Second maître Rodolphe : chef de cuisine du patrouilleur de service public (PSP) Cormoran

Publié le 01/04/2024

Auteur : La Rédaction

Qui peut se targuer d’être arrivé dans la Marine à l’âge de 30 ans ? Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Admis en mai 2023 à l’École de maistrance, le second maître Rodolphe a déjà derrière lui une belle carrière.

Tout commence par l’obtention d’un brevet d’étude professionnelle de cuisinier en lycée hôtelier, qu’il décide de compléter par un bac professionnel. Une scolarité effectuée en alternance au Manoir des portes, adresse prestigieuse des Côtes d’Armor auréolée d’une étoile au guide Michelin. Dès lors, ses rêves de cuisine prennent une autre tournure. Le jeune apprenti se construit au sein de l’établissement gastronomique une solide formation puis ajoute une corde à son arc par une année complémentaire en « spécialité dessert du restaurant ». Le voilà désormais cuisinier et pâtissier. Un profil qui lui donne des ailes et lui ouvre les portes l’année suivante du Kilimandjaro à Courchevel, adresse elle aussi gratifiée de deux étoiles au Michelin.

Après deux ans comme « chef de partie », il quitte la montagne pour la Corse, direction Bastia, au restaurant Le Nova, au poste de second de cuisine. La défection soudaine du chef de cuisine le propulse sur le devant de la scène comme chef. Il n’a que 24 ans. Un an plus tard, il se laisse tenter par un poste à l’autre bout du monde en Nouvelle-Zélande et devient, pour six mois, le chef du Link à Christchurch. L’année suivante, il retourne en Corse où les propriétaires de son ancien restaurant ouvrent Le café des gourmets dont ils lui confient la cuisine. Après l’île de beauté, c’est Minorque qui l’attire dans ses filets, où il officie dans les cuisines d’un hôtel de luxe. De retour en France, il rejoint les fourneaux du Chateaubriand un étoilé parisien.

Malgré cette belle carrière, le jeune homme est en plein questionnement. « La cuisine restait une grande passion, une vocation même, mais la lassitude a fini par me gagner », confie le second maître. « J’avais l’impression d’avoir fait le tour de mon métier en restauration gastronomique ». Par ailleurs l’alternance de saisons qui l’oblige à changer de cuisine tous les six mois ne lui convient plus. Jusqu’au jour où il tombe à Brest sur une affiche du service de recrutement de la Marine. L’évidence s’impose : lui qui a toujours aimé la pêche, la voile, le surf, bref tout ce qui touche à la mer, réalise aussi qu’il a toujours eu un fort attachement pour son pays. En devenir l’un des défenseurs lui semble naturel. Pourquoi pas lui ? Il pousse la porte du Cirfa de Saint-Brieuc et en mai 2023, le jeune trentenaire se retrouve assis sur les bancs de l’École de maistrance. « Revenir en cours à 30 ans m’a fait tout drôle », s’exclame-t-il. En revanche il adore l’ambiance et découvre avec plaisir l’esprit d’équipage qui y règne. « Ce furent quatre mois de réel plaisir. Bien sûr j’ai été brocardé sur mon âge par les plus jeunes et surtout par le Bidou, mais ils témoignaient quand même un certain ”respect” à l’ancien que je suis ».

À sa sortie de maistrance, il a rallié le patrouilleur de service public Cormoran, où, il a découvert à bord une nouvelle vie. Non seulement il reste chef de cuisine, mais en plus il voyage et découvre avec plaisir les autres tâches qui lui sont confiées : équipier plage arrière au poste de manoeuvre, membre de l’équipe d’alarme, tireur arme automatique (AANF1). Il rêve déjà de régaler les papilles des plus hautes autorités, et pourquoi pas intégrer un jour la brigade élyséenne, pour servir le chef des Armées.

Parcours 

2016 : obtention du BEP de cuisinier

2018 : obtention du bac pro cuisinier en alternance

2019 : cuisinier dans un restaurant 2 étoiles au guide Michelin 2021 : chef de cuisine d’un restaurant à Bastia

2023 : Admis à l’École de maistrance et affecté sur le PSP Cormoran 

 

Meilleur souvenir

« Il est très récent car je suis un ”jeune” marin malgré mon âge : c’est la première fois que j’ai franchi les passes du port de Cherbourg depuis le pont du Cormoran, vêtu de ma tenue de protection de base (TPB). La signification était énorme : cela voulait dire que j’étais prêt pour ma première navigation. À ce moment-là, je me suis vraiment senti marin. Depuis, je ne me lasse pas chaque matin d’observer le soleil se lever sur la mer. »

Focus : La filière restauration

Affecté à bord des bâtiments de la Marine, à terre dans les centres de restauration collective, le cuisinier supervise l’élaboration des repas et des menus, et veille à l’hygiène alimentaire. Il peut être amené à préparer des réceptions et peut aussi être affecté auprès des plus hautes autorités de l’Etat.

Dans la Marine, 50 % des effectifs en charge de la restauration sont embarqués à bord des bâtiments de la Flotte. Essentielle à l’accomplissement des missions des unités de la Marine, la filière regroupe deux spécialités : cuisinier et spécialiste de la restauration. En 2023, 179 jeunes, âgés de 17 à 30 ans, ont intégré l’Institution, sous contrat de deux à dix ans. En mer comme à terre, en restauration collective ou auprès de hautes autorités, ces professionnels de l’hôtellerie restauration contribuent, entre autres, à l’entretien du moral de l’équipage. Aussi, outre les besoins inhérents aux missions, leurs savoir-faire et la qualité de leurs services contribuent directement au rayonnement de la France, notamment lors des escales à l’étranger.