Former au coeur des opérations
Publié le 01/07/2023
La mission Jeanne d’Arc représente l’aboutissement de la formation des futurs officiers de Marine. Tout au long du parcours, les cours théoriques se mêlent à la pratique pour disposer d’officiers opérationnels dès leur premier poste. Comment cette formation d’excellence façonne-t-elle les commandants de demain ? Quelle est l’importance d’une telle mission dans cet apprentissage quotidien ? Comment devenir un bon commandant ?

Une formation progressive
Une formation qui démarre deux années et demie plus tôt à l’École navale pour les élèves sélectionnés sur concours après une classe préparatoire aux grandes écoles. Après quelques mois de théorie, ils débutent leur formation pratique sur croiseurs et voiliers. Ces derniers offrent une première expérience maritime leur permettant d’appréhender les éléments, le vent et les courants de la rade de Brest. Une progression pas à pas dans le but de construire un savoir-faire et de développer leur sens marin. Les élèves travaillent ensuite les rudiments de la manœuvre sur les embarcations d’instruction : appareillage, accostage, homme à la mer, etc. Une mise en pratique approfondie sur les bâtiments d’instruction à la manœuvre tels que la Vigilante ou l’Engageante. L’École navale est aussi dotée d’un simulateur de navigation où les mises en situation et scénarios sont joués de manière très réaliste pour acquérir les bons gestes en passerelle et créer des automatismes chez les futurs chefs de quart.
Vient ensuite le temps des premières « corvettes ». Les élèves officiers embarquent à bord des bâtiments écoles pour des navigations exigeantes en Atlantique d’une durée de quinze jours. L’ensemble du savoir-faire assimilé à l’École navale et sur les bâtiments précédents y est restitué au cours de navigations côtières et hauturières où les cartes papier, la règle Cras et le sextant côtoient les moyens les plus modernes de navigation.
Des voiliers de l’École navale à la passerelle d’un PHA de 200 mètres de long, l’apprentissage de la navigation est un aller-retour continu entre la théorie et la mer où grâce à la supervision de leurs instructeurs le droit à l’erreur est encore permis pour mieux progresser.

Une école ouverte sur le monde
Si la majorité de la promotion 2023 est constituée de « bordaches », surnom usuel des élèves de l’École navale (en hommage au Borda, nom du navire qui l’accueillait historiquement), elle est également composée d’officiers de Marine sous contrat (OM/SC), d’officiers élèves étrangers, de commissaires élèves de l’École du commissariat des Armées, mais aussi de stagiaires en formation au sein du Service de santé des Armées (SSA), de la Direction générale de l’armement (DGA), des Affaires maritimes et de l’école de commerce EDHEC Business School. Ensemble, ils suivent des conférences sur de multiples sujets (historiques, géopolitiques, scientifiques, etc.) et se confrontent à la réalité des régions traversées. « Cela permet de développer notre curiosité et d’affûter notre sens critique sur les enjeux géopolitiques et géostratégiques d’aujourd’hui et de demain », précise l’officier élève Rémy. « Cette prise de conscience leur permettra par la suite de décider dans l’action au plus près des réalités de terrain », estime le capitaine de frégate Xavier, directeur de l’enseignement sur le Dixmude.
« Fournir à la Marine de demain des officiers prêts à servir, à commander et à aller au combat. »
La mission Jeanne d’Arc est surtout l’occasion pour ces jeunes marins de se former dans un cadre opérationnel. Les officiers élèves font partie de l’équipage. Une notion essentielle pour garantir le bon déroulement de la mission quand les marins partent loin et longtemps. L’entraînement est quotidien, en situation réelle, avec des marins à diriger. « On apprend à bien connaître les équipes, les locaux et systèmes avec lesquels nous serons amenés à travailler dans nos futures affectations », souligne Rémy. Au central opérations, la simulation de conduite d’une force navale leur permet d’apprendre rapidement les fondamentaux de la tactique navale dans les domaines de la lutte antisurface, anti-sous-marine et anti- aérienne. Les officiers élèves prennent ensuite les fonctions d’officier de lutte de force navale et s’entraînent à faire évoluer virtuellement des unités de combat pour atteindre un effet militaire précis. L’objectif principal ? Être capable d’agir et de décider en autonomie en situation d’affrontement, où chaque manœuvre peut être lourde de conséquences.

Des élèves bien entourés
Tout au long de la mission Jeanne d’Arc 2023, près d’une trentaine d’instructeurs supervisent les officiers élèves en formation. Ils assurent une partie des enseignements dispensés à bord, dans la continuité du cursus effectué à Lanvéoc-Poulmic, mais également le suivi et l’évaluation continue de ces derniers. Le premier maître Maxime est l’un d’entre eux. « J’ai vraiment envie de transmettre au mieux ce que mes pairs m’ont appris. » Riche de son expérience embarquée à bord d’un bâtiment de transport léger, d’un patrouilleur de haute mer, d’une frégate de surveillance ou encore du porte-avions, le premier maître Maxime, navigateur-timonier, a beaucoup à apporter à ses élèves. Il leur apprend son métier et les qualités pour être un bon chef de quart : « J’essaie de leur donner des méthodes, de les entraîner pour avoir une base solide », ajoute-t-il.
Responsables de la mise en situation des officiers élèves, les membres d’équipage du PHA Dixmude et de la frégate La Fayette jouent également un rôle essentiel dans la formation des officiers en devenir. Chaque marin, quel que soit son grade, est un acteur clé de leur réussite, à travers la transmission de connaissances, de savoir-faire et d’expériences tout au long de la mission. L’état-major de la mission Jeanne d’Arc est aussi impliqué, notamment lors de séances de questions-réponses avec les officiers élèves sur divers sujets : conciliation entre vie professionnelle et personnelle, erreurs de commandement, comment créer une bonne dynamique au sein de son service, etc. Embarqués, les officiers élèves prennent la mesure de leur engagement et des compétences demandées pour diriger un service, une unité et, à terme, commander un bâtiment de combat.

Commander un équipage
Formation historique des officiers de Marine, la « Jeanne » est par nature au cœur de l’action. Les officiers élèves évoluent en conditions opérationnelles et sont confrontés aux réalités de la mer. Ils sont formés à commander. Pour cela, ils doivent faire preuve d’humilité, qualité essentielle pour être à l’écoute, se remettre en cause et diriger des équipes. Ils doivent s’adapter à chaque situation, être capables de prendre des décisions, savoir diriger, faire preuve d’analyse mais également être conscients des évolutions techniques actuelles. Tant d’enjeux à prendre en compte pour pouvoir s’adapter à chaque situation et avoir un temps d’avance sur l’adversaire. Ces futurs cadres devront faire face à de nombreux défis, qu’ils doivent être prêts à affronter. Cette formation immersive leur apprend à commander et assure leur employabilité immédiate. Pour cela, les officiers doivent réussir à fédérer l’esprit d’équipage et convaincre pour obtenir le meilleur de leurs équipes. En mer, les officiers élèves découvrent de nouveaux horizons, différentes manières de penser le monde. Une approche appuyée grâce aux amitiés nouées avec les officiers élèves étrangers.