Flottille 32F : au service des opérations

Publié le 07/10/2024

Auteur : ASP Agathe

Créée en 1958 dans le Var, la flottille 32F était initialement vouée aux missions de lutte anti-sous-marine. Dans les années 70, elle trouve sa voie dans le sauvetage en mer en Atlantique. Elle opère sur Sikorski, Super Frelon, Dauphin et EC225/725 jusqu’en 2016. La flottille est officiellement « réveillée » avec la flotte intérimaire H160, le 29 juin 2023. Elle assure depuis des missions de sauvegarde de la vie humaine.

Dans la continuité des expérimentations menées sur H160 FI par le CEPA/10S, la 32F renaît sur la base d’aéronautique navale (BAN) de Lanvéoc-Poulmic. En quelques mois, les missions de secours, protection, intervention (SPI), sont successivement confiées aux détachements de Cherbourg, Lanvéoc et Hyères, en relève des flottilles 33F et 35F. À Lanvéoc, la flottille forme également les nouveaux équipages, participe à la protection des approches maritimes et au soutien des forces. 75 marins œuvrent quotidiennement à la 32F sur les trois façades maritimes de l’hexagone.

Reposant sur un contrat de location d’aéronefs civils pour dix ans, la flottille est structurée de façon à totalement intégrer les industriels assurant le soutien. Ainsi Airbus Helicopters, Safran et Babcock sont hébergés dans les locaux militaires et vivent au rythme de la flottille.

En un an, la 32F a réussi à former six équipages opérationnels au sauvetage en mer et une trentaine de techniciens spécialisés. Un mois après le réveil de la flottille, le détachement de Cherbourg a pris l’alerte effective le 23 juillet 2023. Début septembre 2024, les équipages normands ont déjà été engagés sur 84 interventions de secours et assistance et secourus 36 personnes. En plus des missions SPI et de leurs entraînements réguliers, ces équipages mènent des missions opérationnelles de surveillance des approches et de collecte de renseignements.

En décembre 2023, le détachement 32F Lanvéoc prend l’alerte SPI jusqu’alors tenue par la 33F. Dès le lendemain, les marins sont engagés. Ils totalisent aujourd’hui 61 interventions et ont porté assistance à 64 personnes.

Enfin, un an après le réveil de la flottille, le détachement de Hyères est déclaré opérationnel. Il totalise déjà 38 interventions de secours et 17 personnes sauvées. La flottille 32F veille désormais sur toutes les façades maritimes métropolitaines.

Personnel naviguant tactique en reconnaissance de zone pour un exercice d'intervention et de libération d'otages

Une vie au rythme des alertes

21h00. Cherbourg. Mer 4. L’équipage répond à un appel du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Jobourg. Un navire est en difficulté. À 21h40, trois marins pompiers et du matériel de lutte incendie sont à bord du H160 et l’appareil décolle en direction du navire de pêche L’imagine. Moins de dix minutes plus tard, l’aéronef, dont l’indicatif est Rescue Belligou, est sur place. Le navire est en feu. Après des investigations menées à l’aide du système électro-optique de l’hélicoptère, le chef d’équipe des marins pompiers propose d’attaquer le feu à partir d’un autre navire de pêche navigant à proximité. Le CROSS valide l’option et l’équipe est alors treuillée sur ce second navire. L’incendie est maîtrisé et aucune victime n’est à déplorer.

21h30. Lanvéoc. Façade atlantique. Le CROSS étel prend contact avec l’équipage d’alerte afin de planifier une évacuation médicale très longue distance sur un navire. La situation est complexe car la météo est mauvaise et le bâtiment est à 196 nautiques, hors de portée de l’hélicoptère. L’équipage reste sur le qui-vive attendant que le navire s’approche à sa portée. Une fois le navire à 160 nautiques, le H160 décolle avec à bord l’équipe de structure mobile d’urgence et de réanimation maritime (SMUR). Arrivé sur zone, à 140 nautiques de Lanvéoc et par une nuit sans lune, l’hélicoptère dépose en cinq minutes, le plongeur, le médecin et la civière. Le niveau de carburant descend vite. Les décisions et actions s’enchaînent. Le retour sans encombre vers l’hôpital de Brest, démontre une fois de plus l’efficacité du H160 et de ses équipages.

