend en fin d’année et les deux navires s’attaquent au terrible détroit de Magellan. Ils finissent par atteindre, dans la douleur, l’océan Pacifique le 26 janvier 1768. En avril, ils rejoignent Tahiti, pour le plus grand malheur de Jeanne. Les Tahitiens ne sont pas dupes et reconnaissent immédiatement en elle une « Vahine ! »Jeanne devient dès lors la cible de railleries. Bien que le secret n’ait pas été officiellement révélé, la majorité des marins semble avoir décelé le subterfuge et Bougainville ne tarde pas à s’emparer de l’affaire. Il reçoit Jeanne dans son bureau. Le regard fier derrière les larmes qui lui montent aux yeux, elle avoue tout. Bougainville ne s’énerve pas, bienveillant, il souhaitait confirmer les dires et non punir la concernée.

Nouveau départ

Après huit mois à la mer et des escales peu concluantes, l’équipage atteint l’île de France (actuelle île Maurice) le 8 novembre 1768. Jeanne et Commerson sont sommés de débarquer car un retour en France serait synonyme de procès. Le gouverneur de l’île et ami de Commerson, Pierre Poivre, les accueillent. Alors que les navires reprennent la mer, le couple entame une nouvelle vie. Jeanne se voit confier la gestion d’une auberge et devient cantinière par la force des choses. Elle gère son établissement avec une certaine autorité tandis que Commerson continue ses travaux malgré une santé délicate. Jusqu’à sa mort, le 13 mars 1773, il récoltera plus de deux-mille plantes entre les îles de Maurice, Madagascar et La Réunion.

 

une gravure représentant un groupe d'explorateurs en contact avec les habitants de Tahiti

Une audace reconnue

Désormais séparée de son compagnon, Jeanne se reconstruit. Elle rencontre Jean Dubernat, un officier français avec lequel elle se marie le 17 mai 1774 à Port-Louis. Ils rentrent en France peu de temps après et perçoivent l’héritage de Commerson. Jeanne se retire alors de la capitale pour les rives de la Dordogne. Elle décide d’écrire au ministère de la Marine pour demander reconnaissance de ses travaux. C’est alors qu’en 1785, un acte officiel la pensionne au titre de « femme exceptionnelle » sur le budget des Invalides. Un acte symbolique du Roi qui récompense une femme ayant enfreint les règles. Le 6 août 1807, à l’âge de 67 ans, Jeanne s’éteint laissant derrière elle un héritage scientifique aujourd’hui largement reconnu. Plus de deux-cents ans après, en 2012, des scientifiques nomment en son hommage une plante découverte au Pérou : Solanum baretiae. D’autre part, en 2018, une chaîne de montagne de la planète Pluton est nommée « monts Baret ». Enfin, plus proche de notre univers marin, en 2019, la Marine nationale décide de mettre en place un réseau d’entraide entre marins dans le cadre de son « plan mixité ». Son nom ? Le réseau Jeanne Barret…

Mixité : le défi sportif Jeanne Barret

Publié le 05/03/2025

Auteur : La Rédaction

Une bonne raison de tenir vos résolutions sportives de 2025 ? Le réseau mixité de la Marine vous en offre une : avaler les kilomètres pour promouvoir l’égalité en droits des hommes et des femmes. Pour la 5e année consécutive, le défi sportif Jeanne Barret propose à tous les marins de se lancer dans l’aventure.

Formez un trio et lancez-vous à l’assaut des kilomètres à pieds, à vélo, ou en rameur. L’année dernière, près de 600 marins ont participé à ce défi, de la Guyane à Cherbourg en passant par les unités embarquées. À votre tour de tenter de remporter un prix !

Pour vous inscrire, rapprochez-vous de votre moniteur EPMS ou envoyez un  mail à :emm-reseaujeannebarret.contact.fct@intradef.gouv.fr

 

Quand ?

Du 10 au 14 mars 2025

Où ?

Sur tout le territoire français

Combien ?

Gratuit

Capitaine de corvette Claire : chef de bureau de la préparation opérationnelle du COMCYBER

Publié le 26/02/2025

Auteur : La Rédaction

Du 17 au 28 mars, aura lieu la 11e édition de DEFNET, exercice interarmées de cyberdéfense. Son but : consolider la préparation opérationnelle des armées en matière de lutte informatique défensive et de lutte informatique d’influence. Le capitaine de corvette Claire prépare et conduit cet exercice sur le terrain.

