Programme « Accueil et soutien Barracuda », une collaboration étroite entre la Marine et le SID

Publié le 19/06/2025

Auteur : ASP Clémence de Carné

Les travaux débutés en 2019, pour le programme « Accueil et soutien Barracuda » visent à adapter les infrastructures de la zone Missiessy pour accueillir les SNA de type Suffren.

Sur ce chantier, Louis, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts (IPEF) pour le service d’infrastructure de la Défense (SID) est l’un des liens entre la Marine et le SID.

Cols bleus : Quelle est votre formation ?

IPEF Louis : Après deux ans de prépa scientifique, je suis rentré à l’École polytechnique. En fin d’école, j’ai passé un an à l'École nationale supérieure des mines de Paris en génie atomique et un an à l’École des ponts et chaussées.

CB : Pourquoi cet attrait pour le domaine militaire ?

IPEF L. : En rentrant dans une école militaire (Polytechnique, NDLR), j’avais déjà une appétence particulière pour ce domaine, confirmée par une année passée dans l’armée de Terre. Le cadre militaire est clair et précis, ce que l’on ne retrouve pas forcément dans le civil. Le contexte militaire est très intéressant pour exercer le métier d’ingénieur, on peut se concentrer pleinement sur des projets ambitieux.

CB : Quelle est votre fonction au sein du service d’infrastructure de la Défense (SID) ?

IPEF L. : Je suis arrivé au SID l’été dernier. Je travaille sur le programme « Accueil et soutien Barracuda » (ASB), qui consiste à rénover toute la zone Missiessy pour permettre l’accueil des nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque de type Suffren. Dans la division programmes sous-marins (PSM), je suis l’adjoint opération, donc j’assiste le chef de division sur toute la partie opérationnelle. Je travaille avec la Marine pour faire coïncider nos échéances et nos contraintes avec les leurs, jusqu’à la livraison des infrastructures. En amont, il y a tout un programme d’appropriation par la Marine de ces infrastructures. Lors de nos essais, elle nous fournit notamment le sous-marin pour que l’on puisse tester nos infrastructures. Dans ces phases-là, c’est crucial d’avoir l’appui de la Marine.

CB : Comment s’organisent vos missions ?

IPEF L. : Les entités qui gravitent autour d’ASB (CECMED, le service de soutien de la flotte (SSF), la base navale de Toulon, la DGA, la DIRISI) font remonter les différentes problématiques les concernant et nous cherchons des solutions ensemble. Parfois, ce sont des sujets à court terme qui nécessitent des petites manipulations, mais certains nécessitent une préparation et une anticipation à moyen et long terme, jusqu’aux années 2030.

CB : Comment se déroulent vos échanges avec la Marine ?

IPEF L. :  Le travail en local avec les différentes entités se déroule au mieux, en particulier avec le SSF et CECMED. Le dialogue avec la Marine est vraiment bon, on travaille avec des gens qui aiment ce qu’ils font et c’est vraiment plaisant. Le programme ASB représente 3 milliards d’euros, l’ampleur est telle que nous ne pouvons pas travailler seuls.

CB : Un souvenir marquant de votre expérience au SID ?

IPEF L. : Le bassin central qu’on a livré à la Marine le mois dernier et qui, pour la première fois, a été utilisé pour faire l’entretien d’un sous-marin. C’était très serré d’un point de vue calendaire. Depuis le mois de septembre, les derniers travaux sont à flux tendus pour permettre d’atteindre les échéances. Jusqu’au dernier moment, le niveau de pression était maximal, on a eu des difficultés jusqu’aux dernières heures. Il a fallu résoudre des problèmes électriques en l’espace de dix jours avec un bateau au bassin. Là où on aurait pu mettre six mois à trouver les solutions et les réaliser, tout s’est débloqué très rapidement grâce au travail des industriels et la rapidité des autorités.

Programme « Accueil et Soutien Barracuda » , une gouvernance présidée par la Marine

"Depuis le 11 mai, un 2e bassin dans la zone Missiessy est disponible. Une étape importante dans la refonte de cette zone, effectuée sous maîtrise d’ouvrage du SID. La troisième et dernière phase permettra de réceptionner l’atelier réacteur ainsi que sa piscine de stockage des éléments combustibles puis le bassin 3 pour l’arrêt technique majeur (ATM) du SNA Suffren à l’horizon 2030.

Trois bassins sont nécessaires : le premier pour les ATM décennaux (IPER : interruption pour entretien régulier), un bassin entretien courant et un bassin d’alerte afin de répondre à une quelconque difficulté d'un SNA en cycle opérationnel sous la ligne de flottaison. Durant le chantier, des arrêts techniques ont dû être conduits à quai et nous avons dû décaler certains contrôles calendaires de la coque épaisse. La COVID-19 mais également l’incendie du SNA Perle le 12 juin 2020 ont bouleversé le chantier. Ainsi, en 2024, le SNA Améthyste avait fait son AT durant 6 mois dans un bassin de la zone Vauban, dédiée au MCO des bâtiments de la force d'action navale. En étroite collaboration avec le bureau prévention maîtrise des risques environnementaux de CECMED, nous avons conduit des études de sûreté nucléaire afin d’accueillir à proximité du centre-ville de Toulon ce SNA, en toute sécurité."

Capitaine de Corvette Arnaud, ingénieur responsable du bâtiment pour les SNA de type Suffren au SSF