Entente cordiale, 120 ans d'amitié entre la France et le Royaume-Uni
Publié le 01/07/2024
Le 8 avril 1904, un ensemble de textes étaient signés par la France et le Royaume-Uni, mettant un terme à des siècles d’hostilité entre les deux pays. Ce rapprochement diplomatique est plus connu sous le terme d’Entente cordiale.

Les hymnes God Save the King et La Marseillaise ont résonné ensemble dans la cour de l’Élysée lundi 8 avril, afin de célébrer les 120 ans de l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni. Une première historique, d’après la présidence française. Signée le 8 avril 1904, cette série de textes a permis de régler des contentieux coloniaux et d’améliorer les relations entre les deux puissances. Il est à ce jour considéré comme le fondement de l’alliance entre les deux pays. Pour l’occasion, la Garde républicaine a associé à sa cérémonie les grenadiers de la maison royale britannique : 16 membres de la Number 7 Company Coldstream Guards de l’ambassade du Royaume-Uni en France ont ainsi pris part à la relève de leurs homologues français de deux sections du 1er régiment d’infanterie.
La France et la Grande-Bretagne ont longtemps été rivales : les Anglais étaient considérés comme « les plus héréditaires de nos ennemis » et ces derniers n’étaient pas non plus « en reste de francophobie », a rappelé l’historien et professeur honoraire au Collège de France Maurice Agulhon, lors du 100e anniversaire de l’accord. De douloureux souvenirs historiques, des rivalités maritimes et des détestations religieuses sont à l’origine de cette hostilité, d’abord sous les siècles de monarchie, alors que la France catholique s’opposait à l’Angleterre considérée comme essentiellement protestante. Cet antagonisme a perduré au cours de la guerre de 100 ans qui opposa la dynastie des Plantagenêts (royaume d’Angleterre) à celle des Valois (royaume de France) de 1337 à 1453. Enfin, au cours de la crise de Fachoda en 1898 ou au cours des nombreux déchirements entre les deux pays lors des conquêtes coloniales. Bien que les armées françaises et britanniques se soient alliées pour la première fois lors de la guerre de Crimée en 1854 et 1856, l’aversion pour les Anglais restait de mise.
prémices d’un rapprochement entre les deux voisins d’outre-Manche
Cette série de textes négociés et signés le 8 avril 1904 par l’ambassadeur français à Londres Paul Cambon et Lord Lansdown marque donc un tournant historique entre les deux pays. Au-delà du fait qu’il règle des litiges relatifs à la pêche dans les eaux territoriales de Terre-Neuve, des différends coloniaux en Afrique et en Asie, cet accord présage l’union de la Grande-Bretagne et de la France dans les deux guerres mondiales.
S’en suivent alors un partenariat à travers la fondation de la Société des Nations ou encore l’alliance des démocraties contre le régime nazi. Prenons alors l’emblématique exemple du 18 juin 1940, lorsque Londres est devenue « la capitale intérimaire de la République française maintenue ». Un lien spécial souvent mis en avant par la monarchie, la reine Elizabeth II ayant fait de Paris la destination de son premier voyage officiel hors du Commonwealth en 1948 avant de monter sur le trône. En avril dernier, pour incarner cette entente au beau fixe, trois bâtiments de la Marine ont fait escale au Royaume-Uni. à Londres, le bâtiment base de plongeurs démineurs (BBPD) Styx a accueilli des visites, quand la frégate multi-missions (FREMM) Normandie était à Portsmouth pour recevoir la Royal Navy, représentée par COMUKSTKFOR, le Rear Admiral Pedre. Des rencontres sportives ont eu lieu avec le HMS Diamond et la base navale. Enfin, le patrouilleur de haute mer (PHM) Premier maîtreL’Her a visité Edimbourg le 12 avril. Il y a reçu le commandant régional de la flotte britannique, le Brigadier General (RM) Muddiman, et a organisé des échanges avec le RFAStirling Castle, nouveau bâtiment destiné à mettre en œuvre les systèmes de guerre des mines.
De nombreux partenariats sont issus de l’Entente cordiale, tels que des bourses d’étude, des échanges universitaires et la création en 2024 du prix de l’Entente Littéraire, un nouveau prix franco-britannique récompensant un ouvrage destiné aux adolescents et aux jeunes adultes.
