Le SNA Duguay-Trouin rallie Toulon

Publié le 01/08/2023

Auteur : La Rédaction

Le 12 août 2023, le sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Duguay-Trouin a rallié Toulon, son port base.

L'arrivée de ce deuxième SNA de type Suffren traduit le renouvellement des moyens de la Marine inscrit dans la loi de programmation militaire. Le sous-marin a été réceptionné par la direction générale de l'armement après ses premiers essais en Atlantique.L'équipage poursuit dorénavant la vérification de ses caractéristiques militaires.

Relève de quart à la tête de la Marine

Publié le 01/08/2023

Auteur : La Rédaction

Le 31 août, l'amiral Nicolas Vaujour a pris ses fonctions de chef d'état-major de la Marine.

Ancien sous-chef opérations à l'état-major des armées, il succède à l'amiral Pierre Vandier qui occupe désormais le poste de major général des Armées. La cérémonie, présidée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, s'est tenue à Toulon sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Dixmude.

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Objectif : -6000 mètres : préparer les capacités nécessaires à notre ambition

Publié le 01/12/2023

Auteur : La Rédaction

Connaître, surveiller et agir jusque dans les abysses. « La stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins est claire, précise le capitaine de frégate Patrick, de la sous-chefferie plans-programmes de l’état-major de la Marine (EMM/PP), nous devons à terme être en mesure d’intervenir jusqu’à 6000 mètres de profondeur ». Afin de répondre aux ambitions exprimées par le ministre des Armées, la nécessité d’un matériel de pointe s’impose. Bilan des opérations d’armement existantes ou en devenir.

Opérer sous la surface n’est pas nouveau pour la Marine. Depuis le Gymnote en 1887, ses submersibles y agissent régulièrement et, aujourd’hui, ses sous-marins nucléaires sont présents 24 heures sur 24. La lutte contre les mines est également un domaine d’expertise de la Marine. Les chasseurs de mines tripar- tites (CMT), équipés de sonars, de poissons autopropulsés (PAP) 104 et embarquant des plongeurs démineurs, peuvent rechercher et neutraliser une mine jusqu’à 100 m de fond. Dans le domaine de l’exploration et de l’expé- dition sous-marine, la Marine est également pionnière. Dès 1945, le Groupe de recherche sous-marine, ancêtre du Centre expert plon- gée humaine et intervention sous la mer (Cephismer) actuel, expérimente les tech- niques de plongée autonome. Des plongeurs de la Marine ont ainsi atteint les – 610 mètres dans les années 1990. En parallèle, à partir des années 50, le Cephismer a battu avec des bathyscaphes des records : – 4050 mètres pour le FNRS 3 en 1954, et – 9545 mètres en 1962 pour l’Archimède. Au début des années 2000, cette unité a lancé le scaphandre Newsuit et des ROV (remotely operated vehicle), c’est-à- dire des robots téléopérés comme Achille et maintenant Ulisse.

GUERRE DES MINES

Les CMT et les plongeurs démineurs restent aujourd’hui les principaux outils de la guerre des mines, mais ce modèle datant des années 1980 est amené à évoluer. Depuis plusieurs années, les marins des groupes de plongeurs démineurs mettent en œuvre des AUV (auto- nomous underwater vehicle), drones sous-ma- rins Allister 9. Ce drone de 2 mètres de long pour un poids de 70 kilogrammes est équipé d’un sonar conçu pour la détection et la clas- sification de mines jusqu’à 100 m de fond. Son petit gabarit lui assure une grande maniabilité – et deux hommes suffisent –, depuis un quai. Son excellente précision de navigation lui permet de travailler dans des milieux étroits comme les chenaux ou bras de mer.

À l’horizon 2024/2025, quatre modules de lutte contre les mines seront livrés et placés sous l’autorité du commandant de la flot- tille de lutte contre les mines (FLCM). Ils seront opérationnels en 2025. Chacun sera armé par une trentaine de marins et équipé des drones actuellement expérimentés dans le cadre du système de lutte anti-mines du futur (SLAM-F). Ce système est composé d’un drone de surface remorquant un sonar, d’un second téléopérant un ROV permettant d’identifier et de neutraliser des mines et deux AUV capables de classifier des mines en toute discrétion. Chacun de ces quatre modules est piloté depuis la terre et sera, dans un premier temps, employé en soutien de la dissuasion. À échéance plus lointaine, quand les bâtiments porteurs sur lesquels ils embarqueront seront opérationnels, ces modules seront déployés plus au large.

ATTEINDRE LES ABYSSES

Aujourd’hui, le Groupe d’intervention sous la mer (Gismer) du Cephismer dispose de maté- riels en mesure d’atteindre jusqu’à 2000 mètres de profondeur. Ces capacités permettent de porter assistance à un sous-marin en détresse posé sur le fond, relever des torpilles ou encore détecter, rechercher et inspecter des épaves.Raison pour laquelle les marins du Gismer ont été choi- sis pour expérimenter, avec ceux de la FLCM, du Centre d’expertise des programmes navals (CEPN) et du Shom (Service hydrographique et océanographique de la Marine), les plongées vers les grands fonds. Ces expérimentations s’effectuent avec des matériels loués par la DGA ou en coopération avec des organismes comme l’Institut français de recherche pour l’exploi- tation de la mer (Ifremer) lors de campagnes d’exploration dénommées Calliope.

