Capitaine de frégate Laurent Legenvre, commandant de la flottille 21F : « L’aventure, la cohésion, l’incertitude, l’esprit corsaire et offensif sont dans notre ADN »
Publié le 14/05/2025
Depuis dix ans à la patrouille maritime, le capitaine de frégate (CF) Laurent Legenvre, commandant de la flottille 21F, liste les défis qui attendent la PATMAR : maintien du savoir-faire, défi capacitaire en lien avec les industriels et défi humain.

Cols bleus : Le rajeunissement des équipages et le maintien des compétences est un enjeu majeur pour les armées : comment relevez-vous ces défis au niveau de votre flottille ?
CF Laurent Legenvre : La patrouille maritime (PATMAR) connaît un rajeunissement des opérateurs. En 2015, les marins de la 21F totalisaient en moyenne 11 ans de carrière. Aujourd’hui, cette moyenne est descendue à 7 ans. Les nouvelles générations ont des facilités pour appréhender les nouveaux systèmes qui équipent aujourd’hui les ATL2 standard 6. La commande de la caméra embarquée sur ATL2, la Wescam, ressemble à une grosse manette de console de jeux. Ce rajeunissement nécessite un encadrement accru par les OMS, que ce soit dans les quarts techniques mais également dans la formation des équipages.
C. B. : Vous évoluez dans la PATMAR depuis plus de dix ans, comment les impératifs stratégiques ont-ils changé la façon de travailler des équipages ?
CF L. L. : Lorsque je suis arrivé en flottille, la PATMAR était pré-positionnée de manière permanente en Afrique, à Dakar et à Djibouti. Les missions aéroterrestres concentraient une grande partie de l’activité des équipages avec les opérations Serval puis Barkhane et Chammal. Aujourd’hui, la volatilité géostratégique se ressent dans notre activité : nous n’avons plus de détachement permanent, et les équipages comme les équipes techniques sont sur le qui-vive pour répondre aux sollicitations opérationnelles où qu’elles soient. Notre activité s’étire des eaux de l’Atlantique Nord aux archipels du Pacifique. Nous décollons d’alerte régulièrement pour apporter aux Etats-Majors qui en ont besoin, une appréciation autonome de situation.
C. B. : Quels sont les grands défis qui attendent la PATMAR ?
CF L. L. : Le premier est de maintenir notre savoir-faire dans le domaine de la lutte anti-sous-marine (ASM). La cohérence française dans ce domaine de lutte avec le quatuor frégate multi-missions, hélicoptère NH90 Caïman, sous-marin nucléaire d’attaque Suffren et Atlantique 2 STD6 nous porte au premier rang des nations ASM. Cette fierté doit nous pousser à poursuivre nos efforts, nous réinventer pour déjouer les tactiques adverses et entrainer nos équipages de sous-marins.
Le deuxième défi est évidemment capacitaire avec l’évolution de l’ATL2 STD6 qui continue d’améliorer ses capacités avec les industriels. Dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la connectivité, nous avançons pour rendre l’ATL2 STD6 encore plus performant et interopérable. À plus long terme, préparer l’arrivée du PATMAR FUTUR qui enthousiasme déjà nos marins du ciel.
Le dernier défi, qui est le plus important, est humain et concerne nos marins du ciel. Nous devons continuer de recruter et de former nos jeunes marins, et les employer au mieux pour qu’ils trouvent en flottille ce qu’ils sont venus chercher dans la Marine.
C. B. : Que diriez-vous à des jeunes ayant envie de rejoindre la PATMAR?
CF L. L. : Vous ne pourrez pas trouver de plus beau métier ! L’aventure, la cohésion, l’incertitude, l’esprit corsaire et offensif sont dans notre ADN. Si vous souhaitez faire partie d’une belle et grande famille, que vous souhaitez découvrir le monde et que vous n’avez pas peur de pister un sous-marin, à 350 km/h et 30 mètres au-dessus de l’eau, votre place est en PATMAR !
Exergue 1 : « Notre activité s’étire des eaux de l’Atlantique Nord aux archipels du Pacifique »
Et/ ou : Exergue 2 : « Aujourd’hui, la volatilité géostratégique se ressent dans notre activité : nous n’avons plus de détachement permanent, et les équipages comme les équipes techniques sont sur le qui-vive. »