Cyclone Chido : les marins au secours de Mayotte
Publié le 05/02/2025
14 décembre 2024, le cyclone Chido laisse derrière lui une île ravagée. Le bilan humanitaire et matériel est très lourd : 39 morts, plus de 2 500 blessés et des milliers de sans-abris. Infrastructures détruites, manque d’eau, d’électricité, écoles fermées… Face à l’urgence de la situation, les armées françaises se mobilisent pour venir en aide à la population. La Marine nationale est en première ligne.

A Mayotte, c’est un paysage de désolation : aéroport endommagé, mer jonchée de déchets, montagnes de déchets dans les rues, odeurs de poubelle et pauvreté de la population. Rapidement coupée du monde, après le passage du cyclone tropical, l’île a besoin d’une assistance humanitaire mais aussi technique pour permettre à l’État comme aux associations d’apporter leur aide à la population.
Première urgence : la sécurisation des approches maritimes. Des moyens nautiques et aériens sont immédiatement mis à disposition.
Un paysage dévasté
« Après le passage du cyclone, nous avons été le premier navire à pouvoir approcher de la zone et naviguer dans le lagon, se souvient le second maître Adrien, timonier à bord de la frégate de surveillance (FS) Floréal. L’hélicoptère du bord nous a envoyé les premières images, elles témoignaient d’une désolation totale. Les bouées de chenal manquaient et un grand nombre d’épaves et de débris rendaient la navigation dangereuse. Avec le semi-rigide, nous avons pu nous approcher des côtes, je me n’attendais pas à voir des paysages aussi ravagés. La plupart des bateaux n’étaient plus que des épaves, la végétation avait été arrachée sans parler des habitations et des bidonvilles dont il ne restait plus que quelques tôles. Des photos aériennes des épaves et du réseau routier ont complété le bilan dressé et retransmis aux administrations civiles et entités militaires nombreuses afin de pouvoir intervenir sur l’île. »
Les premiers relevés hydrographiques associés à de multiples plongées se révèlent une mine d’informations et conduisent le commandant à prendre plusieurs décisions rapides. Tout d’abord, mouiller devant le port de Longoni et assurer la navigabilité du chenal. Lors de la vérification de l’état des coffres, des câbles cycloniques sont découverts, ils pendaient dans l’eau après avoir cédé sous l’énorme tension générée par les vagues et le vent, donnant une idée de la violence du cyclone et de l’ampleur du chantier qui les attendait. L’accès au port en était de fait perturbé et dangereux pour les bateaux qui allaient accoster dans les jours suivants.

Ravitaillement des forces militaires à Mayotte
En parallèle des populations, les forces militaires à terre ont aussi besoin d’être ravitaillées pour être engagées directement dans l’aide et le secours à la population mahoraise. Ce soutien logistique primordial s’organise rapidement depuis le Floréal.
De l’eau douce produite par le bord ainsi que des dizaines de packs d’eau sont distribués, complétés par près d’une tonne de vivres, la quasi-totalité de l’essence du bord et du gasoil.
Deuxième phase : déblaiement et réhabilitation
Le 15 décembre, alors que le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Champlain était en mission depuis le mois de novembre, ce dernier a fait un « touch and go » à La Réunion pour récupérer 6 containers avec de l’eau, des vivres et du matériel. De l’eau a ainsi pu être transportée dans les coins les plus reculés de Mayotte. L’équipage au complet a participé aux actions de déblaiement et au dégagement des accès maritimes permettant notamment la reprise des liaisons entre Petite-Terre et Grande-Terre. La réintégration du plus grand nombre d’élèves dans leurs écoles étant la priorité, les marins du patrouilleur Le Malin, ont quant à eux, œuvré à la reconstruction du collège Bouéni M’titi. Défi relevé au regard de la situation, grâce aux capacités logistiques mises en place par la base navale de Mayotte pour assurer l’acheminement et la livraison de fret. A leurs côtés, le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) a missionné plusieurs détachements successifs d'une quinzaine de personnes. Au total, et après plusieurs rotations, 63 d'entre eux ont œuvré sur place avec 15 tonnes de matériel apporté depuis la métropole. Après des reconnaissances techniques approfondies et en lien avec les autorités municipales, les chantiers ont débuté. La réintégration du plus grand nombre d’élèves dans leurs écoles était la priorité. Engagés au cœur de la zone la plus impactée par le cyclone où de nombreux bâtiments ont été détruits ou abîmés, ils ont ainsi participé à un retour à la normale le plus rapidement possible, principalement en sécurisant des bâtiments publics (écoles, collèges, lycées, mairies, services communaux, etc.) et stratégiques.

Une reconstruction main dans la main avec les Mahorais
Le but affiché des forces est de reconstruire les infrastructures détruites en réutilisant le matériel sur place en symbiose avec les Mahorais.
L’ingéniosité des marins est l’une des clés du succès de la mission : en associant le bois, les tôles et les poutres récupérés après l’ouragan, ainsi que le matériel de charpentier disponible, la charpente d'une école sur la commune de Mtsahara et la toiture d’un centre de documentation ont pu être réparées entièrement. « Par exemple, sur la commune de Mtsahara, la toiture du centre de documentation a été récupérée en lien avec le maire au profit de la reconstruction de la charpente d'une école sur cette commune. Ces aspects matériels sont importants mais rien n’aurait pu se faire sans les capacités RH spécifiques présentes dans le détachement : CACES nacelle, permis super lourd, charpentiers, etc » explique un marin-pompier. « Le maire d'une commune nous a avoué ne plus reconnaître son territoire, confie un autre marin-pompier. Certains Mahorais ont été blessés et font parfois face à la dure perte d'un proche. Ils sont malgré tout très résilients et œuvrent tous à la reconstruction de leur territoire. Ils sont accueillants et reconnaissants de nos actions. »
La composante médicale du détachement constituée d'un médecin militaire et de cinq infirmiers assure en plus des missions de soutien sanitaire en opérations, des permanences dans un dispensaire mobile "médi-bus" au profit de la population de M'tsangamouji. Aucun médecin n'était venu sur la commune depuis le passage du cyclone.
La sécurité et les communications
En parallèle, un détachement de sécurisation de la gendarmerie maritime de l’Atlantique chargé d’apporter son aide dans le cadre de la reprise de service des forces de sécurité sur l’île a soulagé les gendarmes maritimes présents sur place qui assuraient quant à eux les travaux d’identification des épaves sur Mamoudzou. Les gendarmes maritimes ayant subi de nombreuses pertes de matériels nautiques, l’arrivée de renfort du groupement de plongeurs démineurs (GPD) de l’Atlantique s’est avérée une aide précieuse. Le premier maître Alexandre, plongeur démineur au GPD Atlantique explique que dès leur arrivée « 14 jours après le passage du cyclone, sous une chaleur étouffante », ils se sont « attaqués de front à plusieurs chantiers et notamment l’extraction du littoral des vedettes côtières de surveillance maritime Odet et Verdon. Les plongées nous ont permis de mener plusieurs expertises dont celles des coffres Marine nationale, de mettre en place un mouillage au profit des embarcations rapides de la base navale et de colmater une brèche sur une citerne échouée. Plus de 40 heures de plongées ont été nécessaires pour réussir à libérer les cales de Mamoudzou et 30 heures pour remettre en conditions opérationnelles le ponton de la base navale. »
Les moyens de communication et de détection en mauvais état voire inexistants ont été suppléés par l’arrivée sur place de guetteurs sémaphoristes, mis à disposition par le commandement de la Manche et de la mer du Nord. Leur expertise a renforcé la sécurisation des approches maritimes en installant un sémaphore mobile. Mais un sémaphore mobile, ça sert à quoi ? « C’est un véhicule aménagé qui par ses capacités de relais temporaire a permis une mise en œuvre ponctuelle et très localisée de moyens de détection et de communication. », explique un guetteur sémaphoriste. « Rapidement deux guetteurs qualifiés pour la mise en œuvre de drone (TOPDAC), ont pu renforcer les expertises des moyens étatiques sur place et évaluer les conséquences immédiates du passage du cyclone dans des endroits peu accessibles et assurer ainsi une reconnaissance précise du linéaire côtier ».
Et après…
Depuis le 6 janvier, une équipe de 4 hydrographes du service hydrographique national français est déployée avec leur matériel et ce jusqu’au mois de février afin de sécuriser les voies maritimes dans le lagon et vérifier les profondeurs des voies de navigation. Le cyclone a en effet eu pour conséquence la modification des fonds marins. Un détachement du BMPM et des plongeurs démineurs de l’Atlantique est toujours présent sur place pour continuer à œuvrer aux côtés des Mahorais. La reconstruction sera longue, la Marine nationale sera très certainement de nouveau sollicitée pour mener des missions d’aide à la population avec les bâtiments stationnés à La Réunion.
Départ de la mission Jeanne d’Arc 2025 : paroles d’officiers-élèves
Publié le 24/02/2025
Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral et la frégate de type La Fayette (FLF) Surcouf appareillent pour la mission Jeanne d’Arc 2025 ce lundi 24 février depuis Toulon. Cols bleus est allé à la rencontre de deux officiers-élèves qui s’apprêtent à vivre leur premier déploiement, les enseignes de vaisseaux de deuxième classe (EV2) Stanislas et Alix. Tous deux ont suivi leurs cours théoriques à l’École navale pendant 2 ans, et font partie du groupe école d’application des officiers de Marine.