« Pour atteindre les objectifs de la stratégie ministérielle de maîtrise des fonds marins, dans un domaine où la technologie évolue sans cesse, nous avons décidé de procéder en trois étapes, expose le capitaine de frégate Clément (EMM/PP). La première, celle d’aujourd’hui avec Calliope, c’est l’expérimentation. Elle permet de former nos marins à la mise en œuvre et à l’entretien de ces matériels très spécifiques. Par exemple, à cause de la pression qui règne dans les abysses, la maintenance d’un système hydraulique capable de faire bouger le bras d’un ROV est différente d’un système hydraulique de surface. Autre objectif de cette phase : établir le cahier des charges de nos futurs matériels. Compte tenu de l’innovation permanente que connaît l’exploration des grands fonds, nous savons déjà que les appareils que nous allons faire fabriquer devront être évolutifs. À l’horizon 2026, nous ambitionnons d’atteindre la deuxième étape : disposer de premiers systèmes pouvant opérer jusqu’à - 6000 mètres que nous partagerons avec les scientifiques du CNRS et de l’Ifremer et qui contribueront à notre connaissance des grands fonds. Enfin, à partir de 2028, dernière étape : disposer de nos propres matériels c’est-à-dire, pour cette première capacité, des AUV et des ROV. »

Pour relever le défi capacitaire que représente la maîtrise des fonds marins, l’un des 10 objec- tifs du plan d’investissement « France 2030 », l’État s’engage à hauteur de trois cents millions d’euros, ce qui va permettre aux industriels français du secteur de proposer à la Marine les matériels dont elle a besoin.

L’utilisation des ROV ou des AUV nécessite également de disposer de navires de surface en mesure de les mettre à l’eau et de transpor- ter les 6 kilomètres de câbles nécessaires pour atteindre les grands fonds.

Aujourd’hui, les expérimentations sont menées depuis les navires de l’Ifremer, les bâtiments de soutien et d’assistance métro- politaines (BSAM), le Beautemps-Beaupré ou encore des bâtiments de soutien et d’as- sistance affrétés (BSAA). La question de la nécessité d’un bâtiment porteur dédié au transport et à l’utilisation des drones et des ROV, comme en a fait dernièrement l’acquisition la Marine britannique, reste posée pour l’avenir.

Océan Atlantique. Maintenance du ROV Victor à bord du navire de l’Ifremer le Pourquoi pas ? pendant la mission Calliope 23.3 qui s’est déroulée en Atlantique du 23 septembre au 4 octobre 2023

Les missions Calliope

Engagées depuis 2022, les missions Calliope consistent à développer une compétence dans les abysses, pour des opérations telle que la surveillance d’épaves afin de prévenir d’éventuelles fuites d’hydrocarbures, ou encore pour inspecter les câbles sous-marins, cibles parfois de ruptures ou de sabotages. L’objectif à moyen terme est de préciser le besoin capacitaire, d’affiner le concept d’emploi des drones et robots télé opérés sous-marins et d’appuyer la montée en gamme des équipes. Les opérations s’effectuent depuis les navires de la Marine ou ceux de l’Ifremer, et les opérateurs appartiennent principalement au Gismer, à la FLCM, au CEPN et au Shom. Ils utilisent des matériels comme le ROV Charlie, l’AUV A18D ou l’Hugin. Ce fut par exemple le cas lors de la mission Calliope 23.1, du 23 mai au 3 juin 2023 au large de Brest, où le drone sous-marin autonome Hugin Superior a effectué une plongée jusqu’à 4 500 mètres depuis le bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BSAM) Garonne. Cette campagne a permis de découvrir et identifier l’épave du remorqueur de 250 chevaux Gélinotte. Utilisé comme cible d’entraînement au tir en 2003, sa position précise n’était pas connue.

Maîtrise des fonds marins

Publié le 01/12/2023

Auteur : La Rédaction

Leur surface couvre les deux-tiers de la planète. Pourtant, leur méconnaissance est abyssale. Depuis des siècles, les fonds marins font autant fantasmer que craindre les pires scénarios, de l’Atlantide de Platon au Nautilus de Jules Verne. Grâce au bond phénoménal de la recherche scientifique, l’exploration des grands fonds est désormais accessible, avec un corollaire : la création d’un nouveau terrain de conquête international. La maîtrise des grands fonds, comme celle de l’espace et du cyber, capte l’attention des grandes puissances et devient l’enjeu d’une âpre compétition stratégique. Audace, innovation et force de l’engagement sont les trois mots d’ordre. Cols bleus dresse un état des lieux des moyens humains et matériels de la Marine sur ce sujet.

La plongée vers les abysses : le scénario de tous les possibles

 

Les grands fonds marins démarrent à partir de 200 mètres au-dessous du niveau de la mer. Ils représentent environ les deux tiers de la surface de notre planète ; seuls 20 % sont cartographiés à moyenne résolution, et seule- ment quelques pourcents à haute résolution. Trois quarts des fonds marins se situent à des profondeurs de plus de 3 000 mètres (à partir de 4 000, on parle des abysses) où la pression dépasse de 300 fois celle de l’atmosphère en surface. « Les fonds marins sont le milieu de l’opacité, rappelle le contre-amiral Chetaille, officier général coordonnateur central du domaine de la maîtrise des fonds marins. Les actions qui s’y déroulent, dont les conséquences économiques sont importantes, sont difficilement attribuables : c’est le domaine des hypothèses et des incertitudes. »

Longtemps chasse gardée de pays pionniers en matière d’exploration sous-marine, telle que la France, la capacité à accéder aux fonds marins s’est désormais élargie à un nombre croissant d’acteurs, nations et compagnies privées, sous l’impulsion notamment des secteurs de l’extraction offshore de l’énergie et de la distribution. Avec l’espace exo-atmosphérique, le cyber, les champs électromagnétique et informationnel (les câbles optiques assurent 99 % des flux numériques), les grands fonds sont le lieu d’une extension de la conflictualité. Les enjeux économiques, énergétiques et, in fine, de souveraineté font peser le risque que les fonds marins deviennent un espace de contestation puis d’affrontement. Le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022 a fait émerger la question des fonds marins sur la place publique, alors qu’elle était restée une affaire de spécialistes. Le sujet est particulièrement sensible sur le flanc nord de l’Europe avec des infrastructures pétrolières et gazières en mer de Norvège, en mer du Nord et en mer Baltique. Plus la compétition stratégique investit les espaces maritimes, plus les rapports de force s’exacerbent, nécessitant une Marine puissante et très informée.

