Hommage au peintre de la Marine Michel King
Publié le 13/03/2025
De ses 14 ans à ses 94 ans, Michel King a dédié sa vie à la peinture. Le seinomarin, graveur et lithographe, est nommé peintre de la Marine en 1973, après une scolarité à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Spécialiste de la peinture à l'huile, de l'aquarelle, mais également de la gravure taille-douce et de la lithographie, ses œuvres seront exposées en France, mais aussi au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis et en Suisse. Avec son décès, la Marine perd l'un de ses plus anciens et prolifiques peintre officiel. Le Contre-amiral (2S) François Bellec lui rend hommage à travers une lettre.

Cher Michel,
Cela faisait juste un demi-siècle que nous nous connaissions, appartenant aux promotions 1974 et 1975 des Peintres officiels de la Marine avant la fusion en 1981 des Peintres officiels des Armées. Nos camarades de promotion François Baboulet, Robert Yan, Gaston Sébire, Jean-Pierre Alaux ont depuis longtemps reposé leurs pinceaux. Nous avons partagé avec eux des Salons de la Marine, des escales inspirées en bord de mer, de joyeux Chiens de mer dans les cales du Musée national de la Marine. Et nous deux, un livre sur la pêche en Bretagne élaboré dans ton atelier.
Et puis aussi la Nationale. Derrière François Baboulet, président emblématique de la Société Nationale des Beaux-Arts, qui m’en a confié en 2004 la présidence que je t’ai transmise en 2012, des POM ont présidé pendant plus d’un demi-siècle la plus ancienne société d’artistes, émancipée en 1862 de la tyrannie hagiographique du Salon officiel. Nous avons partagé avec Isabelle les frissons des budgets pharamineux de notre salon annuel, et les angoisses diplomatiques des passages en douane des envois de nos exposants du monde entier. Au Carrousel du Louvre, la fête bruissante des vernissages élégants. Et autour de la rupture festive du tonneau de saké de Kojiro Akagi, les remises des Prix Puvis de Chavannes en honneur d’un de nos fondateurs et des Prix Eugène-Louis Gillot, avec l’accord et le partenariat de la Marine Nationale, des premiers signes à de futurs confrères. Gillot, un de nos sociétaires brillant impressionniste, nommé POM en 1921, mort trop tôt pour matérialiser les Beaux-Arts de la mer précurseurs symboliques de notre APOM.
Tu as rénové le Salon de la SNBA en Salon des Beaux-Arts, dépaysé à l‘Orangerie du Sénat, et tu as initié le projet courageux mais fondamental pour sa pérennité financière d’ériger la SNBA en fondation.
Cher Michel, nous avons fait un long chemin d’amitié, de complicité tout au long duquel j’ai admiré ton talent, ta modestie de maître, l’acuité de ton regard sur les gestes de la vie, ton engagement, ta générosité, ton humour pétillant et ta poésie sensible et douce. Tu étais, comme l’avait été François Baboulet, un doyen naturel d’apparence immortelle. Doyen, c’est une maladie de vieillesse incurable, contagieuse, dont malheureusement l’issue est fatale.
Merci, cher Michel, d’avoir été "The King", de tout ce que tu as apporté à l’art, à la vie artistique et à la compréhension de la mer, à l’esprit des Peintres officiels de la Marine et à la pérennité de la Société Nationale des Beaux-Arts, à tous tes amis et à tes admirateurs.
Et puis, comme un clin d’œil, je t’avais refilé les budgets migraineux de la SNBA, tu m’as passé en douce ton statut contagieux de doyen. Alors, à bientôt – sans rien qui presse - Michel. dans les étoiles… de mer.
François
