Exercice Baltops, la FREMM Auvergne sur tous les fronts
Publié le 01/08/2023

Du 5 au 16 juin, la frégate multi-missions (FREMM) Auvergne a été engagée aux côtés d’une cinquantaine d’unités de l’OTAN dans l’exercice Baltops (Baltic Operations). Cet exercice historique de l’Alliance s’est déroulé dans les eaux froides, resserrées et peu profondes de la mer Baltique. Un entraînement opérationnel riche pour l’équipage.
Cela fait dix jours que les marins de l’Auvergne et son détachement hélicoptère de la Flottille 33 F vivent au rythme soutenu du scénario multilutte de Baltops. L’objectif de la 52e édition de cet exercice OTAN est d’opérer en coalition de manière réaliste, en conjuguant tous les domaines de lutte : en surface, sous la mer, dans les airs, mais aussi sur la frange côtière avec les dimensions amphibie et de guerre des mines. Le contexte international et les enjeux de la zone sont à l’origine d’une ampleur sans précédent pour Baltops : plus de cinquante bâtiments et aéronefs de 19 nations sont engagés, des destroyers américains et danois aux sous-marins allemand et suédois*, en passant par les marines espagnole et néerlandaise. Côté français, l’Auvergne est engagée avec le patrouilleur de haute mer Commandant Blaison, le bâtiment base de plongeurs démineurs Vulcain, le chasseur de mine tripartite Sagittaire et un détachement du groupement de plongeurs démineurs de la Manche, et le bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme.
HAUTE INTENSITÉ À TOUS NIVEAUX
Après une phase de montée en puissance, le rythme s’accélère : jour et nuit, l’animation de l’exercice fait croître les tensions entre les deux forces constituées dans le jeu, les adversaires ayant des comportements de plus en plus agressifs. Une menace est reportée au central opérations (CO), le clairon retentit : « À tous, on rappelle au poste de combat ! » Concentration maximale : le silence règne. Il n’est interrompu que pour annoncer des détections d’aéronefs, de navires, des renseignements rapportés par le Caïman Marine en vol ou par les bâtiments alliés. Le capitaine de vaisseau Franck Auffret, commandant l’Auvergne, donne ses directives. Un marin annonce : « La priorité du commandant est la lutte antiaérienne. »
Dans les coursives, l’équipage réagit, diffusion après diffusion. Impact sur bâbord, le personnel se replie sur tribord ; dégagement de fumée et panne électrique à proximité de la plage avant, les pompiers lourds interviennent. Une odeur mêlant fumigènes et humidité rend la chose réaliste, palpable. Deux jeunes brancardiers prennent en charge des blessés au carré officiers mariniers, converti en zone médicale à l’avant du bâtiment ; des infirmiers les observent et débrieferont à l’issue pour parachever leur formation. En passerelle, les regards scrutent horizon et écrans pour repérer les unités et menaces ; les informations du CO et les priorités du commandant dictent la conduite de la frégate.
DE L’ENTRAÎNEMENT AUX OPÉRATIONS
Si la concentration est totale d’un pont à l’autre, ce n’est pas uniquement dû au réalisme de l’exercice. Dans une mer Baltique où fourmillent navires de commerce et de plaisance, au-dessus de laquelle les lignes aériennes civiles s’entrecroisent, des échos radars inconnus sont reportés en provenance de l’Est. Un avion de patrouille maritime et des avions de chasse Sukhoï russes sont en approche. D’une voix sûre, le lieutenant de vaisseau Bastien, officier de quart opérations, les contacte par radio : le Caïman Marine de la FREMM est en vol dans la zone, il leur recommande d’éviter de voler à la même altitude. Les pilotes russes prennent en compte l’information et s’éloignent.
Là reposent la richesse et la complexité de Baltops : conjuguer dans une même séquence entraînement et opération, en restant professionnels avec les compétiteurs malgré les sollicitations de toutes parts. L’équipage est ainsi poussé à se dépasser, tout en pensant au coup d’après : un ravitaillement à la mer avec le FGS Spessart allemand se prépare pour le lendemain…