FLF Courbet : journal de bord d'un jeune enseigne de vaisseau
Publié le 01/04/2024
Après un incendie majeur dans le local machine arrière, plus de quatre mois d’indisponibilité sur aléas matériel et des essais à la mer validés in extremis fin janvier, la frégate de type La Fayette (FLF) Courbet appareille (enfin) le 7 février au matin pour une mission de onze semaines. J’y ai servi comme chef du quart et membre du service armes.
Le premier objectif est de rallier Catane en Italie afin de récupérer les systèmes d’information spécifiques nécessaires à la participation à l’opération européenne Irini (qui signifie « paix » en grec). Les bouches de Bonifacio puis le détroit de Messine sont passés sans encombre et, après trois jours de mer, le Courbet accoste à Catane. Notre première mission peut commencer.
Celle-ci consiste à faire respecter une résolution des Nations Unies ordonnant un embargo sur le transport d’armes à destination de la Libye. Sous commandement du bâtiment amiral d’Irini, la frégate grecque Elli, nous patrouillons entre la Sicile, la Crête et la Libye afin d’interroger tout navire suspecté de trafic d’armes. Si la suspicion se confirme, nous avons pour ordre de monter à bord du bâtiment pour vérifier sa cargaison. La plupart du temps, l’interrogation par radio (VHF) suffit à lever le doute. Néanmoins un matin, ordre nous est donné d’envoyer l’équipe de visite à bord d’un navire de commerce pour réaliser une interrogation plus poussée, appelée friendly approach. Cette dernière ne donne finalement pas lieu à une vérification de la cargaison du bâtiment et sera la seule de notre déploiement, compte tenu de la faible présence maritime sur zone. Après une escale dans la ville historique de La Valette (Malte), et un exercice de ravitaillement à la mer avec le Elli au pied des sommets enneigés de la Crête, la première phase de notre mission se termine le 29 février lors de l’escale technique à La Sude (Crête).
Changement de cap
Le Courbet vient de recevoir l’ordre du commandant en chef pour la Méditerranée (CECMED) de se diriger vers la Méditerranée orientale pour relever la frégate multimissions (FREMM) Provence. Notre nouvelle mission, sous commandement national cette-fois ci, est d’assurer l’alerte RESEVAC (évacuation de ressortissants) au Liban en moins de 48 heures. Il est également demandé à la FLF Courbet d’apprécier de manière autonome la situation à proximité de la Blue Line*, zone sous contrôle de l’ONU entre le Liban et Israël. Dès lors, en plus de la veille assurée par les senseurs de la FLF, l’hélicoptère embarqué de type Panther est envoyé chaque jour en mission de surveillance maritime afin d’élargir notre zone de perception. Certains quarts en passerelle sont particulièrement intéressants en raison du nombre d’aéronefs, de bâtiments militaires mais aussi humanitaires présents sur zone. Les jours de bonne visibilité, nous pouvons distinguer la côte et les lueurs des villes libanaises.
En parallèle, les entraînements à bord sont nombreux : il s’agit de maintenir les qualifications de l’ensemble de l’équipage : exercices de tir (GUNEX), de sécurité (SECUREX), aviation (FLYEX), etc. D’autres mission ponctuelles nous ont été confiées, telles que le marquage d’un convoi russe ou la tenue de contact coordonnée avec la frégate italienne Carlo Bergamini d’un possible sous-marin.
Une mission également diplomatique
Le Courbet a fait escale au Liban afin de faire vivre les liens qui unissent nos deux pays. à Larnaca, le ministre de la défense chypriote accompagné de l’ambassadrice de France ont été reçus à bord pour un déjeuner officiel. Les excellentes relations avec les unités de la FINUL (force maritime de l’ONU qui patrouille au large du Liban – TF 448) ont permis d’organiser des exercices conjoints et l’échange d’officiers avec la frégate allemande Baden-Württemberg. Enfin, à l’issue de la troisième de nos escales à Chypre, nous avons réalisé un entraînement mutuel avec le patrouilleur chypriote Alasia.
Après deux mois et demi de mission, notre déploiement a pris fin mi-avril. La FLF Courbet est retournée à Toulon afin d’entamer un arrêt technique.