Sous-chefferie plans-programmes de l'Etat-major de la Marine: organiser l’avenir de nos capacités
Publié le 03/10/2024
Sous-chef d’état-major « plans et programmes », le contre-amiral David Desfougères est chargé d’élaborer la politique générale de la Marine, de proposer son organisation générale et son format en vue du combat. Il veille plus particulièrement à la robustesse, au pragmatisme et à la soutenabilité des programmes futurs. Il explique à Cols bleus, comment maintenir une marine de combat et préparer celle de demain.

Quelles sont les missions de « plans et programmes » ?
La mission première est d’aider le major général (MGM) et le chef d’état-major de la Marine (CEMM) à organiser l’avenir de nos capacités. Il s’agit de travailler sur les capacités du futur, les bateaux, les avions, les sous-marins mais aussi les unités de forces spéciales, en ayant toujours en tête la préparation des forces au service d’une Marine de combat. Il n’y a pas de mission secondaire, pas d’autre objectif. En 2030, en 2040, les marins des forces et unités combattantes devront être équipés pour être au rendez-vous du combat de demain.
D’après quels facteurs sont déterminées les capacités à venir de la Marine ?
Le capacitaire doit en permanence prendre en considération de nombreux paramètres dans une grande équation. Les finances, les ressources humaines, la technologie, pour n’en citer que quelques-uns. L’ensemble forme une somme de critères qui permettent à nos officiers de préparer les capacités de demain. Il s’agit d’un travail de coordination entre de nombreux acteurs. Si les industriels nous indiquent que dans vingt ans les bateaux seront très numérisés, il faut dès maintenant travailler avec la direction du personnel de la Marine pour lancer des formations.
Comment préparer la Marine dans un monde politiquement instable ?
Le CEMM a rappelé l’équilibre à trouver entre détermination du temps long et agilité du temps court. Pour le capacitaire, c’est pareil. Actuellement nous travaillons sur le porte-avions nouvelle génération (PA-NG) : admis au service actif à partir de 2038, sa durée de vie sera de 40 ans, ce qui l’amène en 2078. à côté, nous pouvons aussi réagir très vite (lire page ci-contre l’article sur le Retex en mer Rouge NDLR). Nous faisons de la prospective générale et la DGA mène une veille ouverte sur le monde. Tout se réfléchit en amont, afin d’avoir des plateformes viables et modifiables à la marge pour répondre aux besoins opérationnels et à la situation du combat de demain.
Où en est le programme Barracuda ?
Il s’agit des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Suffren qui vont remplacer ceux de la classe Rubis. Les deux premiers sont déjà livrés, un troisième effectue ses premières heures de plongée en eaux libres : il est actuellement en train de faire sa première plongée à immersion à P (profondeur de référence). Le quatrième fera ses premiers essais à la mer en 2026 ; enfin, les deux derniers seront livrés entre 2027 et 2029. Le SNA de nouvelle génération a pris certaines capacités développées sur les sous-marins nucléaires lanceur d’engin (SNLE) de 2e génération, en matière de discrétion acoustique par exemple, tout en gardant son ADN de SNA. Sa capacité militaire a été renforcée : il sera possible de faire rentrer un petit sous-marin dédié aux forces spéciales dans un hangar de pont. Très peu de marines en sont capables ! L’autre grande nouveauté est le missile de croisière navale embarqué à bord.
Que pouvez-vous nous dire sur le sous- marin lanceur d’engin de 3e génération ?
La découpe de la première tôle du SNLE 3G a eu lieu en mars 2024 à Cherbourg. C’est un programme dont les travaux se poursuivent afin de pouvoir lancer la réalisation de certains équipements et d’être au rendez-vous de la première patrouille opérationnelle dans la prochaine décennie.
Plans et programmes
— Une entité placée sous les ordres du MGM.
— 80 officiers en tout, principalement à Paris mais aussi à Brest, Toulon et Cherbourg
— 4 bureaux organisés par milieux (surface, sous-marins et disuasion, fusiliers marins commandos et affaires transverses et aéronavale) complétés de trois cellules (études et prospective générale, cohérence organique et innovation, études, labs)
— En lien avec les autres sous- chefferies et les autorités de coordinations de l’état- major de la Marine.
— En lien avec les autorités organiques, territoriales, et avec les autorités extérieures à la Marine tels que l’état- major des armées (EMA) et la Direction générale de l’armement (DGA).
— Le centre d’expertise des programmes navals (CEPN) est rattaché à « plans et programmes »
Deux centres experts au service de l’innovation
Le Centre d’expertise des programmes navals
Pilier fondamental de la Marine pour l’innovation et la transformation numérique, le CEPN pilote de nombreux projets, comme les expérimentations matérielles et le développement de logiciels. Basé à Toulon, avec des antennes à Brest et Lorient, il rassemble l’expertise technico-opérationnelle pour les bâtiments de surface et les sous- marins. Ses actions couvrent diverses spécialités marines : systèmes de combat, mécanique, sécurité, manœuvre, guerre des mines, systèmes d’information et de commandement. Au sein du CEPN, le centre de services de la donnée et de l’intelligence artificielle (CSDIA-M) est le référent data pour la Marine en terme d’architectures techniques, intelligence artificielle, traitement et production de données. Il recueille, analyse et synthétise l’information d’où qu’elle vienne, pour aider à une prise de décision rapide et efficiente. Par son action, le CEPN contribue à façonner la Marine nationale de demain, une Marine en pointe.
Le Centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale
Le CEPA/10S a effectué en 1920 le premier appontage avec crosse et brin d’arrêt en France et enchaîne encore aujourd’hui les « première fois » afin de porter l’innovation aéromaritime. Sa mission principale est d’expérimenter de nouvelles capacités, voire de concevoir intégralement des solutions aéronautiques afin de répondre aux besoins opérationnels des flottilles. Concrètement, le centre étudie et met à l’épreuve le nouveau matériel afin de préparer sa mise en service opérationnel, conçoit et produit des équipements de mission au profit de tous les aéronefs de la Marine. La compétence du CEPA/10S s’étend également aux expérimentations techniques d’aéronefs modifiés, aux vols de réception et d’intégration des systèmes d’armes. L’unité assure aussi les vols de convoyage des aéronefs entre leurs sites d’exploitation par les flottilles et les sites industriels de maintenance.