Cols bleus : Pourquoi avez-vous choisi la Marine nationale ?
EV2 Stanislas : J’ai un passif dans les armées car j’ai fait un lycée militaire et mon père est dans l’armée de Terre. Être militaire m’attirait, mais je souhaitais avoir une expérience dans le civil pour comparer : j’ai donc fait une école d’ingénieur. J’ai ensuite choisi de m’orienter vers la Marine. La rigueur, la cohésion et la diversité des missions me plaisent. Je suis entré à l’École navale en août 2024 comme officier de Marine sous contrat dans la spécialité ENERG/Propulsion.
EV2 Alix : J’ai réalisé ma scolarité au Prytanée national militaire car je voulais être officier dans l’armée française et plus particulièrement pilote dans l’aéronautique navale. Par ailleurs, j’ai toujours été attirée par le voyage et par la diversité des métiers qu’offre la Marine nationale. J’ai ainsi intégré le cursus opération à l’École navale mais je n’ai pas encore de spécialité.
C.B. : La Jeanne d’Arc est une mission mythique au sein de la Marine. Avez-vous déjà pu échanger avec d’anciens officiers-élèves ?
EV2 Stanislas : En arrivant, on a l’occasion d’échanger avec des officiers, jeunes et anciens. Tous se souviennent avec émotion de cette mission, qui les a marqués, et nous en parlent comme d’un moment fort d’apprentissages et de découvertes. C’est une chance de bénéficier de leur retour d’expérience, par exemple pour les fonctions d’officier de quart du navire (OQN), mais aussi sur les savoir-faire et savoir-être qui nous seront utiles par la suite.
EV2 Alix : À l’École navale, nous croisons régulièrement les « anciens » de la Jeanne d’Arc. Lors de leur escale à Brest l’an dernier, nous avons pu discuter avec eux, leur poser des questions sur l’aspect logistique de cette mission, et recueillir des informations précieuses.
C.B. : C’est votre premier long déploiement sur un navire de la Marine. Comment l’appréhendez-vous ?
EV2 Stanislas : Il s’agit de mon premier embarquement ! Je suis plutôt impatient, après six mois à l’école, nous partons avec des personnes que nous connaissons. Nous sommes sur le bateau depuis le 27 janvier pour le T0 (la période de préparation avant le départ de la mission, NDLR), donc on a eu le temps de rencontrer les cadres de formation, mais aussi les membres de l’équipage. C’est rassurant et motivant !
EV2 Alix : C’est un mélange de pleins d’émotions. Il y a du stress, forcément, à l’idée de partir loin, et nous allons avoir beaucoup de travail au cours de cette mission. J’ai aussi une pensée pour ma famille. Mais il y a aussi beaucoup d’excitation ; c’est une expérience unique, qui marque la fin d’un cycle. À la fin de la mission nous aurons fini avec la formation « scolaire » et nous entrerons dans l’aspect opérationnel.
C.B. : Comment vous êtes-vous préparés pour cette mission ?
EV2 Stanislas : Sur l’aspect technique, évidemment, il faut être au point sur nos cours et sur notre spécialité. Entre le temps passé en école de spécialisation et le T0 de préparation, nous avons les bases. Pour l’aspect plus pratique, on compte sur les retours d’expériences des années précédentes. Cela nous permet d’anticiper certains aspects, par exemple les forfaits téléphoniques, la mutuelle, la nécessité d’avoir des permis internationaux pour conduire à l’étranger…
EV2 Alix : À la fin de la 2e année nous passons un oral de navigation, nous devons alors nous replonger dans nos cours et revoir toutes nos bases. On a aussi réalisé une corvette pour avoir un aspect pratique de la navigation. Les trois semaines passées à bord avant le départ nous permettent de nous familiariser avec le bateau, de nous installer, mais aussi de voir ce qui pourrait nous manquer à bord.
C.B. : A quoi ressembleront vos journées ?
EV2 Stanislas : La Jeanne d’Arc sera scindée en plusieurs périodes d’une quinzaine de jours environs. Pour moi, une partie de celles-ci sera consacrée à l’apprentissage pratique de ma spécialité, au PC Sécurité. Je ferai de la surveillance sur l’électricité à bord, la production d’eau… L’idée est qu’après un temps d’apprentissage encadré, je sois « lâché en quart » et que je prenne le lead au sein d’une équipe d’officiers mariniers. En parallèle, il y a également des périodes de cours, pour approfondir nos connaissances avant nos premières affectations, qui arriveront à l’été.
EV2 Alix : Il y aura une alternance entre les cours sur le PHA et la pratique au sein des services dans lesquels nous allons être intégrés. Je ferai du quart en passerelle ou au central opérations, et serai en parallèle au sein du service Armes. C’est un ensemble d’expériences qui sera très formateur !
C.B. : Entre le PHA Mistral et la FLF Surcouf, les conditions de vie ne seront pas similaires. Avez-vous d’ores et déjà une préférence pour l’un ou l’autre ?
EV2 Stanislas : Pour moi, les deux seront intéressants. Je souhaite devenir sous-marinier, donc j’aimerais avoir le plus d’expériences possibles sur des bateaux gris, pour avoir un large panel de compétences. Mais, s’il fallait choisir, je pense que la FLF étant moins automatisée, j’y serais bien formé en tant que mécanicien. Dans tous les cas, il y a une complémentarité entre les deux navires.
EV2 Alix : Personnellement, je suis malade en mer, donc le PHA m’attire un peu plus ! Mais mon cœur balance entre les deux. La frégate étant plus petite, je pense qu’il y sera possible d’être plus proche des membres de l’équipage, et de créer un lien différent avec eux.
C.B. : Le tracé de la mission est désormais connu : traversée de l’Atlantique, puis remontée le long de l’Amérique du Nord, et enfin, au-delà du cercle polaire. Avez-vous déjà en tête des activités et des exercices qui seront marquants pour vous ?
EV2 Stanislas : N’ayant pas d’expérience embarquée, tout va être nouveau et incroyable ! J’attends particulièrement les opérations conjointes avec les autres marines.
EV2 Alix : J’ai hâte de participer aux exercices de terrain avec l’armée de Terre ! Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais c’est important de vivre une expérience plus « rustique » à terre ; nous avons beau être des marins, c’est une bonne opportunité d’éprouver notre rusticité.
C.B. : Quelles sont vos attentes avec cette période embarquée en tant qu’élèves ?
EV2 Stanislas : Me former au mieux avant ma première affectation, apprendre à m’adapter aux situations que je vais rencontrer au cours de ma Marine et surtout, trouver un esprit de cohésion et d’équipage !
EV2 Alix : Pour moi, ce sera une opportunité de découvrir la « vraie » Marine. Nous avons eu une bonne formation, appris beaucoup de théorie, et nous allons pouvoir appliquer ces savoirs. L’expérience sur les bateaux-écoles, si elle est intéressante, reste limitée. Ce sera aussi pour moi une occasion de puiser dans mes ressources et de me pousser dans mes retranchements !
Propos recueillis par l’EV1 Pierre-Elie Diby
La création de Cols bleus
Publié le 04/03/2025
Cols bleus est le plus ancien des magazines des armées toujours publié. Cela fait huit décennies que le magazine parle de la Marine et des marins, retour sur ses origines.