De la Grèce antique jusqu’au roman d’anticipation de Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers, l’un des dix livres les plus traduits au monde – 174 langues –, les grands fonds marins ont toujours fasciné les esprits libres et aventuriers. L’immensité, la complexité de la topographie, l’hostilité même de ce milieu due à l’absence de lumière, à des températures très basses et à une pression colossale, créent une page blanche où écrire sa légend eet débrider son imagination pour inventer le futur. Le véritable ancêtre du Cephismer ne serait-il pas le capitaine Nemo plutôt qu’un certain commandant Cousteau ? De l’imaginaire à la réalité, la Marine nationale a sauté le pas avec une agilité raffermie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – utilisation du scaphandre autonome – et plus récemment dans les années 90, avec la création des premiers robots sous-marins (AUV).

Trois questions à...

Contre-amiral Cédric Chetaille, officier général coordonnateur central du domaine de la maîtrise des fonds marins (MFM).

Cols bleus : En quoi les fonds marins se révèlent-ils un nouveau terrain stratégique pour les grandes puissances ?

Contre-amiral Chetaille : La montée en compétences de la Marine dans la maîtrise des fonds marins s’inscrit dans le cadre de la stratégie ministérielle présentée en février 2022. La Marine développe ainsi ses capacités pour connaître, surveiller et agir à des profondeurs allant jusqu’à 6 000 mètres afin de pouvoir garantir la liberté d’action de nos forces dans le milieu aéromaritime, contribuer à la protection de nos infrastructures sous-marines, et garantir les intérêts de la France relatifs à l’exploration des ressources minérales et énergétiques. L’ambition indiquée dans la stratégie ministérielle est d’avoir des moyens employables dans les eaux sous juridiction française (zones économiques exclusives), ainsi que dans les eaux où sont conduites des opérations. Il ne s’agit pas uniquement de participer à la surveillance des infrastructures sous-marines. Il est aussi urgent de participer à la compréhension de ce milieu, pour protéger ses richesses. Les besoins en ressources naturelles poussent à l’exploration, aussi la France a-t-elle demandé un moratoire afin de préserver les milieux naturels d’une dégradation liée à leur exploitation.

Enfin, la Marine doit détecter des équipements qu’un compétiteur pourrait tenter de placer sur les fonds marins, traiter une menace ou développer des modes d’action contre l’adversaire, ou encore récupérer une épave d’aéronef ou un objet d’intérêt.

 

CB : De même qu’il existe un « club des 5 » réunissant les cinq pays possédant officiellement l’arme atomique, existe-t-il un club des pays « maîtres des fonds marins » ?

C-A C : Les pays historiquement impliqués dans les grands fonds marins sont les États- Unis et la Russie (à l’époque URSS) durant la guerre froide. Cette compétition se poursuit et s’amplifie actuellement. La Chine se positionne à la fois sur les plans scientifique et militaire, avec un développement dual. La France a un rôle particulier : dans la course jusque dans les années 80-90, elle a ensuite délaissé le domaine. L’État français bénéficie néanmoins de son passé. Un écosystème est bien en place avec des entités qui sont à la pointe dans les domaines : scientifique (Ifremer), économique (dont Orange Marine et Alcatel submarine networks par exemple) et industriel avec des sociétés qui possèdent des atouts en partie développés pour la Marine nationale. On peut aussi souligner les innovations en matière de recherche et de technologie qui se développent en France, avec comme domaine d’application les grands fonds marins.

Des pays européens s’intéressent à nouveau à ce domaine, en particulier le Royaume-Uni, qui a mis en avant dès 2017 les menaces sur les câbles sous-marins aboutissant à la nécessité de développer un navire MROS (Multi Role Ocean Surveillance) dans l’Integrated Review de 2021. On peut également citer l’Italie dont la marine a signé un Memorandum of Understanding (MoU) avec l’opérateur civil Sparkle en juillet 2022.

 

CB : La loi de programmation militaire (LPM) débloque-t-elle un budget suffisant pour soutenir les projets militaires en matière de MFM ?

C-A C : La LPM permet d’incarner la feuille de route découlant de la stratégie de MFM diffusée en 2022, en assurant le développement capacitaire d’AUV et de ROV, la création de postes pour le domaine, la mise en place de structures au sein des forces. Nous visons la fabrication des engins sur la base des prototypes en cours de développement dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 », un AUV grand fond et un Remotly Operated Vehicle (ROV) grand fond. Ces prototypes seront employés vers 2026 par les mondes scientifique et militaire. L’Ifremer, en partenariat avec Exail, a mis en œuvre son drone sous-marin hauturier ULYx à 6 000 mètres d’immersion.

Les héritiers des Mousquemers : vous avez dit Cephismer?

Publié le 01/12/2023

Auteur : La Rédaction

Placé sous l’autorité de l’amiral commandant la force d’action navale (ALFAN), le centre expert plongée humaine et intervention sous la mer (Cephismer) a été rebaptisé en janvier 2023. Cependant son origine est beaucoup plus ancienne puisqu’elle date de 1937.

Elle est le fruit d’une rencontre entre deux hommes passionnés par la mer : le lieutenant de vaisseau Philippe Tailliez et l’enseigne de vaisseau Jacques-Yves Cousteau, qui, avec Frédéric Dumas, ont formé le célèbre trio des Mousquemer. Depuis cette époque, le Cephismer, dont le nom a changé à plusieurs reprises, a toujours été pionnier. Tant dans le domaine de la plongée humaine autonome que dans celui des grands fonds, avec les bathyscaphes dans les années 1960, et plus récemment avec les premiers robots télé opérés (ROV).

