Lancement d’un nouveau timbre : l’histoire de la Marine racontée par La Poste
Publié le 05/11/2024
En moins d’un siècle, une petite centaine de timbres sur la Marine nationale a été émise par La Poste. Souvent très prisés par les collectionneurs, certains ont marqué l’univers de la philatélie, comme celui gravé en hommage à la dernière campagne du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, élu « plus beau timbre de l’année 2009 ». D’autres, plus rares, sont les témoins d’une époque passée. Tous racontent le même récit de mer, de voyage, d’explorations et de missions de combat.

Presque 55 ans jour pour jour après le lancement, le 27 octobre 1969, d’un timbre en hommage au SNLE Le Redoutable, La Poste vient de mettre sur le marché (le 12 novembre) un nouveau bloc de collection consacré à un sous-marin. Réalisé par l’aspirant Julien, graphiste de la Marine nationale, et imprimé par Philaposte, l’entité chargée du programme philatélique du groupe La Poste et premier imprimeur de marque d’affranchissement en Europe, ce timbre montre le SNA Duguay-Trouin en plongée avec le Groupe aéronaval (GAN). Imprimé avec une encre argent soulignée par un vernis mat et d’une valeur faciale de 1,29 euro, il a été imprimé à 320 000 exemplaires.
Ce n’est pas la première fois que la Marine nationale est mise à l’honneur grâce à un timbre. L’un des plus anciens est celui du cuirassé Clemenceau. Daté du 18 avril 1939, il intéresse particulièrement les amateurs pour deux raisons : sa faute d’orthographe et le fait que son auteur a dessiné le navire en pleine mer alors qu’il n’a jamais vraiment navigué. Détruit lors des bombardements des chantiers navals de Brest, le bâtiment était en effet encore en construction dans l’arsenal. Par ailleurs, selon les spécialistes, le cuirassé représenté serait en fait le Dunkerque et non le Clemenceau.
Transport de troupe
Le 17 mai 1941, c’est le Pasteur qui est choisi par les Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) pour figurer sur un timbre. Initialement imprimé pour sa croisière inaugurale prévue en 1939, mais annulé en raison de la guerre, il est vendu au profit de la Société des œuvres de mer. Lancé le 15 février 1938 à Saint-Nazaire pour la compagnie de navigation Sud-Atlantique et destiné à la ligne d’Amérique du Sud, le paquebot est alors devenu un bâtiment de guerre auxiliaire dont la première mission a été de convoyer une partie du corps expéditionnaire français de la campagne de Norvège jusqu’aux Orcades en 1940. Au moment de la sortie du timbre, il a déjà été saisi par les Anglais. Repassé sous commandement français le 4 octobre 1945, il sera ensuite affecté au ravitaillement de l’Indochine et effectuera son premier trajet vers Saïgon en octobre 1945 avec à son bord 4 700 hommes de la 9e division d’infanterie coloniale (9e DIC) et 500 hommes d’équipage.
Capricieuse et Melpomène
Cinq ans plus tard, le 8 avril 1946, un timbre émis au profit des œuvres de la Marine représente le croiseur Georges Leygues et le cuirassé Lorraine. Le 11 juillet 1955, sont gravées sur un timbre les belles lignes de la frégate La Capricieuse afin de commémorer le centenaire de la mission d’amitié au Canada. Puis, il faut attendre le 4 décembre 1975 pour que soit mis sur le marché celui de La Melpomène, une frégate-école des gabiers lancée en 1887. Détail amusant relevé par le site philatélique phil-ouest.com, La Melpomène est présentée par le dessinateur Roger Chapelet avec trois pavillons : V victor (je demande assistance), W whisky (je demande un médecin) et C charlie (oui) qui semblent indiquer que le navire a besoin d’aide médicale. Pourquoi ? Le mystère demeure.

