Voyage d’une femme au Spitzberg

Publié le 01/07/2024

Auteur : La Rédaction

Pétri depuis l’adolescence des romans et de la poésie de Victor Hugo, auquel il a consacré un Dictionnaire amoureux chez Plon il y a tout juste un an, Sébastien Spitzer redonne ses lettres de noblesse à l’une des compagnes de l’écrivain.

Muse avant de devenir l’épouse de François Biard, un peintre en vogue dans le Paris émeutier du roi Charles X, Léonie est une aventurière dans l’âme. Lorsqu’elle entend le célèbre explorateur Paul Gaimard décrire sa prochaine expédition au Spitzberg, elle se promet d’en être. Que les femmes ne soient pas autorisées à monter à bord d’un bâtiment de la Marine royale ne l’effraie pas. Un pacte est passé avec le capitaine de corvette Fabvre, commandant du navire : son sésame contre une coupe de cheveux à la garçonne. L’équipage n’est pas dupe, mais Léonie réussit son pari. Le retour à terre célèbre un autre feu d’artifice : la rencontre avec l’auteur des Misérables, dont les premières pages s’écrivent sous nos yeux. Avec Léonie, il va vivre une passion fulgurante totalement interdite. Contrairement à Juliette Drouet, sa maîtresse officielle, Léonie est mariée à un homme à la jalousie cruelle. Sa vengeance ne se fait pas attendre. Une réputation détruite et c’est une vie qui bascule ; Léonie en fera l’amer apprentissage. En parallèle, Hugo, qui a sauvé un enfant de la noyade, un certain Gavroche, part en croisade contre le plus gros scandale de l’époque : le saturnisme. Sébastien Spitzer s’empare de cet épisode pour questionner la condition féminine. Il dénonce de façon subtile, sans rien enlever au romanesque, le poids des normes sociales dans une société corsetée qui se réfugie derrière un paravent d’hypocrisie. Nerveux, passionnant et révolté.
 

Léonie B. de Sébastien Spitzer.
Albin Michel, 336 p., 21,90 €.