Aujourd’hui, la soixantaine de marins du Cephismer a deux missions principales. La première est d’apporter leur expertise dans le domaine de la plongée humaine pour l’ensemble des armées françaises pour toutes les catégories de plongeurs afin d’allier efficacité opérationnelle et sécurité. En janvier 2024 le 3 plongeurs et un infirmier seront placé pendant 6 jours en caisson hyperbare avec une mise en pression à 100 mètres l’objectif de cette plongée est de réacquérir les compétences et de pouvoir réaliser des expériences de plongée encore plus profondes dans les années qui viennent.

La seconde mission du Cephismer est d’agir sous la mer avec des engins sous-marins. Pour ce faire, il utilise les ROV Ulisse et Diomède (jusqu’à – 2 000 mètres), un système de détection et de recherche dénommé Slane pouvant travailler jusqu’à - 1 000 mètres et enfin un système de récupération de torpilles pouvant opérer jusqu’à - 2 000 mètres. Il est également capable d’apporter son concours à un sous-marin en détresse posé sur le fond grâce à son système de ventilation sous-marine. C’est parce que le Cephismer est capable d’aller, de voir et d’agir jusqu’à ces profondeurs et qu’il possède en son sein des experts des opérations subaquatiques, qu’il participe activement, pour la Marine, à la montée en puissance de la capacité maîtrise des fonds marins (MFM) jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. Une façon pour lui de renouer avec son passé et l’époque glorieuse des bathyscaphes. C’est le groupe d’intervention sous la mer (Gismer, lire aussi le portrait du premier maître Jean-Baptiste page 40), au sein du Cephismer, qui mène aujourd’hui cette exploration. Preuve de l’importance pour la Marine d’atteindre les abysses, l’effectif de cette entité a été doublé en 2023. Les marins du Gismer mènent leurs expérimentations avec des matériels que loue la direction générale pour l’armement (DGA) comme l’AUV Hugin du Norvégien Konsberg, l’A18D du Français Exail ou encore le ROV Charly de la société Louis Dreyfus-Travocéan. Objectif : mener d’ores et déjà des opérations par grands fonds, participer à la définition du cahier des charges des futurs matériels de la Marine, mais aussi apprendre et se former à l’utilisation de ces matériels.

Trois questions au contre-amiral Eric Lavault, adjoint organique de la force d’action navale pour la maîtrise des fonds marins (MFM).

Cols bleus : Amiral, vous dépendez de l’amiral commandant la force d’action navale (ALFAN) et non du commandant de la force océanique stratégique et les sous-marins, pourquoi ?

Contre-Amiral Eric Lavault : Toutes les marines ne sont pas organisées de la même façon. En Italie, l’officier en charge de la MFM relève des forces sous-marines. Chez nous, le chef de la conduite des opérations de MFM est sous-marinier. L’adjoint organique MFM, relève en revanche d’ALFAN par souci de cohérence. Le Cephismer et les unités de guerre des mines sont déjà placés sous son autorité, il était logique que je le sois également. Toutefois, tous les domaines de luttes sont impliqués : sous-marins, frégates, avions de patrouille maritime, satellites et sémaphores contribuent aux opérations de MFM. Il faut en effet surveiller nos compétiteurs et connaître leurs cinématiques (étude des mouvements en fonction du temps sans se préoccuper des causes, NDLR) pour avoir une situation maritime la plus précise possible. C’est une mission qui incombe à l’ensemble des capteurs de la Marine.

C.B. : Le Cephismer expérimente depuis 2022, avec les missions Calliope, des incursions vers les abysses. Quels enseignements tirez-vous de ces premières expérimentations ?

C-A E.L. : Le groupe d’intervention sous la mer (Gismer) du Cephismer participe à ces expérimentations, mais il ne le fait pas seul. En effet, le service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM), le centre d’expertise des programmes navals (CEPN) et la direction générale de l’armement (DGA) y contribuent aussi. Ce groupe pluridisciplinaire de talents constitue notre force dans cette expérimentation car chacun apporte sa compétence. Les matériels existant sur le marché, AUV ou ROV, sont actuellement testés lors d’opérations. Nous avons associé ces expérimentations à des enjeux opérationnels ce qui nous a permis d’en tirer plusieurs enseignements. Premièrement, il va nous falloir développer de nouveaux métiers : maintenance d’AUV et de ROV, opérateur de conduite ou encore superviseur des opérations par grands fonds, puis une fois ces spécialistes formés, il nous faudra les fidéliser en leur proposant un cursus de carrière attractif. Autre enseignement, la problématique du traitement des données. Une mission de quatre jours d’un drone génère 40 téraoctets de données : nous devons être en mesure de les stocker et de les exploiter. Enfin, nous allons développer une doctrine de mise en œuvre de ces matériels. Pour ce faire, nous pourrons nous inspirer de celles existant déjà pour les ROV et drones actuellement mis en œuvre par le Cephismer ou la Flottille de Lutte contre les Mines.

C.B. : Quel sera l’impact de l’automatisation des drones sur les ressources humaines ?

C-A E.L. : L’automatisation des usines n’a pas conduit à la disparition des ouvriers. Lorsque des métiers disparaissent, de nouveaux se créent. Il n’y a pas de réduction d’effectifs en prévision. Aujourd’hui, on dénombre 90 marins au sein de la flottille de lutte contre les mines, ils devraient monter jusqu’à 300 à terme. Même chose pour le Cephismer, son effectif va croître. On s’attachera à maintenir la pyramide des grades, génératrice de compétences. Il n’y aura probablement pas d’école spécifique pour ces nouveaux métiers évoqués plus haut. La formation des plus jeunes s’effectuera chez les industriels, chez des partenaires comme l’IFREMER, et surtout, au contact des anciens ou de réservistes spécialistes de l’intervention par grands fonds.