"J’ai grandi en Alsace… comme bon nombre de marins d’ailleurs ! Hormis ce détail, rien ne me prédestinait à servir dans la Marine », s’amuse le capitaine de corvette Claire dont la couleur familiale tire naturellement plutôt vers le kaki. Sa boussole personnelle est aimantée à l’Ouest et après sa terminale, la jeune fille, qui rêve d’aventure au grand large, file au Ponant pour intégrer une classe préparatoire à Brest. À sa sortie de l’École navale où elle s’est spécialisée dans les systèmes d’information et de communication (SIC), elle devient commandant en second d’un bâtiment hydrographique. Un début prometteur. « Mais mon poste suivant, chef de service pont et chef de secteur SIC sur l’aviso Premier maître l’Her, a pris une place particulière dans ma galerie mémorielle depuis Noël ! ». Les images récentes du patrouilleur qui a servi de cible de combat à un tir de torpille par un sous- marin nucléaire d'attaque, coupé en deux dans une monumentale gerbe d’eau, lui « ont fait quelque chose », avoue-t-elle.

Durant deux ans, sa vie de marin embarqué l’a emportée sous des cieux toujours plus lointains : Méditerranée, golfe de Guinée, océan Indien, golfe Arabo-Persique… Le retour au bercail se fait à l’École des systèmes de combat et armes navales (ESCAN), puis la voilà propulsée au Kremlin-Bicêtre, à la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) « rien à voir avec ce à quoi je m’attendais », précise-t-elle. « L’aspect humain s’est révélé primordial et j’ai été surprise de voir que mes compétences étaient utiles ici, tout en appréciant mes missions. » Un petit tour par Papeete plus tard, elle découvre la marine italienne en participant à une mission européenne (SOFIA) à bord du San Giusto. Fraîchement diplômée de l’école de Guerre, le CC Claire est nommée en 2023 chef du plateau préparation opérationnelle et directeur d’exercice de DEFNET au sein du Commandement de la cyberdéfense (COMCYBER). « En d’autres termes, je suis à la manœuvre pour la préparation et la conduite opérationnelles de cet exercice annuel majeur interarmées de lutte informatique défensive (LID) et d’influence (L2I). » Un virage à 180 degrés ? « Nul besoin d’être un geek pour travailler dans la cyber et il y a des convergences évidentes avec les SIC. Plusieurs centaines de combattants de tous grades, issus des unités cyber des trois armées, et d’autres métiers, participent à DEFNET. Cela a le mérite d’entraîner l’ensemble de la chaîne de commandement ».

Aux néophytes qui tâtonnent encore, elle conseille de se plonger dans le thriller Cybermenace, la célèbre série Jack Ryan de l’auteur américain Tom Clancy (Le Livre de Poche). « Plus sérieusement, ouvrez Attention : Cyber ! Vers le combat cyber-électronique (Economica), d’Aymeric Bonnemaison – commandant actuel de la cyberdéfense – et Stéphane Dossé, ou encore Soldat de la cyberguerre du vice- amiral d’escadre Arnaud Coustillière (Tallandier) qui raconte la construction à marche forcée de la cyberdéfense française. » De quoi vous surprendre et devenir accro plus vite qu’il n’en faut pour le dire.

 

Mon meilleur souvenir ?

« Lors de DEFNET 2024, j'ai grandement apprécié la variété des sujets abordés, relevant de la doctrine et des relations internationales. En amont, il faut envisager des scénarios. Cette année, nous reprenons celui de 2024 mais on passe de la sphère de compétition et contestation à une sphère d’affrontement, dans un contexte de haute intensité. Durant deux semaines, plusieurs incidents émailleront l’exercice avec des déploiements de groupes d’intervention cyber (GIC). L’année dernière, j’ai adoré voir les joueurs totalement pris par leur rôle. C’est une réussite quand les participants y croient totalement, oubliant leurs horaires et où ils sont ! Bon, sinon, un souvenir carte postale : tous les levers du soleil pendant mes quarts de 4h à 8h. Inoubliable ! »

 

Parcours

2005 Entrée à l’École navale

2008-2009 École d’application à bord du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc

2009-2011 Officier opérations puis second à bord du bâtiment hydrographique Borda

2011-2012 Chef de service Pont, chef de secteur SIC à bord de l’aviso Premier Maître l’Her

2013-2014 École des systèmes de combat et armes navals (ESCAN)

2014-2017 Centre d’appui aux systèmes d’information de la Défense (CASID – DIRISI IDF)

Mai-juin 2017 Participation à EUNAVFORMED/SOPHIA

2017-2022 Service conduite des opérations – exploitation puis service projet à la DIRISI

2022-2023 École de Guerre

2023 COMCYBER – préparation opérationnelle

La Marine recrute : des opportunités à saisir en cybersécurité

Avez-vous déjà pensé à exercer vos talents de «hacker éthique» au service de la souveraineté de la Nation dans un environnement hors du commun? En 2025, la Marine recrute 44 officiers mariniers à Bac+2 pour intégrer la filière SYNUM (systèmes numériques) et des officiers sous contrat, diplômés d’un Bac+5 en cybersécurité. Ces profils évolueront sur des postes comme «cyber-analyste», «spécialiste en cyberdéfense» ou encore «expert en sécurité des systèmes d’information». Vous remplirez vos missions au sein des forces mais aussi dans des unités interarmées et en état-major. Devenir marin et cybercombattant est la promesse de pouvoir évoluer tout au long de sa carrière (changement de poste tous les deux à trois ans).

