La promesse du large d’Arnaud de la Grange
Publié le 06/12/2024
C’est l’histoire d’un orphelin, Aidan, qui tourne le dos à la mer en même temps qu’à sa douleur. Le terreux, comme on l’appelle dans son village irlandais, en veut à la terre entière ; à ses parents, morts noyés, de l’avoir abandonné, à ses grands-parents, qui ne comprennent pas la forme qu’adopte sa peine. Une blessure telle qu’il ne peut même pas regarder un tableau de Turner, intitulé Naufrage, sans se sentir défaillir.

C’est l’histoire d’un orphelin, Aidan, qui tourne le dos à la mer en même temps qu’à sa douleur. Le terreux, comme on l’appelle dans son village irlandais, en veut à la terre entière ; à ses parents, morts noyés, de l’avoir abandonné, à ses grands-parents, qui ne comprennent pas la forme qu’adopte sa peine. Une blessure telle qu’il ne peut même pas regarder un tableau de Turner, intitulé Naufrage, sans se sentir défaillir.
A 26 ans, il décide enfin d’affronter la vérité : à la faveur d’un reportage sur le sauvetage en mer à Locmaricq, le village dont est originaire sa mère en Bretagne, il quitte Londres direction ce bout du monde breton. La mort de ses parents est nimbée d’un halo de mystère. Accident ou suicide ? Il va interroger les acteurs du passé qui vivent encore à Locmaricq. A commencer par René Le Calc’h, président bourru et sympathique de la station de la Société nationale de sauvetage en mer, et son fils, l’ombrageux Fanch. Au détour d’une visite au cimetière, il fera la rencontre de la passeuse de lumière, Manon, une restauratrice de vitraux.
« L’homme ne maîtrise rien, sauf la liberté de ne pas céder à son appel », écrit Arnaud de La Grange à propos de l’océan, qui, en navigateur averti, expérimente régulièrement la grande bleue. Son style adopte d’ailleurs le rythme d’une marée, montante et descendante. Rapide et sec, il vise juste, tout en économie de mots, un style très journalistique qui privilégie l’information ; puis, il ondule , s’étire, traîne en longueur et se fait poète. C’est le cas lorsqu’ Aidan navigue. Roman d’apprentissage, roman’quête, La Promesse du large est aussi une magnifique déclaration d’amour à la mer, ce lieu qui ne ment pas.
La promesse du large
Gallimard, 224 p., 20.00 €€.