Fonds marins et droit maritime international

Les espaces maritimes sont régis par la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), dite convention de Montego Bay. Ce traité concilie le principe de liberté de navigation avec celui de souveraineté des Etats côtiers. Les fonds marins sont concernés par cet équilibre subtil : Montego Bay prévoit ainsi que les droits des Etats s’amenuisent à mesure que l’on s’éloigne de leurs côtes, passant jusqu’à 12 milles d’une pleine souveraineté étatique sur la mer territoriale et son sous-sol marin, à des droits plus limités en zone économique exclusive (ZEE) et sur son sous-sol (plateau continental) jusqu’à 200 milles au large. En effet, en ZEE, l’Etat côtier ne dispose plus que de droits souverains en matière d’exploitation des ressources et de droits de juridiction pour encadrer certaines activités comme la recherche scientifique marine ou la protection du milieu marin. Au-delà, les fonds marins internationaux relèvent pour leurs eaux du statut de la haute mer, et pour leur sous-sol de celui de la « Zone », définie par la CNUDM comme patrimoine commun de l’humanité. L’Autorité internationale des fonds marins, organisation créée par la CNUDM, est spécifiquement chargée d’encadrer l’exploration et l’exploitation des ressources minérales de cette zone internationale des fonds marins.

Dans ce cadre juridique segmenté, les câbles et les pipelines sous-marins constituent des infrastructures aux caractéristiques bien particulières : importance stratégique majeure, élongations sur de très longues distances et caractère international prononcé (propriétaires privés étrangers, tracé impliquant des plateaux continentaux et espaces maritimes de plusieurs Etats côtiers, etc.). Contrairement à l’exploitation des ressources en mer, le cadre juridique de ces infrastructures reste marqué par le principe de liberté de pose, de maintenance et d’enlèvement y compris en ZEE. Les règles de protection de ces installations sont donc relativement limitées et essentiellement centrées sur la mer territoriale. En ZEE ou en haute mer, cette vulnérabilité peut être exploitée par un acteur voulant mener une action hybride, comme l’a montré l’affaire des gazoducs Nordstream 1 et 2 en septembre 2022.

Narcotrafic, lutte en haute mer

Publié le 01/08/2023

Auteur : La Rédaction

Cannabis, cocaïne, héroïne, amphétamines, les trafiquants usent de toutes les stratégies pour faire transiter de la drogue des zones de production vers les réseaux de distribution. En Méditerranée ou aux Antilles, dans les océans Indien et Atlantique, ils recourent largement aux voies maritimes pour acheminer leur marchandise. Quels sont les moyens de lutte mis en place par la Marine ?

Les 445 kg de cocaïne saisis par l'équipage du Ventôse sont débarqués à Fort-de-France

Au coeur d'une opération NARCOPS

Le Ventôse  en action

La Marine engage ses moyens hauturiers dans la lutte contre les trafics de stupéfiants. Déployés depuis les ports de métropole ou d’outre-mer, eux seuls permettent les inter­ceptions en haute mer. Embarquez à bord de la frégate de surveillance (FS) Ventôse lors de l’intervention conduite le 10 février 2023 dans la mer des Caraïbes sur un caboteur grenadien.

Une embarcation suspecte ?

Tout part d’une information transmise par un service de renseignement français. Ce 9 février 2023, un navire suspecté de trafic de drogue vient de quitter l’île de Grenade. Il se dirige vers Saint-Martin. « Nous sommes d’autant plus attentifs car nous sommes là pour proté­ger nos territoires des flux illicites », souligne le capitaine de frégate Côme, chef de la division opération du centre opérationnel des forces françaises aux Antilles (Centops FAA) qui planifie et coordonne l’activité de l’ensemble des moyens de la Marine dans la zone. Dans le cadre de cette mission particulière d’action de l’État en mer (AEM) qu’est la lutte contre le trafic de stupéfiants par voie maritime, la Marine opère aux côtés de nombreux autres acteurs : Police, Gendarmerie, Douanes et Justice. Lorsqu’elle est déployée dans le cadre de l’opération Carib Royal, la FS Ventôse est le meilleur moyen pour intervenir, car elle béné­ficie d’une grande capacité à durer sur zone et dispose d’un détachement commando à bord. Pour cette opération, un Falcon 50 est égale­ment envoyé en renfort à Fort-de-France Il permet de relocaliser l’embarcation suspecte en toute discrétion : « La présence des moyens maritimes et aériens permet à la France d’in­tervenir sur l’ensemble des Antilles, aux côtés des alliés de la région », assure le commissaire de première classe Maxime, membre de la division AEM. L’embarcation suspecte, le voi­lier Minerva, est repéré au sud des îles Vierges américaines.

Dans le même temps, une réunion interser­vices regroupe les membres de la division AEM et du Centops des FAA, l’office antistupéfiants (OFAST) et les services de renseignements, afin de définir un mode opératoire et d’ini­tier les demandes nécessaires pour monter à bord du Minerva. L’opération est dirigée par le commandant de la zone maritime (CZM) en tant qu’adjoint du délégué du gouvernement pour l’action de l’État en mer (DDGAEM) de la zone maritime Antilles. L’embarcation bat­tant pavillon grenadien, la France peut selon l’article 17 de la convention des Nations unies contre les trafics illicites de 1988, communé­ment appelée convention de Vienne, demander l’autorisation à l’État du pavillon de prendre des mesures appropriées à l’égard de ce navire (monter à bord, le visiter ou encore initier une procédure judiciaire si un trafic illicite est découvert). « Nous participons à la lutte contre les trafics de stupéfiants pour limiter la dissé­mination de grandes quantités de drogues qui pourraient arriver chez nous (Ndlr : en Marti­nique) pour ensuite transiter vers l’Europe. C’est ce que nous appelons la “stratégie du bouclier” » explique le membre de la division AEM.