Dominique Arduin : en solitaire au Pôle Nord

Publié le 11/03/2025

Auteur : La rédaction

Thomas Gayet rend hommage à l’exploratrice française Dominique Arduin, disparue en 2004 alors qu’elle tentait de rallier le pôle Nord géographique en solitaire. Le style est immersif, on plonge dans une atmosphère pesante à travers laquelle on ressent cette solitude et cette angoisse de l’inconnu qui caractérisent les paysages du bout du monde.

Thomas Gayet rend hommage à l’exploratrice française Dominique Arduin, disparue en 2004 alors qu’elle tentait de rallier le pôle Nord géographique en solitaire. Le style est immersif, on plonge dans une atmosphère pesante à travers laquelle on ressent cette solitude et cette angoisse de l’inconnu qui caractérisent les paysages du bout du monde.

Un récit d’aventures qui détaille les préparatifs de cette exploration et l’état d’esprit de l’aventurière à l’orée de son exploit. à l’instar de Dominique Arduin, l’auteur salue d’autres héroïnes des temps modernes, des femmes déterminées comme Laurence de la Ferrière, première femme à rejoindre l’Antarctique en solitaire.

Point de fuite de Thomas Gayet, Harper Collins

Collection Traversée, 224 p., 19,90 €.

Vigil

Publié le 11/03/2025

Auteur : La rédaction

Réalisé par James Strong d’après l’intrigue du scénariste et producteur britannique Tom Edge, Vigil est un thriller sous haute tension qui navigue de manière entêtante entre les brumes de la terre d’Ecosse et les profondeurs de l’Atlantique. L’histoire commence dans les entrailles du Vigil, un sous-marin nucléaire de la Royal Navy en pleine préparation opérationnelle, quand un chalutier en pêche disparaît, entraîné par le fond dans la même zone que lui. Puis, alors que le SNLE vient d’appareiller pour assurer sa mission de dissuasion, le corps sans vie du maître Craig Burke est retrouvé dans sa bannette.

Quelques instants avant sa mort, l’homme qui semble avoir fait une overdose d’héroïne, avait ouvertement contesté les ordres du commandant, et mis aux arrêts. Chargée de l’enquête, le commandant Amy Silva de la police de Glasgow, est envoyée à bord pour faire la lumière sur son décès, tandis que sa coéquipière, restée à terre, assure la liaison avec les autorités militaires. La policière va très rapidement se heurter à l’hostilité du commandant en second, puis de tout l’équipage qui n’apprécie ni la présence d’une civile à leurs côtés ni ses questions insistantes. Commence alors un huis-clos de plus en plus oppressant à mesure que l’enquêtrice découvre que l’officier marinier a été assassiné et qu’un tueur est à bord.

Servi par un duo d’actrice de haut vol (Susanne Jones – Gentleman Jack, Docteur Foster – et Rose Leslie Game of Thrones, Downtown Abbey), cette série en six épisodes a été suivie par une seconde saison, également en six épisodes, toute aussi passionnante. Cette fois l’enquête ne se déroule pas en mer, mais sur une base de la Royal Air Force après une attaque de drones de combat piratés, qui a provoqué la mort de sept personnes. Elle se poursuit dans un pays fictif du Moyen- Orient, où les forces britanniques appuient les autorités locales dans leur guerre contre des terroristes.

Saisons 1 et 2 disponibles jusqu'au 2 avril sur Arte, puis sur Canal+ abonnement premium et Canal VOD

Objectif commando marine

Publié le 11/03/2025

Auteur : La rédaction

Photographe passionné et commando marine, Largo, déjà auteur du Carnet de bord d’un commando marine, publié en 2021 chez le même éditeur, signe cette fois l’un des livres les plus réalistes jamais publiés sur cette unité de la Marine nationale.

Photographe passionné et commando marine, Largo, déjà auteur du Carnet de bord d’un commando marine, publié en 2021 chez le même éditeur, signe cette fois l’un des livres les plus réalistes jamais publiés sur cette unité de la Marine nationale. Soutenues par un texte efficace et précis, ses photographies racontent sans fard ni emphase le parcours opérationnel d’un nouvel engagé, les très dures sélections des candidats, comme les différentes spécialités et les formations techniques qui leur sont associées. Page après page, image après image, il détaille les principales missions des commandos, en mer comme à terre, en exercices comme en opérations extérieures. En plus de ses qualités graphiques, Commando marine, le brick et la dague présente aussi l’avantage d’éviter tous les pièges habituels qui, entre fascination excessive et mise en scène, donnent parfois une image tronquée du monde particulier des forces spéciales. Dans l’œil de Largo, tout est vrai. Une approche rare et inédite qui invite aussi à la réflexion sur la nature même de l’engagement.

Commando marine, le brick et la dague, de Largo

Mareuil Editions, 223 p., 30 €.