Il y a 85 ans… la naissance du Bataillon de marins-pompiers de Marseille

Publié le 05/11/2024

Auteur : Philippe Brichaut

Le 28 octobre 1938, un incendie se déclare aux Nouvelles Galeries, sur la Canebière, en face de l’hôtel où loge une partie du gouvernement, de passage à Marseille pour la tenue d’un congrès. La panique qui en résulte va donner naissance à la deuxième unité militaire de pompiers de France.

Feu Nouvelles Galeries Vue générale de la Canebière

Le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) et la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) sont, en France, les seules unités militaires de sapeurs-pompiers assurant la protection incendie et le secours au profit de la population d’une grande agglomération. Mais ce n’est pas leur seul point commun. En effet, elles ont toutes deux été créées à la suite d’une catastrophe. C’est après un incendie, lors d’un bal donné le 1er juillet 1810, à l’ambassade d’Autriche à Paris, en l’honneur de Napoléon Ier et de son épouse l’archiduchesse d’Autriche Marie-Louise, que la BSPP est créée. à Marseille, c’est 128 ans plus tard que la catastrophe a lieu. Elle s’est déroulée sous les yeux des principaux membres du gouvernement réunis, ce jour-là, dans la cité phocéenne pour le congrès de leur parti. Vers 14 heures, le 28 octobre 1938, un incendie se déclare au grand magasin « Les Nouvelles Galeries », situé sur la Canebière, juste en face de l’hôtel où loge l’aréopage politique. Les sapeurs-pompiers de Marseille interviennent.

Gênés par de nombreux curieux, mal équipés et désorganisés par la blessure de leur chef dès le début de l’intervention, ils n’arrivent pas à maîtriser l’incendie attisé par un fort mistral. Le contre-amiral Muselier, commandant la Marine à Marseille, observe la scène depuis les fenêtres de son bureau. Il appelle le major général du port de Toulon pour lui demander des renforts. Plusieurs véhicules et 32 marins-pompiers de Toulon sont sur place vers 17 heures. Grâce au matériel moderne dont ils disposent et, surtout, grâce à leur savoir-faire, ils empêchent le sinistre de s’étendre aux immeubles et hôtels voisins. Ce n’est qu’avec le renfort des sapeurs-pompiers de toute la région que l’incendie sera finalement maîtrisé en fin de soirée, et totalement éteint dans la nuit. Le bilan humain est lourd : 75 morts et plus de 150 blessés. Après ce drame, Marseille est placée sous tutelle de l’État et une commission de réorganisation est constituée. Celle-ci décide de confier les services de secours de la ville à une unité de la Marine et le 29 juillet 1939, le décret de création du bataillon de marins-pompiers de Marseille paraît au Journal officiel.

 

Il faudra une année aux marins pour remplacer progressivement les sapeurs-pompiers dans tous les secteurs de la ville et du port. Rapidement, avec le début de la Seconde Guerre mondiale, ils seront mis à l’épreuve et accompliront leurs missions de protection civile, en sus d’une importante activité de résistance. Depuis sa création, le BMPM s’est vu attribuer de plus en plus de compétences territoriales. Quelques exemples : secours en montagne, dès 1950 – le BMPM est pionnier en la matière –, en 1962 la sécurité incendie de l’aéroport de Marignane, en 1969 le secours aux personnes, en 1972 la sécurité de la partie ouest du port autonome, en 1978 le secours et le sauvetage en mer avec les moyens de la SNSM, etc. Enfin, dès les années 1970, compte tenu de son savoir-faire et de sa notoriété, le BMPM est projeté en France et dans le monde pour porter secours lors de grandes catastrophes. En 85 ans, 36 de ses membres sont tombés en exerçant leur devoir. à chaque date anniversaire, les marins du Bataillon se souviennent d’eux.