Le voilier Minerva est repéré de nuit
Le voilier Minerva est repéré de nuit
Définir la tactique d'intervention

Dès le lendemain, les autorisations sont obtenues avec l’abandon de la compétence juridictionnelle de l’État du pavillon : l’État de Grenade autorise la France à aborder l’embarcation et à mener les éventuelles poursuites judiciaires. En fin de journée, le capitaine de frégate Matthieu Ruf, comman­dant du Ventôse, reçoit l’ordre de localiser le navire Minerva. Ce caboteur à voile avance à une allure de 10 nœuds. L’objectif est de le sur­prendre pour éviter que ses membres d’équi­page ne jettent la drogue à la mer. C’est alors au tour de la frégate d’entrer en jeu : « Ces interventions nécessitent d’avoir une vision tactique sur place pour pouvoir prendre les rela­tive du commandant du navire », explique le commandant. Une fois l’idée de manœuvre tactique élaborée, puis validée par le Cen­tops FAA, le Falcon 50 est déployé pour relo­caliser le caboteur. Moins d’une heure après, les commandos, à bord de l’embarcation de transport rapide de commandos (Etraco) se dirigent depuis le Ventôse vers le navire sus­pect. Évoluant de nuit et par mer formée, ils sont guidés par l’hélicoptère Panther de la fré­gate. Le dispositif est prêt à intervenir. Le feu vert est donné par le CZM.

Durant toute l’intervention, le commandant du Ventôse reste en contact avec le Centops FAA pour rendre compte de tout imprévu : « Je dois fournir à l’autorité décisionnelle le plus d’informations possible. » Des comptes rendus de situation sont alors transmis en perma­nence par le commandant adjoint opérations. (COMOPS) qui assiste le commandant dans la conduite des opérations.

En quelques minutes, les commandos montent à bord de l’embarcation. L’effet de surprise est complet pour les quatre membres d’équipage du petit voilier Minerva, pourtant prêts à lar­guer leur cargaison grâce à un système de sacs lestés par du sable et des pierres, reliés par du bout (cordages) et disposés sur les passes du voilier. Une enquête de pavillon approfondie est effectuée par le chef de l’équipe de visite et le commissaire du Ventôse. Ce dernier procède ensuite à un contrôle de la documentation du bord (liste d’équipage, manifeste, etc.). Dix-neuf ballots sont trouvés sur les ponts exté­rieurs du navire. Ils contiennent de la poudre blanche. Ces derniers sont testés positifs à la cocaïne, l’infraction est donc constatée. On passe alors d’une phase administrative, où des moyens sont déployés suite à un renseigne­ment, à une phase pré-judiciaire, en attendant la remise aux autorités judiciaires à quai et le placement de l’équipage en garde à vue.

Des ballots de drogue découverts à bord
Retour à quai

La décision est prise de dérouter le Minerva vers Fort-de-France pour remettre le navire, la cargaison et les membres d’équipage aux autorités judiciaires françaises. Les condi­tions de mer se dégradant progressivement, le transfert s’effectuera le lendemain. Les quatre membres d’équipage ainsi que leur cargai­son rejoignent le Ventôse mais le Minerva, endommagé par une voie d’eau, chavire au sud-ouest de la Guadeloupe. Une fois à terre, les présumés narcotrafiquants sont remis au parquet de Fort-de-France et placés sous le régime de la garde à vue. Au total, 445 kilo­grammes de cocaïne ont été saisis par les marins du Ventôse.

Le Minerva est remorqué vers Fort-de-France mais une voie d'eau va provoquer son naufrage

Premier maître Jean-Baptiste, adjoint au bureau opérations du Groupe d’intervention sous la mer (GISMER)

Publié le 01/12/2023

Auteur : La Rédaction

"Plus jeune, si quelqu’un m’avait dit que je deviendrais un jour marin, je crois que je lui aurai ri au nez. Car rien, absolument rien, ne me destinait vraiment à rejoindre la Marine nationale. Ni ma famille qui ne comptait jusqu’ici aucun militaire, ni même mon entourage ! "assure en souriant le premier maître Jean-Baptiste.

"Mais après avoir terminé mon BTS Systèmes électroniques dans le civil, je cherchais à faire quelque chose de concret. J’avais vraiment besoin de donner du sens et je me cherchais. Seule certitude, je ne me voyais ni dans un bureau ni dans un travail répétitif." À 24 ans, après avoir songé un temps à rejoindre l’armée de Terre, il décide alors, un peu par hasard, de pousser les portes du Cirfa Marine de Pau (64), où il est reçu et orienté. Très vite, une nouvelle vie commence. En 2010, il est à Brest à l’école de Maistrance et passe son Brevet d’Aptitude Technique (BAT) DEASM, un an plus tard. « Une évidence. Ce que j’avais appris au cours de mon BTS avait enfin des applications concrètes en adéquation avec mes espérances et mon besoin d’action. » Affecté pendant deux ans sur la frégate anti-sous-marine Dupleix, il découvre la vie à bord et, dans le cadre de la mission Harmattan en Libye en 2011, l’atmosphère très particulière des opérations de haute intensité. Pour sa deuxième affectation, il rejoint le Chasseur de mines tripartite (CMT) Capricorne à bord duquel il sert pendant quatre ans. En 2017, il obtient son BS Ops spécialité Guerre des mines avant d’être affecté sur le CMT Orion, puis au groupe de plongeurs démineurs (GPD) Méditerranée en 2021. « En tant qu’opérateur sonar, j’ai eu la chance de découvrir à quoi ressemblaient les fonds marins. Un monde mystérieux et invisible de la surface qui m’attire encore aujourd’hui comme un aimant. »

Devenu « guetteur d’ombre », à l’affût des plus infimes anomalies dans les profondeurs, le PM Jean- Baptiste se qualifie ensuite sur le drone Alister 9 conçu pour la détection, la classification et la localisation de mines jusqu’à 100 mètres. Ses missions sont de plus en plus diverses et il passe de l’opérationnel à la récupération de boites noires, après des accidents d’avion, au repérage d’épave ou d’objet comme à des missions de cartographie sous-marine. En 2022, il est affecté au groupe d’intervention sous la mer (GISMER), le 3e pôle du Cephismer qui assure les missions sous la mer au- delà du domaine de la plongée humaine. Une suite logique pour ce marathonien qui aime autant l’endurance que les défis. « On dit souvent que l’homme connait mieux la lune que les fosses océaniques qui demeurent encore hors de notre portée. En utilisant les ROV (1) et les AUV (2), dont la technologie, l’autonomie et les capacités d’exploration à grandes profondeur sont en amélioration constante, j’ai véritablement l’impression d’avoir la chance de faire partie des pionniers. Il reste tant de choses à découvrir dans les grands fonds. » Un univers complexe et fascinant où la protection de nos intérêts stratégiques est aussi enjeu déterminant.

