Première édition des « Contes du quai des merveilles »
Publié le 22/04/2025
Le capitaine de corvette (CC) Jacquelin a réuni petits et grands pour une échappée magique au pays des « Contes du quai des merveilles » à Toulon. Il s’y produira pour une dernière date, le 26 avril.

Marin d'active bien conscient du défi que représentent les absences, et désireux de soutenir les familles de militaires en opération, le CC Jacquelin réserve à tous un accueil chaleureux pour un moment de partage entre les familles, qu’elles soient en attente du retour ou au grand complet. Il mêle le rêve, l’aventure, l’art, l’artisanat et l’amitié joyeuse, pour aborder des sujets tels que l’absence, la colère, la peur ou la tristesse. Une machine à laver émotionnelle qui fait du bien.

Commandant, pouvez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Jacquelin, j’ai 37 ans, je suis marié, père de quatre enfants et officier de marine.
Et conteur aussi ! Parlez-nous de votre projet « Les Contes du quai des merveilles »
CC Jacquelin : Marin depuis bientôt 19 ans, j’ai cumulé beaucoup d’absences. Je connais le long tunnel de l’attente du retour, vécu plus ou moins bien par nos familles. Profitant de ma première affectation en état-major cette année et de la visibilité qu’elle m’offre sur mon calendrier avant de reprendre la mer, j’ai voulu réaliser ce projet qui vise à rassembler les familles, offrir un peu d’émerveillement aux enfants et une pause aux parents. L’idée est simple : raconter des histoires aux enfants.
Pas si simple lorsqu’il s’agit de le faire sur scène devant un public. Avez-vous une expérience du théâtre ?
CC J. : Pas vraiment. Adolescent, j’ai fait un peu de théâtre, de manière anecdotique. En revanche, j’aimais déjà lire des pièces de théâtre, où on se prend facilement au jeu des émotions souvent exagérées. Je suis également sensible à la poésie, touché par les images, la musicalité et la rythmique des vers. À la même époque, j’ai développé mon expression orale grâce au scoutisme qui m’a notamment appris des techniques pour préparer et réaliser des scénettes lors de jeux ou veillées. C’est sans doute ce qui me permet d’être à l’aise. Par-dessus tout, j’invente mes histoires et j’improvise sur place : je n’ai donc aucune pression de texte à connaître par cœur !
D’où vous vient cette capacité à improviser ?
CC J. : Cela a commencé lorsque je lisais des histoires à mes neveux puis à mes propres enfants. J’ai parfois été déçu par la pauvreté du texte, que j’agrémentais donc au fur et à mesure, pour finalement m’en détacher complétement. Associant ensuite gestes et décors à l’intonation, j’ai fini par inventer mes propres histoires en familles ou avec nos amis. Je me suis également enregistré pendant mes missions pour garder ce lien et offrir à mon épouse quelques moments plus calmes pendant mon absence.
N’est-ce pas trop difficile de s’adapter à une tranche d’âge aussi large que les 3-11 ans ? Comment trouver l’équilibre pour rester compréhensible avec les petits tout en intéressant leurs aînés ?
CC J. : Au-delà des tendres intonations qui nous viennent devant un bébé, je suis étonné de la tendance naturelle à parler aux enfants en les imitant un peu bêtement, en pensant qu’ils comprendront mieux, oubliant ainsi que c’est eux qui cherchent à nous imiter. Des concepts très simples exprimés avec des phrases courtes facilitent certaines acquisitions. Il faut aussi stimuler l’imaginaire en imprégnant des structures de phrases complexes et du vocabulaire le plus tôt possible, même si les sujets sont simples. Ce que j’ajuste aux enfants c’est le fond, pas la forme, que j’essaye de garder soutenue. Finalement, cet éventail large ne pose pas de problème. D’ailleurs je m’amuse beaucoup quand j’observe des parents qui se laissent emporter par l’histoire.
Vous utilisez donc des mots compliqués au risque de ne pas être compris ?
CC J. : Je ne dirais pas compliqué mais plutôt de jolis mots. Les enfants ne comprennent pas toujours tout immédiatement, et tant mieux car cela nourrit mystérieusement un monde intérieur attirant. Ils compensent d’abord ce qu’ils ne comprennent pas par ce qu’ils ressentent, puis ils finissent un jour par comprendre et l’associent naturellement à leurs émotions ou au moins posent des questions. Développer cette intériorité est la meilleure manière de construire un pont entre la raison et les émotions afin qu’ils n’en soient pas esclave en grandissant. C’est encore plus important quand la stabilité familiale est fragile, ce qui est souvent le cas pendant les absences du militaire.
Quels thèmes abordez-vous pour les intéresser ?
CC J. : Dans ces histoires je mêle le rêve, l’aventure, l’art, l’artisanat et l’amitié joyeuse, tout en abordant des sujets de manière simple, telle que l’absence, la colère, la peur ou la tristesse. Je travaille en amont quelques sujets et je construis l’histoire autour. En comité plus restreint ou en d’autres lieux comme un musée par exemple, j’aime bien me servir d’un tableau, d’un objet ou d’une maquette comme point de départ ou d’arrivé d’une aventure. Afin de faciliter l’identification mes personnages ont environ leurs âges. Parfois, je laisse volontairement planer un doute. En tout cas mes enfants qui ont entre 2 et 8 ans sont une source d’inspiration inépuisable et un bon public test !
Le mot de la fin ?
CC J. : Merci à l’amiral commandant la base de défense de Toulon et à l’escale Amiral Ronarc’h d’avoir soutenu ce projet par le prêt gracieux de la magnifique salle Surcouf, c’est une belle marque d’attention pour adoucir un peu le quotidien de toutes ses familles qui servent la France autant que nous les militaires ! Pour ma dernière date, le 26 avril, de nombreux bateaux seront rentrés donc si les marins veulent venir écouter ce que je raconte à leurs enfants, ils sont les bienvenus !