Service de soutien de la flotte : pas de trêve pour le maintien en condition opérationnelle en Nouvelle-Calédonie
Publié le 04/11/2024
La crise que subit la Nouvelle-Calédonie depuis mai dernier complique le travail du service de soutien de la flotte, sans l’entraver. La priorité donnée au maintien en condition opérationnelle (MCO) des bâtiments basés à Nouméa demeure.

« Situé à 17 000 km de la métropole, le défi du service de soutien de la flotte réside dans la livraison rapide des pièces à Nouméa, soumis à un régime douanier spécifique », explique le capitaine de frégate (CF) Philippe, directeur de l’antenne du Service de Soutien de la Flotte (SSF) en Nouvelle-Calédonie.
L’antenne locale du SSF est garante de la disponibilité technique des bâtiments basés à Nouméa, et conduit leurs arrêts techniques, pour entretien, réparations et améliorations.
Les émeutes qui frappent l’île depuis plusieurs mois ont conduit au déclenchement de la première procédure « RAV/DELTA », mise en place en 2023 avec le centre du soutien des opérations et des acheminements (CSOA), qui vise à importer des équipements et rechanges industriels grâce à la logistique militaire. « Nous avons profité du pont aérien pour récupérer des pièces de l’industriel qui normalement circulent par des voies civiles., relate le capitaine de frégate. Les avions militaires ou les avions affrétés du ministère des Armées ont permis d’acheminer du matériel et les relèves dans le cadre de la crise ».

Admis au service actif en 2023, le patrouilleur outre-mer (POM) Auguste Bénébig a bénéficié de son premier arrêt technique (AT) au mois de juillet dernier. L’objectif : redonner tout son potentiel technique à ce patrouilleur afin qu’il puisse reprendre rapidement la mer et accomplir ses missions opérationnelles.
Le CF Philippe confie : « Les difficultés de cet AT résidaient dans les restrictions des vols, le manque de bateaux qui acheminent le matériel, le couvre-feu et la situation sécuritaire. Si Nouméa était assez calme, ce n’était pas le cas sur l’ensemble du territoire. »
Malgré la crise intérieure, le chantier a pleinement répondu aux défis et n’a accusé qu’un retard limité. « Très vite, nous avons vu que les pièces n’arriveraient pas à temps, alors nous avons décalé l’arrêt technique de 15 jours. À ce moment-là, nous ne savions pas combien de temps la crise allait durer. Si on ne faisait pas l’AT dans cette fenêtre de tir, peut-être qu’on n’aurait pas l’occasion de le faire avant longtemps, ce qui impliquait potentiellement l’indisponibilité donc l’immobilisation du Benebig. »
Dès réception des pièces, les tâches de maintenance sont lancées par les industriels, l’équipage et les ateliers. Le moteur électrique est démonté, nettoyé, recâblé tandis que le défaut sur les guideaux de cabestan est corrigé. Grâce au travail effectué en étroite collaboration avec le tissu industriel local et les ateliers militaires de soutien outre-mer (AMSO) de la base navale de Nouméa, les équipes ont su adapter les méthodes de travail pour surmonter les difficultés techniques et logistiques. Trois semaines après le début du chantier, le navire a pu reprendre la mer le 13 juillet.
Un arrêt technique (AT) en chassant un autre, le SSF s’est à nouveau mobilisé pour la frégate de surveillance Vendémiaire, immobilisée depuis août pour deux mois et demi d’entretien. L’occasion de moderniser le système de navigation, changer les consoles et les capteurs, les radars de navigation et le contrôle commande du système de propulsion. « Le bâtiment est assez ancien, chaque arrêt technique important permet d’investir dans l’avenir, le SSF change et remplace, des éléments de structures pour redonner du potentiel à la frégate, en attendant les corvettes hauturières », précise le CF Philippe.
L’AT du Vendémiaire s’est terminé le 18 octobre et son prochain ne devrait survenir qu’en 2026.
L’arrêt technique du Bénébig et du Vendémiaire démontre toute l’efficacité du SSF y compris dans un contexte de crise et aux antipodes. Elle illustre également la pertinence de la procédure « RAV/DELTA ». Elle rappelle enfin la nécessité de maîtriser les flux logistiques, tant militaires que civils, pour soutenir efficacement et durablement les bâtiments de la Marine, quel que soit leur lieu d’affectation.