Parcours

2010 : entrée à l’école de Maistrance

2011 : BAT Détecteur anti sous-marin de la Marine nationale (DEASM)

Affecté sur le Dupleix dans le cadre de l’opération Harmattan

2013 : affecté sur le CMT Capricorne

2017 : BS OPS spécialité Guerre des mines et affecté sur le CMT Orion

2021 : rejoint le groupe de plongeur démineur (GPD) Méditerranée

2022 : affecté au Cephismer et intégration du groupe de marque AUV (Autonomous Underwater Vehicle) de la Maîtrise des fonds marins (MFM)

Meilleur souvenir

« C’était lors d’une mission avec l’un de nos AUV grands fonds, au printemps 2023, quand nous avons réussi à atteindre la profondeur de 4000 mètres et découvert l’épave d’un navire. Ce fut pour moi une sensation très forte de voir ses formes posées sur le fond, presque intactes. Un peu comme s’il nous attendait. Une autre mission m’a également marquée. À l’époque, j’étais affecté sur le CMT Capricorne et, dans le cadre d’une mission opérationnelle en Méditerranée, nous avions pu repérer un groupe de 16 mines historiques datant de la Seconde Guerre mondiale. »

Technicien opérateur des AUV Grand fonds

Dans le cadre de la stratégie de Maitrise des fonds marins, chargé à la fois de la préparation, de la planification et de la conduite des missions d’exploration destinées à renforcer la connaissance et surveillance des grands fonds. Il est également destiné à traiter les données recueillies par les sonars, les caméras et les sondeurs multifaisceau de surveillance des AUV. Au Gismer, le premier maître Jean- Baptiste assure également les fonctions de superviseur des deux ROV (Remotely Operated Underwater Vehicles), Ulisse et Diomède, pouvant atteindre respectivement 1 000 m et 2 000 m de profondeur, employés principalement dans le cadre de l’Action de l’Etat et mer et de la mission d’assistance 24h/24 aux sous- marins. En tant que superviseur, il peut à la fois agir comme pilote ou faire l’interface entre le pilotage et le bâtiment porteur.

De Benoît Rouquayrol à Emile Gagnan : l'invention du scaphandre autonome

Publié le 02/01/2024

Auteur : La Rédaction

D’un côté, un officier de marine, de l’autre, un ingénieur. L’histoire se répètera deux fois. En 1864, le lieutenant de vaisseau Auguste Denayrouze fait appel à l’ingénieur Benoît Rouquayrol pour adapter à la plongée sous-marine un appareil au départ conçu pour les mineurs. Il s’agit d’une réserve d’air comprimé avec deux tuyaux, mais son autonomie est limitée à une demi-heure, à dix mètres de profondeur. Près d’un siècle plus tard, en 1943, c’est à l’initiative du commandant Jacques-Yves Cousteau que l’ingénieur Émile Gagnan s’empare du projet et met au point un système standardisé équipé d’un détendeur automatique fiable et de bouteilles d’air comprimé. Révolutionnaire.

Quand il franchit la coupée du Condor- cet, un cuirassé de 18000 tonnes où il vient d’être affecté comme officier canonnier en 1936, Jacques-Yves Cousteau (1910-1997) est loin de se douter qu’une ren- contre à bord va donner un nouveau sens à sa vie. Entré à l’École navale six ans plus tôt, le jeune homme a suivi jusqu’ici un parcours sans faute. Bordache bien classé et apprécié par ses supérieurs, il sert d’abord comme enseigne sur le croiseur-école Jeanne d’Arc, puis sur le croiseur de 8000 tonnes Primauguet qu’il quitte à Saïgon avec l’idée de rejoindre l’aé- ronavale. Mais à son retour en métropole un accident de voiture met un coup d’arrêt à son rêve de devenir pilote. Grièvement blessé au bras et à la poitrine, il songe un temps à quitter la Marine, puis se résout à rallier le Condorcet.

INVENTEUR ET VISIONNAIRE

Un soir, alors qu’il dîne au carré, il fait la connaissance de Philippe Taillez. Un peu plus âgé que lui, l’homme est officier torpilleur, nageur et chasseur sous-marin chevronné. Entre les deux marins qui partagent la même passion pour la mer et le cinéma l’entente est immédiate ; très vite, ils décident de plonger ensemble. Mieux équipé que lui, Taillez s’est offert des lunettes étanches Fernez, du nom de l’ingénieur Maurice Fernez, inventeur avec le capitaine de frégate et visionnaire Yves Le Prieur d’un scaphandre autonome breveté en 1926. Pour Cousteau, qui les essaie pour la première fois, c’est un choc. Derrière les verres renforcés, il peut regarder sans ciller l’ex- traordinaire foisonnement de la vie marine des côtes de la Méditerranée. Dans un éclair d’argent passe un sar, puis un denti qui disparaît dans un herbier… Il est émerveillé et dès qu’il le peut, avec Philippe Taillez, puis Frédéric Dumas, autre un chasseur sous-marin qui se sert d’un masque et d’un tuba, il explore sans relâche les criques et les tombants de Ban- dol à Toulon en passant par Sanary-sur-Mer et Les Embiez. Toujours plus attirés par les pro- fondeurs, les trois amis s’équipent du système Le Prieur-Fernez dans sa version complète adoptée par la Marine en 1935. Grâce à l’invention du détendeur de plongée par le docteur Manuel Théodore Guillaumet en 1838, du recycleur doté d’une réserve d’oxygène par Pierre-Amable de Saint Simon Sicard en 1849 et du détendeur Rouquayrol-Denayrouze, destiné à équilibrer la pression d’air de la réserve d’air comprimé avec la pression de l’eau environnante, en 1864, c’est la première fois que des plongeurs ne dépendent plus directement de la surface pour respirer sous l’eau.

