L’Aquitaine en Islande : exercice Northern Viking

Publié le 06/01/2025

Auteur : La Rédaction

Le 18 août, l’équipage de la frégate multi-missions (FREMM) Aquitaine a quitté Brest et pris le large, direction l’Islande. Le bâtiment a participé à l’exercice de l’OTAN Northern Viking pour s’entraîner dans un vaste panel de missions.

Un plongeur d'hélicoptère en action

Au large des îles Féroé, pas le temps pour les marins de l’Aquitaine d’observer les reliefs abrupts et les fjords qu’offre cet archipel danois perdu entre l’Écosse et l’Islande. Sur le pont, ils préparent l’hélicoptère pour répondre à une sollicitation SAR (Search and Rescue) des garde-côtes islandais dans le cadre d’une opération de secours à personne sur un glacier.

Armés de leur équipement adapté aux conditions locales, les équipiers de pont d’envol et le chien jaune s’affairent et guident l’appareil.

Un exercice multi-milieux, multi-champs

Durant cinq jours, au large de l’Islande, les marins français se sont entraînés, aux côtés de leurs camarades allemands, américains, danois, islandais, polonais et portugais, à agir en groupe sur l’ensemble du spectre de la guerre navale, dans le cadre de l’exercice Northern Viking. Ils étaient ainsi 1 200 à tester la défense des infrastructures nationales vitales et des routes maritimes autour de l’Islande dans cet exercice conduit par les États-Unis. L’Aquitaine devait, conjointement avec des batteries côtières polonaises et des avions de patrouille maritime, protéger un État côtier allié contre des attaques venant de la mer.

La FREMM a contribué à interdire la zone à l’adversaire et à assurer la protection de l’espace aérien et des approches maritimes. « Cela consiste à intercepter des navires et les empêcher de pénétrer dans une zone prédéfinie, détaille le commissaire Corentin. Nous leur faisons comprendre nos messages par notre posture et une gradation de l’emploi de nos moyens. » Phase suivante de l’exercice, le secours en mer : « Nous avons réalisé des exercices de combats qui ont généré des blessés. Pour les soigner nous avons monté toute une chaîne de santé, du traitement du patient à son transfert par hélicoptère vers la terre et la prise en charge par un hôpital de campagne », explique le capitaine de vaisseau (CV) François Trystram, commandant l’équipage A de l’Aquitaine. L’occasion pour la FREMM de montrer l’étendue de ses capacités : missiles anti-aériens Aster 15, missiles anti-navires MM40 Exocet, systèmes de détection et de guerre électronique confèrent à la frégate une grande efficacité dans la lutte au-dessus de la surface. « La FREMM est une boîte à outils adaptée à un large éventail de missions », ajoute le commandant.

Lors de ce déploiement, l’Aquitaine a été amenée à travailler avec le ravitailleur britannique Tidesurge. Plusieurs ravitaillements à la mer ont ainsi permis à la FREMM de durer en opération : 527 m3 de carburant, des vivres, du matériel ou encore le courrier de l’équipage lui ont ainsi été délivrés. Grâce à son hélicoptère Caïman Marine, la FREMM a pu apporter son soutien au navire britannique en emmenant à son bord le médecin-major de l’Aquitaine afin d’examiner un marin britannique blessé.

Vigilance et prudence

À l’est du Groenland, où les températures sont souvent négatives, les marins sont équipés d’un lot grand froid qui leur permet de tenir plusieurs heures, exposés au vent, au froid et à la neige. Ces conditions ont aussi un impact direct sur les installations du navire. « Nos circuits d’eau douce vont être purgés pour éviter le gel et l’explosion des canalisations », explique le commandant de l’Aquitaine. Ces procédures spécifiques vont protéger les équipements, notamment les radars. L’eau est remplacéew par des produits antigels afin de les maintenir en condition opérationnelle.

Au-delà du cercle polaire, le risque de rencontrer des glaces dérivantes reste très important, même en été. Les marins maintiennent une vigilance accrue pour éviter toute collision avec la glace : « Nous nous appuyons sur des cartes de Météo-France pour connaître la température de l’eau de mer et les zones de présence d’icebergs. » Lorsqu’un bourguignon pointe le bout de son nez en surface, l’officier chef du quart réduit la vitesse et garde un œil sur ses radars pour éviter d’entrer en collision et d’endommager la coque du navire. « Les plus dangereux, ce sont les morceaux d’iceberg qui vont se détacher et vont être affleurants, alerte le commandant. Ils ne sont pas détectables par les radars et font pourtant parfois plusieurs centaines de tonnes. »

Ce déploiement est aussi l’occasion pour les marins d’améliorer leur connaissance de l’environnement dans cette zone, en particulier la propagation acoustique, indispensable à maîtriser pour détecter les sous-marins. À 25 nautiques des côtes du Groenland, l’eau douce et froide des glaciers se mélange avec l’eau salée et chaude de l’Atlantique, « lorsque les deux se rencontrent, cela crée des tourbillons et des zones où le son va se propager de façon erratique sous l’eau ».

L’objectif est de garantir la sécurité et la liberté de navigation dans ces endroits peu fréquentés et méconnus, mais stratégiques.