En 1780, la force expéditionnaire du comte de Rochambeau, chargée d’aller soutenir les insurgés américains, embarque une presse d’imprimerie. Débarquée à Newport et placée sous la direction du chevalier Edouard de Maulévrier, commandant la corvette La Guêpe, l’imprimerie de l’escadre éditera entre 1780 et 1781 huit numéros de la Gazette Françoise destinée à soutenir le moral des troupes. Ce tout premier magazine est sans doute le premier journal publié par un corps expéditionnaire français en campagne. Il est en quelque sorte l’ancêtre de Cols bleus.
Une Marine à rebâtir
Lorsqu’en novembre 1943 le Comité français de libération nationale désigne Louis Jacquinot ministre de la Marine, il doit faire face à de nombreux défis. En effet, il lui faut amalgamer(2) deux types de marins, ceux issus des forces navales françaises libres (FNFL) et ceux de la Marine de Vichy. Deux marines qui se sont affrontées dès 1940. Si, pour tous, l’objectif est de vaincre l’Allemagne nazie, des inimitiés persistent. L’objectif du ministre est de souder les équipages. L’une des solutions consiste à créer un journal qui pourrait s’exprimer d’une seule voix pour tous les marins, œuvrant ainsi à la cohésion. Mais en cette fin 1944 les moyens manquent. Le ministre fait appel à l’un de ses amis, Paul-Jean Lucas, pour mettre en œuvre cette idée. Ce journal devra pouvoir s’auto-financer, ce qui laissera une certaine liberté de manœuvre éditoriale à son rédacteur en chef, la Marine gardant un droit de regard sur les publications. Le 23 février 1945, le premier numéro de Cols bleus paraît.
Des débuts héroïques
Les premiers numéros de cet hebdomadaire vont relater la fin du deuxième conflit mondial. Paul-Jean Lucas couvre par exemple dans le numéro du 11 mai 1945, les combats de la réduction de la poche de Royan et se joint aux fusiliers marins chargés de débarquer sur Oléron. « J’ai l’honneur d’avoir été admis à embarquer avec les premières vagues d’assaut […] La vitesse augmente, le petit bateau paraît s’emballer vers la ligne sombre du rivage. Puis il ralentit soudain, choc de l’échouage.[…] Les hommes sortent précipitamment, sautent dans l’eau jusqu’aux genoux, trébuchent un peu ; quelques-uns tombent et se relèvent ruisselants.
On prend pied et on suit son chef dans l’aube naissante. L’effet de surprise sur ce coin de la plage a été total. Les boches nous attendaient sans doute ailleurs... ». Il se rendra aussi dans le Pacifique sur le Richelieu, pour couvrir les opérations contre le Japon. à cette époque Cols bleus relate la vie dans les unités de la Marine. Il devient aussi, par ses petites annonces, un outil indispensable aux marins : « On recherche Daussy Robert, matelot mécanicien sur le Jean Bart. A quitté ce bâtiment pour rejoindre les Forces Françaises Libres. Dernières nouvelles reçues, à la fin de septembre 1942. Adresser renseignements à Dekindt Pierre, matelot canonnier » (CB n° 28 du 31/08/1945). Le magazine couvre aussi les opérations, en Indochine et en Algérie. Même s’il soumet ses articles aux autorités de la Marine, Paul-Jean Lucas garde une grande liberté de ton. En 1958, alors que la IVe République est minée par l’instabilité ministérielle et la crise algérienne, Cols bleus titre en une du numéro 551 : « Dix-huit ans après l’appel du 18 juin 1940, c’est la France qui appelle aujourd’hui le général De Gaulle ». Au décès de Paul-Jean Lucas, c’est Claude Chambard qui reprend ses fonctions. Il gardera le même franc-parler, notamment pour relater les combats de la guerre d’Algérie. Ce n’est qu’a son départ que la Marine prend la main sur Cols bleus. Le magazine est placé sous l’autorité du service d’information et de relations publiques des armées (SIRPA) Marine en 1972.
Du fond et aussi de la forme
Dans son premier éditorial Cols bleus précisait qu’il avait pour objectif de « fournir aux marins une lecture choisie spécialement pour eux et de tenir le public au courant de la vie de notre Marine nationale », l’objectif n’a pas changé. Évidemment le magazine n’est plus la seule source d’information des marins mais il conserve l’objectif de les rendre fiers de leur outil de travail. Cols bleus est aussi envoyé aux parlementaires, aux ministères, aux mairies, aux établissements scolaires et universitaires, aux médias, etc. En cela il remplit toujours l’objectif de tenir le public au courant de la vie de la Marine.
A l’origine au format d’un quotidien, Cols bleus a adopté celui d’un magazine, dont la couverture est colorisée dès 1968. En 1973, la maquette évolue : figure désormais sur sa couverture un encart carré où le O de Cols bleus prend la forme d’un bâchi. Il y restera jusqu’à l’été 2000. En 2014, dernier changement de maquette et il devient mensuel. Depuis, il n’est plus vendu en kiosque, restant accessible sur le site internet colsbleus.fr qui propose également d’autres contenus. Depuis dix ans la maquette n’a évolué que très légèrement jusqu’à ce numéro qui célèbre les 80 ans du magazine et présente à ses lecteurs une nouvelle formule.
Paul-Jean Lucas, fondateur de Cols bleus