21h48. Hyères. Nouvelle alerte pour les équipiers de la flottille. Ils sont appelés pour réaliser une évacuation sanitaire par mer 4. En Méditerranée, un voilier a besoin d’assistance. L’équipage se presse. Le voilier se met au moteur et affale ses voiles. Les mouvements du bateau et la hauteur du treuillage forcent le H160 à descendre son plongeur vers un bout, délové depuis l’arrière du voilier. Le plongeur éprouve des difficultés à récupérer son matériel à cause de la houle, il est contraint de se remettre à l’eau pour disposer le harnais et conditionner correctement le blessé. Alors que le treuillage est en cours, le CROSS demande une autre évacuation sanitaire sur un catamaran situé à 70 nautiques de là. Les opérations s’enchaînent ! Rescue Belligou rejoint l’hôpital, y dépose son premier patient et décolle vers sa nouvelle mission. Le briefing avec le CROSS s’effectue pendant le vol. Il est 01 h 45 et l’équipage du catamaran se prépare au treuillage, le H160 est sur zone. à cause de la hauteur du mât et du manque de place sur le tableau arrière du bateau, la première tentative de treuillage du plongeur est vaine. S’inspirant de sa mission précédente, l’équipage du H160 demande à celui du navire de disposer une bouée à la traine du catamaran pour ydescendre son plongeur et qu’il puisse rallier le bord grâce au bout. Avec le souffle du rotor, le catamaran part en giration. Toutefois, le patient, inconscient depuis plusieurs minutes, peut être hélitreuillé et déposé à l’hôpital de Nice. Après 4 h 10 de vol, deux opérations de sauvetage et deux personnes hélitreuillées, l’équipage du H160 rentre sur la BAN de Hyères.

H160 FI : Horizon Guépard

Modernes, les H160 flotte intérimaire (FI) sont modulaires et possèdent cinq configurations majeures permettant des missions de sauvetage comme de transport de commandos et de matériel. En version SPI, ils ont une capacité d’emport d’un binôme médical (médecin et infirmier) et d’une civière avec patient pour une allonge opérationnelle d’environ 150 nautiques. Équipés de téléphonie satellitaire pour faciliter la transmission de bilans médicaux, ils sont également dotés d’équipements médicaux de soins intensifs. L’appareil est muni d’un système électro-optique avec une caméra haute performance qui offre une vision de longue portée, de jour comme de nuit. Agile et rapidement reconfigurable, il sait s’adapter et apporte satisfaction auprès des contrôleurs opérationnels.

Préfigurant le futur visage de la composante hélicoptère inter-armées au travers du Guépard, dont les livraisons pour la Marine sont attendus à l’horizon 2030, la flotte des six H160 FI de la flottille 32F apporte une flexibilité et une opportunité inédite pour préparer l’arrivée de son grand frère militarisé. Seule utilisatrice à ce jour de H160 FI parmi les trois armées, la Marine accumule un vaste retour d’expérience mis à profit par les équipes étatiques en charge du développement du Guépard. Forte d’une année d’emploi opérationnel, la 32F agit en pionnier de l’évolution de cet appareil à la pointe de la technologie.

Les équipages du H160 FI se familiarisent à l’utilisation de leur machine de façon à être rapidement opérationnels sur sa version militaire et à entamer un programme de transformation et de qualification. Avec ses 49 Guépard Marine, la Marine disposera d’hélicoptères navalisés adaptés pour le combat aéromaritime, la protection et le soutien de la force navale, les actions spéciales navales et l’action de l’État en mer.