Série « bateaux célèbres »
L’année suivante, le 24 avril 1976, un timbre lancé pour les 50 ans de l’association des officiers de réserve de la Marine nationale (ACORAM) montre, à gauche, le croiseur Duguay-Trouin de 1926 et, à droite, la frégate Duguay-Trouin de 1976. Le 9 septembre 1993 à l’occasion de la sortie du timbre du 50e anniversaire de la libération de la Corse « Premier département français libéré », le Casabianca, le célèbre sous-marin commandé par le commandant L’Herminier, apparaît sous l’île de Beauté. Six ans plus tard, le 10 juillet 1999, la Belle Poule se révèle en majesté sur un timbre à 1 franc dans la collection jeunesse – Armada du siècle – Rouen 1999. Le 8 mai 2003, le timbre consacré au porte-avions Charles de Gaulle est dévoilé pour la première fois à Toulon et le 20 juin 2008, La Confiance, la goélette de Robert Surcouf, entre dans la série « bateaux célèbres », dans laquelle on retrouve également la frégate La Boudeuse à bord de laquelle Bougainville partit de Brest en 1766 pour son exploration scientifique du tour du Monde, mais aussi L’Astrolabe, La Boussole et L’Hermione.
Pour les philatélistes, le 21 novembre 2009 est une date marquée d’une pierre blanche car La Poste leur propose le bloc créé en souvenir de la Jeanne d’Arc. Composé d’un dessin du porte-hélicoptères et d’une allégorie des « marins de la Jeanne », il est considéré comme « Le plus beau timbre de l’année 2009 ». En 2018, la peintre de la Marine Marie Détrée immortalise le Fulmar sur un timbre de Saint-Pierre-et-Miquelon, puis le croiseur lance-missiles Colbert l’année suivante. En 2022, elle dessine L’Astrolabe. « À bien des égards, la collection de timbres est une façon de voyager dans le temps, l’histoire et l’espace, fait remarquer Yann Guyon-Le Bouffy, médecin, collectionneur passionné et fils d’un officier de la marine marchande. En parcourant mes albums, je passe de l’Europe à l’Asie et navigue de mer en mer. Si je collectionne ˝tous˝ les timbres, j’ai quand même une affection toute particulière pour ceux figurant des bateaux, civils comme militaires, même s’il est vrai que les timbres français montrant des navires de la Marine nationale ne sont pas si nombreux que cela. Sauf bien sûr si l’on compte ceux réalisés pour les TAAF sur lesquels figurent plusieurs bâtiments tels Le Jules Verne ou les Avisos-escorteurs Doudart de Lagrée et Commandant Bourdais. »
Résistants, explorateurs et navigateurs
En plus des navires, plusieurs personnalités liées à la Marine et des marins célèbres ont été représentés. On trouve dans la plupart des collections les timbres à l’effigie du vice-amiral de Tourville (1642-1701), du secrétaire d’État de la Marine Jean Baptiste Colbert (1619-1683), du corsaire dunkerquois Jean Bart (1650-1702), du capitaine de vaisseau Guillaume Dufresne d’Arsel (1668-1738), qui prit possession en 1715 de l’île Maurice, de l’amiral de Grasse (1722 -1788), du secrétaire d’État à la marine Turgot (1727-1781), de l’amiral de Suffren (1729-1788), de l’officier de marine et explorateur Lapérouse disparu en 1788, d’Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec (1734-1797), le découvreur des îles Kerguelen, des explorateurs Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811) ou encore de Jules Dumont d’Urville (1790-1842). La liste n’est pas exhaustive, mais en font aussi partie le commandant Jean-Baptiste Charcot (1867-1936) médecin et explorateur des zones polaires, le capitaine de vaisseau Sostène Mortenol (1859-1939), chargé notamment de la défense antiaérienne de Paris durant la Première Guerre mondiale, l’écrivain et officier de Marine Pierre Loti (1850-1923), le commandant Cousteau (1910-1997). Sans oublier le lieutenant de vaisseau Honoré d´Estienne d´Orves (1901-1941), le capitaine de frégate Philippe Kieffer (1899-1962) et Éric Tabarly, officier de marine et célèbre navigateur mort tragiquement le 13 juin 1998 en mer d’Irlande.
Les autres composantes et unité de la Marine n’ont pas été oubliées comme en témoignent notamment l’émission du souvenir philatélique du 22 mai 2020 commémorant les 300 ans du service hydrographique de la marine, le timbre lancé le 17 octobre 1981 pour le 150e anniversaire de l´École navale, celui figurant Le Bagad de Lann-Bihoué diffusé le 27 mars 2004 dans la série Portraits de régions N° 3 et la vignette imprimée le 18 septembre 2010 pour célébrer les 100 ans de l’aéronavale. Un véritable inventaire à la Prévert qui raconte en images plus de 400 ans d’histoire.