Paul-Jean Lucas, fondateur de Cols bleus.
Né à Paris le 17 février 1893 et venant d’une famille d’artistes, Paul-Jean Lucas commence sa carrière de journaliste en 1912 au quotidien Gil Blas ; rappelé sous les drapeaux en 1914, il ne sera démobilisé qu’en 1919. Il revient de la guerre avec une blessure, une citation et la croix de guerre. Il poursuit sa carrière de journaliste dans divers journaux et sera de 1932 à 1936 rédacteur en chef du Quotidien. Élu maire de Croissy-sur-Seine (78) en mars 1939, il le restera jusqu’en août 1944, pendant la guerre il fit également partie du réseau de résistance F2. Appelé fin 1944 par le ministre de la Marine à créer et prendre la direction de Cols bleus, il y resta jusqu’à son décès en décembre 1961.
Ils aiment Cols bleus... et ils le disent !
Publié le 26/02/2025
Chefs d’état-major, anciens directeurs de la publication, matelot, quartier-maître, réservistes opérationnels ou citoyens, invités d’un jour ou contributeurs réguliers, les marins d’hier et d’aujourd’hui témoignent de leur lien affectif et professionnel avec le magazine de la Marine nationale. 80 ans d’information continue, d’aventures navales, d’histoires maritimes et d’actualité autour de et sur la Marine et le monde de la mer.

Chef d’état-major de la Marine, l’amiral Nicolas Vaujour
"Depuis 1945, Cols bleus accompagne l’histoire de la Marine. Il inspire l’esprit d’équipage.
A ses débuts, une époque où la communication était éloignée de la passion des réseaux sociaux, le journal entretenait un lien essentiel entre les marins. Dès la fin de la guerre et au cours des conflits qui se sont succédés, Cols bleus a renforcé la cohésion de la Marine. Les journalistes qui l’ont fondé sont restés des reporters de « guerre navale » jusqu’au début des années 1960.
Aujourd’hui encore, à travers une variété de thèmes, de témoignages, de récits et d’images, Cols bleus renforce ce sentiment d’appartenance à une grande communauté : la Marine nationale. Au fil des décennies, j’ai observé l’évolution de son format, de sa maquette, de sa fréquence. Son lectorat également a évolué, puisqu’il est maintenant distribué dans les lycées, et les classes « enjeux maritimes » ou de défense.
La Marine s’est adaptée aux changements du monde, à l’intensité des opérations, associée à sa mémoire vivante : Cols bleus. Une chose n’a jamais changé. La mission du magazine est toujours de refléter la vie des marins, à bord des bâtiments, des sous-marins, des aéronefs, des escouades de fusiliers et commandos, dans les bases et les ports. Voir son unité en photo dans ses pages est toujours une véritable fierté. Cela permet aussi d’animer les discussions de l’équipage, et de lancer quelques clins d’œil amicaux ! "
Contre-amiral Bertrand Dumoulin
Directeur de la publication de 2016 à 2019, le contre-amiral Bertrand Dumoulin retrace son histoire avec Cols bleus.

Votre premier souvenir avec Cols bleus ?
Contre-amiral Bertrand Dumoulin : J’étais fistot à la baille, je l’ai découvert en attendant mon tour pour passer à la visite médicale.
Quelle était l’image de Cols bleus quand vous êtes entré dans la Marine ?
C.A. B. D. : C’était déjà la revue des marins qu’on trouvait dans tous les carrés (officiers, officiers mariniers) et cafétéria équipage, celle qui vous donne le sentiment et la fierté d’appartenir à une communauté.
Étiez-vous un lecteur assidu de Cols bleus ?
C.A. B. D. : Non, j’étais plutôt un lecteur épisodique mais lorsque j’ai pris le commandant de mon premier bâtiment, un patrouilleur (P400), j’ai lancé le défi suivant à l’équipage : que La Gracieuse soit l’unité dont on parle le plus dans Cols bleus. Grâce à quelques éléments moteurs, tout le monde s’est pris au jeu et nous avons été publiés plusieurs fois, à la grande fierté de l’équipage. J’ai même entendu un commandant de frégate s’étonner qu’on parle plus dans Cols bleus d’un P400 que de son fier vaisseau !
Votre regard sur Cols bleus a-t-il changé lorsque vous êtes arrivé au SIRPA ?
C.A. D. : J’ai surtout compris que Cols bleus était bel et bien lu car, j’avais très vite un retour des articles et thématiques abordés. Et le pire, à éviter à tout prix, était l’oubli malheureux… Un « amiralscope » incomplet et vous receviez très vite un coup de téléphone de la personne concernée à qui il fallait offrir, en compensation, une tribune dans le numéro suivant !
Une chose que vous avez apprise et qui vous a surpris sur le magazine Cols bleus en devenant chef du SIRPA ?
C.A. D. : J’ai trouvé une formidable équipe très (trop) resserrée, composée pour moitié d’aspirants, tous passionnés et qui ne manquaient pas d’idées pour valoriser les marins et l’activité de la Marine. Il fallait certes relire attentivement les articles car on ne peut pas exiger d’un ou d’une aspirant qu’il ait une vision globale de la Marine mais le résultat était, à chaque fois, de très grande qualité.
Un Cols bleus qui vous a marqué ?
C.A. D. : Le numéro d’avril 2017 était très particulier car il présentait la situation de la Marine française en avril 1917 avec les mêmes rubriques qu’aujourd’hui : un numéro qui a fait « transpirer » le service historique de la Défense (SHD) qui nous a bien aidés. Imaginez seulement la réaction du correspondant DPMM du SIRPA quand, pour préparer ce beau numéro, on lui a posé des questions concernant le personnel de… 1917 ! Un numéro qui restera dans les annales.
Avez-vous une anecdote particulière à nous partager sur le magazine ?
C.A. D. : En me renseignant, j’ai découvert que de nombreux marins, plutôt anciens, abonnaient pour Noël leurs filleuls ou, pour les plus âgés, leurs petits enfants à Cols bleus. Excellente idée !
Quel souvenir gardez-vous des éditos à écrire ?
C.A. D. : Un édito réussi, c’est un édito qui donne envie de lire le reste du magazine.
Amiral (2S) Bernard Rogel
L’amiral Bernard Rogel a été le chef d’état-major de la Marine de 2011 à 2016.