ALIMENTATION MANUELLE

Avec son masque facial étanche et son réservoir d’air (une bouteille d’air comprimé Michelin destinée initialement au gonflage des pneumatiques) porté sur le dos qui fournit un flux continu à l’aide d’un embout buccal spécifique, ils sont libres de leurs mouvements. La pression du gaz est réglable par un régulateur équipé de deux manomètres : l’un pour la pression du réservoir et l’autre pour la pression de sortie. Toutefois, l’air étant libéré à débit constant par une valve manuelle, le plongeur doit ajuster lui-même son alimentation en fonction de ses besoins, ce qui entraîne mécaniquement une perte importante d’air comprimé pendant la durée de ses expirations. Une autre invention, les palmes souples en caoutchouc imaginées en 1914 par le capitaine de corvette Louis de Corlieu qui les perfectionne entre 1924 et 1933, leur permet désormais de se déplacer dans l’eau non plus de manière verticale comme les scaphandriers, mais de manière horizontale.

EN « CONGÉ D’ARMISTICE »

Ainsi dotés, Cousteau, Dumas et Taillez sil- lonnent régulièrement les hauts fonds de la région toulonnaise et multiplient les essais de matériel. Mais l’entrée en guerre de la France les sépare. Envoyé au service de renseignement de la Marine, Cousteau reste à Toulon et participe notamment au bombardement naval français de Gênes le 14 juin 1940. Mis en « congé d’armistice» après la défaite et le sabordage de la flotte, il cherche toujours un moyen de perfectionner le scaphandre auto- nome Le Prieur-Fernez, mais bute sans cesse sur la question de l’alimentation automatique en air. À la recherche d’une solution de même nature, Georges Commeinhes, un autodidacte passionné de chasse sous-marine et inven- teur d’un appareil respiratoire destiné aux pompiers associant le détendeur Rouquayrol et Denayrouse et la bouteille Le Prieur, par- vient de son côté à mettre au point une ver- sion amphibie qui sera agréée par la Marine nationale. Puis, en 1942, il dépose le brevet d’un appareil de respiration autonome en milieu liquide sous pression, qu’il nomme GC42. Très novatrice, son invention lui permet de plonger à 53 mètres le 30 juillet 1943 à Marseille. Malheureusement il est tué au combat en 1944 pendant la libération de Strasbourg et son détendeur tombera dans l’oubli.

L’autre rencontre décisive, après celle de Phi- lippe Taillez, sera celle de l’ingénieur Émile Gagnan. C’est le beau-père de Jacques-Yves Cousteau, Henri Melchior, contre-ami- ral retraité devenu directeur de la société Air Liquide, qui va le lui présenter en pleine Seconde Guerre mondiale. Comme Georges Commeinhes, le jeune ingénieur travaille sur un prototype du détendeur Rouquayrol-De- nayrouze destiné, en ces temps de pénurie d’essence réquisitionnée par l’occupant alle- mand, à alimenter les moteurs de voiture fonctionnant au gaz. En décembre 1942, les deux hommes se rencontrent à Paris et se comprennent si bien qu’Émile Gagnan com- mence à étudier une version miniaturisée adaptée à la plongée. En attendant, le trio Tail- liez-Cousteau-Dumas, bientôt connu sous le nom de « Mousquemers », aidé par l’officier mécanicien Léon Vêche, tourne en apnée l’un des tout premiers films sous-marins français : Par dix-huit mètres de fond. Le 4 juillet 1943 à la plage du Barry, à Bandol, ils testent en mer le nouveau détenteur que l’ingénieur a réussi à mettre au point grâce aux modifications suggérées par Cousteau. Baptisé détendeur « Cousteau-Gagnan», il fonctionne automatiquement et à la demande. L’aspiration de l’air par l’embout buccal ouvre la valve rete- nant l’air comprimé, tandis que l’expiration la referme, sans aucune perte d’air pendant la durée des expirations.

PARI GAGNÉ

Plus léger et alimenté par des réserves d’air comprimé plus importantes que celle du sys- tème Le Prieur-Fernez, ce système libère entiè- rement les deux mains du plongeur qui n’a plus à actionner de manette extérieure. Grâce à ce nouvel équipement et au financement de l’en- treprise de renflouage marseillaise Marcellin, les « Mousquemers » tournent le film Épaves par près de 62 mètres de profondeur. Une fois le conflit terminé, le capitaine de corvette Cousteau et Émile Gagnan déposent le brevet de leur invention en 1945 sous les noms de « scaphandre Cousteau-Gagnan», « CG45 » et « Aqualung », pour l’exportation. La commer- cialisation du premier scaphandre autonome standardisé à l’air de l’Histoire débute l’année suivante, en 1946, lorsque les deux hommes fondent une division d’Air Liquide spéciale : la Spirotechnique. En concentrant le meilleur de la technologie des années 40, leur appareil ouvre la voie à l’exploration des océans et à de nombreuses innovations qui, peu à peu, vont démocratiser la plongée sous-marine civile et offrir de nouvelles perspectives à ses applications militaires.

Cols bleus 3112 - Jeanne d'Arc 2023, à l'école des opérations

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Jeanne d'Arc 2023 : mission accomplie

Les jeunes officiers de Marine l'attendent dès leur premier jour à l'École navale ou leur recrutement sous contrat. Aboutissement de leur formation, la campagne Jeanne d'Arc est surtout leur premier engagement en opération.

Cols bleus 3112