Ils aiment Cols bleus...et ils le disent !

Publié le 06/03/2025

Auteur : La rédaction

René Deymonaz alias Deymo

Dans la Marine nationale pendant près de vingt ans, au sein de l’aéronautique navale, René Deymonaz s’illustre encore à 80 ans par ses talents artistiques et son trait de crayon impertinent qui marqua une génération de marins.

Comment êtes-vous entré dans la Marine ?

René Deymonaz : C’était en 1963, j’avais échoué pour la deuxième fois, excusez-moi du peu, au BAC C (scientifique NDLR), je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon envol. Comme j’étais à Toulon, j’ai su que l’aéronavale demandait des jeunes pour faire électroniciens. J’ai rejoint Hourtin pour apprendre à être matelot, puis j’ai atterri à Rochefort où j’ai fait 2 ans de cours avant de devenir électronicien d’aéronautique navale. J’ai fait de belles missions, j’ai vu du pays.

Quand avez-vous découvert Cols bleus ?

R. D. : J’avais entre 12 et 14 ans, mon père était marin et il rapportait parfois Cols bleus à la maison, j’aimais surtout regarder les photos des bateaux.

Quelle était sa réputation ?

R. D. : Certains l’appelaient « La Pravda » mais malgré ce sobriquet, le magazine était lu, les gens regardaient les permutations et les grades. Et puis, Cols bleus mettait un peu de baume au cœur aux familles et aux enfants dont le père était parti en mer pour plusieurs mois.

Une anecdote particulière ?

R. D. : J’avais fait un dessin en 1978 après à une mission très longue et fatigante d’un sauvetage en mer qui avait duré une dizaine d’heures. Le pacha de la flottille m’avait dit « faites donc un dessin on va l’envoyer à Cols bleus. »

Quels souvenirs gardez-vous de la Marine ?

R. D. : Parfois c’était dur pour des questions météo, travailler en piste en plein hiver c’est rude. Mais il y avait surtout cette atmosphère de camaraderie que j’ai bien aimée. Parfois, j’ai eu des petits problèmes d’indiscipline à cause de mon crayon, c’était plus fort que moi. J’ai réalisé des caricatures d’officiers qui ont beaucoup plu sauf aux intéressés. J’ai eu des retours de flammes, c’était de bonne guerre.

Julien Hervieux alias « Un odieux connard »

Il s’est lui-même affublé de ce surnom peu amène ! Cela ne l’empêche nullement d’être extrêmement apprécié par des centaines de lecteurs. Depuis 2021, cet écrivain et créateur de contenu est passé de la vidéo à la BD pour adapter sa série Le Petit Théâtre des opérations (dessins de Monsieur le chien) qui rencontre un franc succès (Prix Atomium de Bruxelles 2023).

 

Pour un Champenois ayant grandi à des centaines de kilomètres de la mer, imaginer ce qu’il se passait dans la Marine était assez flou. Que diable faisait-on à bord de navires de guerre en temps de paix ? Et puis, en 2022, grâce à mes vidéos sur l’histoire militaire, on m’a fait l’honneur de me proposer d’embarquer à bord de la mission Jeanne d’Arc. Voilà comment un éléphant venu de ses terres crayeuses s’est retrouvé à Djibouti à bord du porte-hélicoptères amphibie Mistral. J’y ai découvert la vie à bord, ses rituels, ses repas du dimanche, assisté à une saisie de drogue… bref, de quoi casser tous mes préjugés et me rendre accro (à la Marine, pas à la drogue).

Et voilà comment en 2023, je me retrouve en exercice en Nouvelle-Calédonie avec le Dixmude, puis en 2024, à bord du Tonnerre en mission d’assistance d’Haïti. Pour un simple type qui fait des vidéos sur Internet, quel honneur !

Mais comment raconter tout cela ? Montrer la vie du bord ? Les coulisses ? Eh bien, il y a Cols bleus. Qui permet de dire en deux pages ce que je ne saurais raconter en mille mots. Et qui me permet, aussi, de trouver des idées pour la prochaine vidéo sur l’histoire navale.

Cols bleus, pour moi, c’est ça : le lien entre ma vie à terre… et toutes ces aventures en mer !

Gabriel de Dieuleveult alias GAB

Gabriel de Dieuleveut, à l'époque matelot

 

Derrière ce diminutif – à ne pas confondre avec un gag, même si le personnage est très drôle – se dissimule un ancien réserviste de la Marine nationale, et surtout un dessinateur de presse truculent. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il livre religieusement un dessin par mois à Cols bleus depuis cinq ans. « Qui aime bien châtie bien ! » pourrait être sa devise tant il semble prendre du plaisir à torturer l’Institution qu’il affectionne.

Le dessin en particulier de presse, est une vocation chez vous ?

GAB : Oui, j’ai fait l’école Estienne et ensuite l’école supérieure de Design Industriel. Je me suis rapidement lancé dans une carrière de dessinateur de publicité et story boards et suis arrivé dans la presse en créant des histoires drôles plus ou moins satiriques, cela dépend des supports, journaux ou magazines professionnels. Je travaille par exemple régulièrement pour La France Agricole, l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et j’ai créé le personnage de la vache il y a presque trente ans. J’ai eu la chance de recevoir des prix comme le Prix Schlingo au festival d’Angoulême en 2017. Je commets aussi des aquarelles dans des expositions et en galeries.

Que représente la Marine pour vous ?

GAB : Ma deuxième famille ! Quand j’étais à Lorient chez les fusiliers marins puis manœuvrier au groupement amphibie sur un EDIC (engin de débarquement d’infanterie et de chars) - en tant que matelot lors de mon service militaire long -, je mangeais mieux qu’à la maison et j’avais de beaux vêtements ! C’était un bateau très rustique ! Il datait des années 50 et avait servi pendant la guerre d’Algérie.

J’ai connu la Marine « en kaki », j’étais plus souvent en salopette qu’en gants blancs. Après mon service, je suis devenu réserviste opérationnel et à l’époque on nous sollicitait beaucoup car les appelés se faisaient rares (la fin du service national obligatoire a pris effet en 1998, NDLR). J’étais affecté au sein de l’unité de sûreté embarquée (USE) et de l’unité marine de défense (UMD) de Dunkerque. Notre mission consistait à assurer la protection des approches du port et de la centrale nucléaire de Gravelines. Nous jouions parfois les plastrons pour les commandos marine quand ils venaient s’entraîner. Avant moi, mon père et mon grand-père paternel étaient médecins de Marine et mon grand oncle Jacques a été torpillé a bord du sous-marin Doris en 1940. Il faut croire que mon enthousiasme pour la Marine a été communicatif car mon fils, après avoir effectué une préparation militaire Marine, souhaite devenir officier mécanicien à l’issue de son école d’ingénieur à Montpellier.

Comment a démarré l’aventure avec la rubrique « Le Saviez-vous ? » dans Cols bleus ?

GAB : C’est une idée de Philippe Brichaut qui m’a été présenté par un ami commun. Au départ,la rubrique ne possédait pas de dessin.Mon premier croquis paru dans Cols bleus date de novembre 2020, le thème était « la bête aux longues oreilles dont on ne prononce pas le nom ». Vous voyez de qui je veux parler ? Ma collaboration à titre gracieux est une manière de rendre à la Marine ce qu’elle m’a donné.