"Cols bleus, c’est une histoire indissociable de celle de ma vie. Cols bleus, c’est d’abord un condensé de rêves d’enfant brestois qui dévorait avec gourmandise l’hebdomadaire de la Marine française et en découpait patiemment les photographies pour les ranger religieusement, en compagnie des cartes postales de Marius Bar et d’Iris, dans un cahier d’écolier bleu qui ne m’a jamais quitté.
Cols bleus c’est aussi le journal de la Marine et sports nautiques que je lisais en 1970, en rentrant en seconde au Collège naval, bien décidé à devenir marin, et encouragé dans mes études par tous ses articles, relatant la force d’une marine renouvelée : Le porte-hélicoptères Jeanne d’arc, les porte-avions Foch et Clemenceau, la montée en puissance de la Force océanique stratégique…
Cols bleus c’est le journal de la marine et des arsenaux des années 80 et l’initiation aux médias des jeunes enseignes qui devaient à chaque escale relater leurs aventures navales afin d’alimenter, dans la rubrique « sur toutes les mers », le rêve des uns et la connaissance maritime des autres. Ce fut pour moi des articles sur une escale à Dinard sur Le Normand et une autre à Valence sur le La Praya, premiers essais littéraires publics rangés précieusement dans un album photo, vestiges d’une période particulièrement heureuse, celle des premiers pas opérationnels…
Cols bleus, c’est le magazine de la Marine et de la mer des années 2000, alors que je finissais mon troisième commandement de sous-marin, dans lequel s’imbriquaient harmonieusement des rubriques maritimes, le moniteur de la flotte annonçant promotions et mutation, des portraits de marins de toute origine, et une fois par mois en dernière page, les œuvres sublimes de nos peintres de la Marine, témoins talentueux du mélange imprescriptible de la mer et de l’art…
Cols bleus, c’est le magazine de la Marine des années 2010, dans lequel, en tant que CEMM, j’exposais mon plan Horizon Marine 2025 qui devait nous permettre de préparer, au milieu d’un coup de vent budgétaire, la marine d’aujourd’hui. Ce n’était pas « la voix du Parti » mais bien l’idée de manœuvre d’un chef à son équipage pour obtenir la nécessaire adhésion de tous, suivie d’un point régulier sur notre navigation parsemée d’embûches. J’y parlais de beaux projets, Frégate de Défense et d’Intervention, Suffren, Bâtiments Ravitailleurs de Forces et de soutien, patrouilleurs outremer, tous devenus aujourd’hui des réalités…
Cols bleus, c’est enfin le mensuel et le site internet que je continue à lire avec passion aujourd’hui, en deuxième section, et dans lequel je peux admirer les prouesses de notre belle marine et de ses vaillants équipages. C’est une pincée de sel lointain qui accompagne le crépuscule d’une vie maritime…
Que tous ceux qui ont contribué et contribuent encore à sa réalisation en soient sincèrement remerciés.
Bon 80e anniversaire à notre toujours jeune compagnon de navigation, en lui souhaitant évidemment « bon vent et bonne mer »."
Contre-amiral (2S) Éric Lavault
Directeur de la publication de 2019 à 2022

Quand avez-vous découvert Cols bleus ?
Contre-amiral Éric Lavault : À l’École navale car il était dans tous les postes.
Quelle était la réputation de Cols bleus quand vous êtes entré dans la Marine ?
C.A. É. L. : Sa terminologie était et reste probablement: « Le journal du parti ». La magie de ce magazine est que l’on s’apercevrait de son importance si jamais il disparaissait.
Quel lecteur de Cols bleus étiez-vous ?
C.A. É. L. : J’étais un lecteur lambda de Cols bleus comme tous les marins. On le parcourt, on s’arrête sur les photos et on lit ce qui nous intéresse, probablement comme n’importe quel journal. L’océan est beau et offre de splendides images. Cols bleus donne l’occasion de les admirer et de voyager.
Votre regard sur Cols bleus a-t-il changé lorsque vous êtes arrivé au SIRPA ?
C.A. É. L. : Sur le fond, mon regard n’a pas changé, d’ailleurs j’aurais trouvé cela bien présomptueux de ma part de révolutionner une revue dans laquelle toutes les équipes du SIRPA qui se sont succédé avaient mis leur patte. J’ai fait quelques retouches, on a ajouté la blague en BD « Le Saviez-vous ? » sur une idée de Philippe Brichaut (secrétaire de rédaction, NDLR). Il est nécessaire de préserver l’humour dans cette revue ; l’humour fait partie du quotidien des marins.
Une chose que vous a surpris sur le magazine Cols bleus en devenant directeur de la publication ?
C.A. É. L. : Le processus de conception du magazine extrêmement rigoureux, qui exige beaucoup de travail, et la liberté que j’avais. Je n’ai jamais été censuré.
Un article qui vous a marqué ?
C.A. É. L. : L’interview d’Ursula Pacaud-Meindl une allemande arrivée en France après la guerre. Son travail d’ingénieur au sein du laboratoire acoustique de la Direction des constructions et armes navales a grandement contribué à l’essor des performances de nos sonars, elle a été considérée comme la mère des oreilles d’or. L’excellence de la Marine dans ce domaine lui est en partie due. Son témoignage fut émouvant parce qu’elle était excessivement humble. Nous avions réalisé une interview d’elle pour ses 100 ans. Elle est depuis décédée.
Une anecdote à partager sur le magazine ?
C.A. É. L. : Lors d’une visite des locaux de Ouest France, j’avais découvert un stock de dix énormes rouleaux de papier d’impression. Le directeur du journal avait pris la décision, après les événements de mai 68, de réaliser ce stockage afin de ne jamais devoir à nouveau interrompre l’impression, quelles que soient les circonstances. Nous avons interrompu Cols bleus durant la covid, et a posteriori, si c’était à refaire, je ferais tout pour ne pas l’interrompre.
Quel souvenir gardez-vous des éditos à écrire ?
C.A. É. L. : Un moment de pression et de plaisir, j’étais content quand je les avais achevés. Je les rédigeais souvent dans le train, le temps d’un voyage. J’aimais les anticiper pour y réfléchir, faire un peu de recherches, puis je le testais sur deux ou trois amis.
Un message à transmettre ?
C.A. É. L. : Cols bleus doit être l’alliance de la modernité et de la tradition pour qu’il marche sur deux jambes. Il doit parler du matelot à l’amiral.
Une reporter d’images de la Marine lauréate du MARCOM Photography Excellence Award Program
Publié le 04/03/2025
Le maître (MT) Lumir Lugué, reporter d’images, a remporté en février 2025 le prix de la meilleure photographie dans la catégorie « Warfighting » lors des MARCOM Photography Excellence Award Program (PEAP). Organisé par le Commandement maritime allié de l'OTAN (MARCOM), ce concours annuel vise à reconnaître et célébrer l'excellence en photographie des reporters d'images (REPIM) des forces armées collaborant avec l'OTAN. Depuis 2025, les REPIM sont en effet devenus une spécialité à part entière. Cols bleus a rencontré la lauréate.

Cols Bleus : Dans quelles circonstances avez-vous participé à ce concours ?
MT Lumir Lugué : On ne part pas en mission pour gagner un concours. L’objectif premier est de répondre à la demande. Si la mission offre des opportunités, c’est un bonus. Le 30 avril 2024, je photographie un exercice de tir dans le cadre d’un exercice OTAN. Je suis alors embarquée sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme dans le cadre de la mission Standing NATO Maritime Group 2 de l’OTAN. L’image montre l’avant du bateau sur lequel se tiennent trois marins en gilet pare-balles et casque, positionnés autour d’une mitrailleuse de 12,7 mm. J’ai choisi de la soumettre à ce concours car elle mettait en scène la puissance navale alliée de manière originale.
C. B. : Qu’incarne cette photo pour vous ?
MT L. L : Cette photo dégage une vraie force. Un élément m’a d’emblée marquée : la fumée qui s’échappe du canon. À ce moment, je suis en plein exercice de tir, aux premières loges de la préparation opérationnelle des équipages. J’ai voulu immortaliser en images la puissance maritime alliée en y apportant ma perception personnelle. Je voulais travailler un côté esthétique inhabituel. La perspective en contre-plongée apporte à l’image une dynamique renforçant l’impression de puissance et de discipline militaire. La lumière de la Méditerranée lui confère un caractère unique. J’imagine que c’est ce parti pris esthétique inédit qui a contribué à retenir l’attention du jury.
C. B. : Après l’obtention de ce prix, comment voyez-vous la suite de votre parcours ?
MT L. L : J’aimerais qu’il fasse émerger d’autres projets. Montrer que les reporter d’images ne se cantonnent pas à l’événementiel en fait partie. Les réseaux sociaux et le magazine Cols bleus mettent déjà en valeur notre travail. Je pense que d’autres plateformes, comme les expositions photographiques, aideraient la filière à s’émanciper davantage. J’ai également postulé pour passer le brevet supérieur afin d’encadrer une équipe. Tant que je serai physiquement apte, je continuerai à naviguer. Mais je veux aussi me préparer à passer le flambeau.

C. B. : Quel message voulez-vous faire passer ?
MT L. L. : Grâce à mes connaissances en histoire de l’art et à mes études en arts appliqués, j’ai une perception du monde différente d’autres marins. Je m’inspire du style BAUHAUS, un mouvement artistique des années 1930 qui allie industrie et art, pour composer mes photos. Lorsque j’ai postulé comme photographe civil dans la Marine, j’avais atteint la limite d’âge. Mais j’aimais le voyage et la mer. Alors, je me suis engagée comme navigateur timonier. J’ai réalisé de nombreuses missions opérationnelles, tissé des liens indéfectibles, acquis une culture de la mer et de la Marine. Et treize ans plus tard, à 37 ans, je suis devenue reporter d’images. Finalement, mon travail ne serait pas aussi abouti si je n’avais pas eu cette expérience embarquée antérieure.
J’espère que ce prix permettra d’appuyer la reconnaissance officielle des REPIM. Depuis 2025, nous sommes devenus une spécialité à part entière. C’est un développement qui ouvre la porte à de nombreux profils pour nourrir cette filière.
Dans le sillage du... contre-amiral François Guichard
Publié le 05/03/2025
Il est le premier amiral chargé de la fonction « histoire ». Nommé le 1er juillet 2024, le contre- amiral François Guichard était auparavant commandant de la Marine en Nouvelle-Aquitaine. Rien ne le prédestinait à cumuler 28 000 heures de plongée, lui qui se rêvait dans ses jeunes années pilote d’avion, et a ensuite hésité entre l’École du Louvre et l’École navale. Ce sont finalement les grands fonds et la vie sous-marine qui le harponneront, au point d’écrire aujourd’hui des romans sur l’histoire des premiers submersibles. Ses deux passions se trouvent désormais réunies.

Amiral, êtes-vous le premier à endosser l’habit d’ALHIST ?
CONTRE-AMIRAL FRANÇOIS GUICHARD : Il n’y a pas eu d’amiral « histoire » auparavant. Cependant, la fonction existe depuis longtemps. Jusqu’en 2005, elle était incarnée par le service historique de la Marine (SHM). Le SHM a ensuite été un constituant du nouveau service historique de la Défense (SHD). Néanmoins, le SHM ne recouvrait pas toute la fonction « histoire ». Il y a un an, un conseiller « histoire », Philippe Vial, a été nommé auprès du chef d’état-major de la Marine (CEMM). C’est un universitaire, historien et réserviste citoyen. Le CEMM voulait y ajouter quelqu’un qui connaisse la Marine et ses besoins. Il peut ainsi s’appuyer sur deux jambes.
En quoi consiste votre fonction ?
CA F. G. : Avec l’appui du conseiller « histoire », je propose au CODIR de la Marine la vision stratégique et l’ambition de l’Institution en matière historique. Celle-ci s’exprime ensuite vers tous les organismes responsables de la fonction « histoire » du ministère (DMCA, SHD, musée de la Marine…) et aussi vers ceux qui portent une partie de cette fonction ou la font vivre à l’extérieur du ministère, qu’ils soient étatiques (enseignement supérieur et recherche, CNRS, Education nationale, ministère de la Culture…), institutionnels (Académie de Marine, Institut de France…) ou associatifs (Institut français de la Mer, Société française d’histoire maritime…). Mon rôle est de faire prendre en compte les besoins de la Marine par ces organismes. Il est aussi d’incarner la fonction « histoire » de la Marine, afin de mieux l’orienter, de mieux la coordonner pour que la Marine profite davantage de la qualité des travaux de ces organismes.
Sur qui vous appuyez-vous ?
CA F. G. : Je n’ai pas d’équipe dédiée. Je compte m’appuyer en premier lieu sur un conseil de la fonction « histoire » en cours de création. Il sera relativement restreint et le conseiller « histoire » en fera partie bien sûr. Et, vous l’avez compris, la fonction « histoire » s’appuie essentiellement sur tous les organismes que j’a cités précédemment. Dans ce contexte ALHIST a davantage un rôle de chef d’orchestre. Il bat le rythme, met en musique, mais ne joue pas d’instrument. Il écoute, demande un peu moins de cuivre, donne davantage de cordes, pour que l’ensemble soit harmonieux et satisfasse l’attente de la Marine en premier lieu.
Comment êtes-vous reçu auprès de ces services et institutions ?
CA F. G. : Par ceux rencontrés jusqu’ici, plutôt très très bien ! (rires) Ils sont très heureux de savoir que la fonction « histoire » de la Marine est désormais incarnée. Je dois aussi commencer par la faire connaître. Le premier comité de directeur élargi dédié à la fonction « histoire » de la Marine a eu lieu en juin dernier. Outre la création de la fonction d’ALHIST et les orientations que je viens de vous décrire ce CODIR élargi a d’ores et déjà décidé d’un nouveau mandat Marine pour les quatre prochaines années de façon à orienter la recherche et le traitement des archives sur les opérations récentes de la Marine en ouvrant l’étude au domaine interarmées et interallié.
Nous approchons des 400 ans de la Marine qui seront célébrés en 2026 : de grandes pages d’histoire !
CA F. G. : Oui, le CEMM a confié la préparation et l’organisation des 400 ans de la Marine à l’inspecteur général des armées – Marine, et ALHIST a naturellement été désigné membre du comité directeur de cet événement. Les 400 ans seront célébrés de janvier à octobre 2026. Nous célébrerons alors quatre siècles d’une Marine combattante et protectrice au service de l’Etat et de la nation : une belle occasion d’expliquer au plus grand nombre le rôle de la Marine, car ces célébrations seront aussi tournées vers l’avenir, dans une logique d'heritiers et de bâtisseurs. Ce sera la fête de tous les marins mais aussi celle de tous les Français que nous souhaitons embarquer dans des événements qui s’essaimeront sur tout le territoire et aboutiront à deux ou trois moments phares. Cela va mobiliser beaucoup de monde dans et hors de la Marine. Des projets très variés vont être lancés pour toucher un large public. Un label « 400 ans » sera créé… La communication sur ces célébrations est en train d’éclore pour y associer tous les marins.
Quel lien existe entre le monde militaire et l’histoire ?
CA F. G. : Ce lien est très fort, car traditionnellement, dans la réflexion stratégique, voire tactique, l’enseignement passe par l’histoire. Il faut connaître les événements, leur contexte, les protagonistes les ayant vécus ou influencés, pour s’en inspirer ou les critiquer, et se construire soi-même. L’histoire a la particularité d’être en même temps un objet scientifique et politique. S’il est suffisamment étayé, s’il est partagé par un grand nombre et qu’il est assumé, le roman national qu’est l’histoire contribue aux forces morales. Par exemple, célébrer la bataille de la Chesapeake revêt une grande importance dans le renforcement de celles-ci.
Que dites-vous aux jeunes qui montrent, pour certains, une désaffection pour la matière historique ?
CA F. G. : Beaucoup de gens prisent peu l’histoire et on hérite d’une génération que l’on n’a pas suffisamment su intéresser à l’histoire. Très certainement aussi, le virage des nouvelles technologies n’a pas su être pris correctement par les historiens. Ce n’est plus le cas. La barre se redresse. Il n’y a pas d’opposition entre les deux. En donnant mes conférences, je ressens même une nouvelle appétence pour cette matière. La difficulté réside souvent dans la forme. L’histoire est un travail scientifique qui nécessite des recherches, mais ensuite, la mise en valeur des travaux et leur synthèse pour les rendre accessibles au plus grand nombre reste difficile pour le spécialiste. Lorsqu’on y parvient, on se rend compte combien l’histoire de la Marine est belle et riche, combien elle est vivante et moderne, combien elle nous apprend et donne du sens. L’histoire de la Marine c’est avant tout l’histoire des marins.
Bio express

1989 : Il entre à l’École navale
2001-2002 : Commandant du patrouilleur La Glorieuse
2006-2009 : Commandant du sous- marin nucléaire d’attaque Améthyste
2013-2014 : Commandant du sous-marin nucléaire lanceur d’engin Le Terrible
2014-2018 : état-major de la Marine
2018-2022 : état-major des armées
2022-2024 : Commandant de la Marine en Nouvelle-Aquitaine
2022 : Sortie de Premières plongées (Editions Locus Solus)
2024 : Sortie de Premières armes – L’appel du large (Editions Locus Solus)
Ils aiment Cols bleus...et ils le disent !
Publié le 05/03/2025

Commissaire en chef de première classe Gonzague Aizier, lauréat du du prix Éric Tabarly du meilleur livre de mer 2024 pour son roman Après la tourmente (Ura)
« Cols bleus, pour moi, ce sont d’abord les premiers numéros glanés çà et là, enfant puis adolescent, au hasard de brèves interactions avec la Marine : une journée portes ouvertes sur le porte-avions Charles de Gaulle alors en construction à Brest, un salon étudiant, une visite du musée de la Marine.
Plus tard, élève commissaire de la Marine à Toulon puis embarqué ou en état-major, je suis devenu un lecteur régulier appréciant, comme beaucoup, de parcourir le « dernier Cols bleus ». Un lecteur avec une préférence pour les brèves d’actualité, les pages culturelles et les magnifiques photographies. Cols bleus, ce sont aussi des reproductions de tableaux en 4e de couverture, utiles pour donner de l’âme à des bureaux de passage, les petites annonces aujourd’hui disparues de recherche de permutations entre marins, qu’un lecteur distrait aurait pu prendre pour la rubrique « rencontres » d’un magazine moins officiel, ou des interviews sur les carrières aux allures parfois de publi-communiqués. Reste aussi le souvenir des articles rédigés après une escale ou une activité de rayonnement, avec des effets appuyés, insistant par exemple sur le fameux lien armées-nation… Cols bleus, c’est comme avec la famille, on le prend tout entier, avec ses immenses qualités et une forme de tendresse pour ses défauts et ses biais.
Et puis, un jour de septembre 2023, je suis passé de l’autre côté du miroir. Pour une interview autour de mon premier livre. J’arrive stressé, tenaillé par un sentiment d’imposture. équipe attentive et professionnelle, questions ajustées d’une journaliste qui a lu et apprécié le livre. Je me détends et l’interview se fait sans heurts. Plus tard, j’ai eu de nouveau la chance d’être interviewé dans le cadre de la sélection du prix Encre Marine à Toulon, toujours avec compétence et bienveillance.
Merci à l’équipe de Cols bleus d’avoir été à mes côtés pour cette étape et surtout de continuer à nous faire embarquer et rêver. »
Philippe Brichaut, secrétaire de rédaction de Cols bleus
Aujourd’hui réserviste et instructeur au sein d’un centre de préparation militaire Marine, cet ancien marin est la « mémoire vivante » de Cols bleus. Il occupe le poste de secrétaire de rédaction du magazine depuis neuf ans.

Qu’est-ce qu’un secrétaire de rédaction ?
Philippe Brichaut : Il est l’interface entre l’éditeur, les différents contributeurs et l’imprimeur. Je suis aussi journaliste, j’écris des articles, réalise des reportages et des interviews.
Quand a débuté votre histoire dans la Marine ?
Ph. B. : Je me suis engagé en janvier 1990 comme matelot, j’ai principalement travaillé en ressources humaines, dans des unités à terre et embarquées, au sein d’état-major, des fusiliers marins à l’aéronautique navale.
Quand avez-vous découvert Cols bleus ?
Ph. B. : Lors de ma préparation militaire à Jeumont dans le Nord, où nos instructeurs nous le distribuaient religieusement.
Un numéro dont vous êtes très fier ?
Ph. B. : Celui sur le centenaire du premier conflit mondial. Le magazine a été écrit comme si on était en 1917. Et là, c’était une vraie course à l’échalote pour trouver des photos. À l’époque, il y avait beaucoup moins de photographes qu’aujourd’hui et la conservation était plus compliquée. C’est un numéro intemporel, qui sera toujours intéressant et utile dans dix ou quinze ans.
Un article qui vous a marqué ?
Ph. B. : Mon reportage en Belgique pour commémorer la bataille de Dixmude. C’était bien l’une des premières fois où je suis allé en reportage un peu plus loin que Paris.
Des articles très historiques !
Ph. B. : J’ai toujours aimé l’histoire, c’est un sujet qui m’intéresse. Plus simple à écrire mais les recherches sont plus importantes que pour un article classique ou une interview.
Un bon souvenir ?
Ph. B. : La première fois où j’ai eu ma « tronche » dans Cols bleus en 1995. C’était à l’occasion des championnats d’escrime de la Marine, je me suis retrouvé en photo dans la rubrique sport, avec mes camarades de l’équipe de Brest. Nous venions de remporter l’épreuve par équipe, et n’étions pas peu fiers d’être dans Cols bleus.
Comment avez-vous vécu ce passage de marin à secrétaire de rédaction ?
Ph. B. : Le point commun entre les deux, c’est la capacité d’adaptation. Un marin, surtout embarqué, doit effectuer des tâches éloignées de sa spécialité. J’étais RH mais sur toutes mes affectations embarquées, j’étais aussi barreur, pompier lourd ou léger, téléphoniste du directeur d’intervention, opérateur sonar sur chasseurs de mines et officier de quart aviation sur frégate de type La Fayette. Chaque marin doit s’adapter, sortir de sa zone de confort, apprendre des nouvelles choses. Alors, quand je suis arrivé à la rédaction, cette polyvalence enseignée par la Marine m’a servi à apprendre mon nouveau métier.
Quartier-maître Félix, guetteur sémaphorique
Dans le n°3121, Cols bleus avait dressé le portrait du quartier-maître Félix qui revient ici sur son expérience.

Un article qui vous a marqué ?
Quartier-maître Félix : Je venais de rentrer dans la Marine, et j’avais lu un article sur le rythme de vie des plongeurs-démineurs. J’avais trouvé ça super intéressant et ça m’avait poussé à me renseigner sur des spécialités que je ne connaissais pas.
Votre ressenti avant l’interview ?
QM. F. : J’étais très stressé parce que j’avais peur de ne pas trouver mes mots et ne pas réussir à mettre en forme mes idées. Comme c’est un métier auquel je tiens beaucoup et qui est assez méconnu, je n’avais pas envie de donner une mauvaise impression. Quand j’ai vu l’article paraitre, j’étais content car je pensais avoir donné une bonne image de la spécialité.
Quel souvenir garderez-vous de ce moment ?
QM. F. : C’était un moment vraiment sympathique, j’ai apprécié l’exercice. Cela faisait bientôt trois ans que j’étais dans la Marine et j’avançais sans trop me poser de question. Le fait de me forcer à revenir en arrière, à relire les expériences positives ou négatives que j’avais eu et faire un peu l’historique de ce que j’avais vécu m’a servi.
Une anecdote particulière ?
QM. F. : Pour illustrer l’article, des reporters images sont venus pour prendre des photos. C’est un exercice auquel je ne suis pas vraiment habitué, dans le privé je prends peu de photos. Je me souviens d’une scène où j’étais debout en uniforme sur un banc public, sur le petit sentier devant le sémaphore. Je devais croiser les bras et regarder vers la mer, c’était un peu lunaire comme situation, les passants passaient derrière moi étonnés, je me sentais un peu ridicule.
Comment ont réagi vos proches en découvrant l’article ?
QM. F. : Ils étaient assez fiers de voir que j’apparaissais dans un magazine, ça leur faisait bizarre mais oui, ils étaient contents et ils ont ri de cette pose dont je vous parlais. Dans l’article je parlais de mes collègues et la bonne expérience que j’avais eu à l’île de Batz. Je ne leur avais pas forcément dit, l’article leur a fait plaisir et ça a été l’occasion de partager ça.
Capitaine de vaisseau Jocelyn Delrieu, commandant du porte-hélicoptères Dixmude

« Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours aimé naviguer. Autour des bancs de sable qui parsèment l’entre terre et mer du pays où j’ai grandi. Cherchant à repousser un peu plus loin chaque année l’horizon. Nourri par des récits d’aventure récupérés çà et là : Jules Verne et son Nautilus, Adlard Coles face au gros temps, Moitessier et sa Longue Route, l’épopée des contre-torpilleurs du type Le Fantasque ou celle, héroïque, des sous-mariniers américains dans le Pacifique sous la plume d’Edward. L. Beach.
Puis vint une rencontre au Salon nautique de Paris avec deux marins ayant parfaitement réussi leur mission, et qui me laissèrent emporter les trois derniers Cols Bleus. C’en était fait : pas encore adolescent mais déjà abonné, l’un des plus jeunes peut-être ; pas encore un pied à bord mais l’impression de faire partie de l’équipage. Et lorsqu’aujourd’hui le dernier Cols Bleus arrive au carré du Dixmude, je le feuillette avec plaisir. J’y retrouve des camarades et des images comme seule la Marine sait en produire. Puis, je le laisse innocemment traîner : peut-être incitera-t-il d’autres jeunes à choisir cette vie de marin et à s’exempter ainsi de ce qui est prévisible. »
Bilan Narcops de l’année 2024 : près de 48,3 tonnes de drogues interceptées par la Marine
Publié le 04/03/2025

En douze mois, les bâtiments militaires français ont assuré dix grosses opérations, essentiellement en haute mer, en coopération avec les autres services de l’État. L’explosion des prises de cocaïne est flagrante. Marginale avant 2022, la cocaïne est désormais le premier produit saisi : 40,2 tonnes sur les 48,3 tonnes interceptées en 2024, contre 21 tonnes en 2023, 9,2 tonnes en 2022 et moins de 2 tonnes par an entre 2018 et 2021. Les autres drogues saisies sont le cannabis (5 tonnes), les méthamphétamines (près de 3 tonnes), et loin derrière, l’héroïne et les opiacés (118 kilos) puis les drogues de synthèse
Maistrance 2025 embarquée : carnet de bord des élèves maistranciers
Publié le 26/02/2025
Vaisseau emblématique de la Marine nationale, le porte hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre est un lieu d’apprentissage idéal pour les élèves officiers mariniers qui ont la chance de vivre une expérience embarquée. Une opportunité au cœur de laquelle nous plonge ce journal de bord écrit à quatre mains.
27.01
Nous y voilà. Nous nous retrouvons devant le Tonnerre. Fier de ses 199 mètres de long et 64 mètres de haut, ce colosse d’acier est notre seconde maison pour les cinq prochains jours que nous passerons en mer. Nous sommes perdus dans les méandres des coursives qui s’entremêlent.
À peine le soleil levé, le signal retentit, tout le monde au poste de combat de vérification ! Nous appareillons ! Le temps pour nous de mettre nos accessoires à poste, le bâtiment quitte le quai, direction le large.
Le premier jour s’inscrit sous le signe de la découverte. Nous repérons les endroits essentiels : poste, réfectoire et hangar véhicules supérieur, notre lieu de rassemblement. Nous discutons avec les marins du bord. Au sein des carrés règne la bonne humeur. Chacun raconte ses anecdotes sur les opérations et les situations périlleuses rencontrées comme cette tempête essuyée au large du cap Horn par mer 8. C’est sur ces histoires de marins que se conclut la journée.
28.01
Nous commençons l’instruction avec un cours essentiel aux futurs équipages destinés à combattre en mer : la maîtrise des capacités opérationnelles. Après la théorie, repérage du matériel disposé dans les coursives : canots de sauvetage et combinaisons individuelles de survie.
Plus tard, direction le radier, point névralgique des opérations amphibie pour une manœuvre de balastage puis d’enradiage des engins de débarquement amphibies. Une réussite malgré une mer agitée ! Nous participons à un briefing d’activité auquel assiste le commandement. Il est question de météo, de navigation et de logistique. 20h, postés derrière une 12,7mm avec quatre camarades, nous assistons à l’entraînement de tir mené par les électroniciens et mécaniciens d’armes. Dans l’obscurité, des rafales de vent fouettent nos visages. 20h30, le tireur reçoit l’ordre de faire feu : une fusée simulant un drone sert de cible. Les 25 coups partent, l’objectif est neutralisé.
29.01
Nouvelle facette de la vie embarquée : immersion au sein du service des systèmes d’informations et de communication.
Au centre des enjeux opérationnels, la transmission de messages, chiffrés ou non. L’information est le nerf de la guerre. Ces techniciens travaillent de concert avec le central opération, les yeux et les oreilles du bâtiment. C’est ici, dans cette pièce calfeutrée, à l’abri des regards, que les détecteurs scrutent les radars à la recherche de la moindre anomalie.
30.01
Ce matin, rendez-vous en passerelle aviation. Cet emplacement privilégié offre une vue dégagée sur le pont d’envol et les hélicoptères en contrebas. Moment marquant de la journée, les exercices d’appontage des Caïman et Tigre du détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre, embarqués sur le Tonnerre.
Sous la supervision de l’officier de quart, nous descendons sur le pont. Les hélicoptères décollent un à un sous nos yeux ébahis, le souffle des pales nous poussant contre la paroi. Les pilotes qui passent leurs qualifications nous font visiter leurs machines. Des engins fascinants !
31.01
Nous nous apprêtons à accoster à Toulon pour notre retour.