DIM - Fonctions stratégiques
Publié le 16/01/2025
Forte de plus de 40 000 marins, la Marine nationale opère sur toutes les mers et tous les océans, 365 jours par an 24 h/24. Elle est tout d’abord un acteur central de la dissuasion nucléaire française. Elle concourt à assurer la sécurité des Français, des approches maritimes et des intérêts de la France en mer. Au plus près des crises et des catastrophes naturelles, elle intervient et porte notamment assistance aux populations en détresse. Elle s’investit dans la connaissance et la compréhension de l’environnement maritime. Des fonds marins au cyberespace, les bâtiments de la Marine recueillent des informations cruciales à la défense des intérêts du pays, à la libre circulation des forces armées en mer et à la conduite des opérations. À ces fonctions stratégiques s’ajoute désormais celle de l’influence, annoncée dans la Revue nationale stratégique 2022.

Dissuasion
Depuis plus de 50 ans, au moins un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) patrouille en permanence à la mer. Depuis plus de 47 années la force aéronavale nucléaire (FANU) est opérationnelle lorsque le groupe aéronaval (GAN) est déployé. La dissuasion nucléaire demeure, en ultime recours, la clé de voûte de notre sécurité et la garantie de nos intérêts vitaux. Elle repose sur trois composantes : l'océanique (les SNLE), l'aéroportée (dont la FANU, qui est une force non permanente) et les transmissions stratégiques (dont les centres de transmissions de la Marine – CTM). L’ensemble des forces de la Marine participe à la mission de dissuasion et contribue ainsi à sa crédibilité.

Protection, résilience
Autant « armée des mers » qu’acteur de service public, la Marine nationale protège quotidiennement les approches maritimes, les Français ainsi que les intérêts du pays. C’est la posture permanente de sauvegarde maritime (PPSM) qui comporte deux volets : la défense maritime du territoire (DMT) et l’action de l’État en mer (AEM).

Défense maritime du territoire
La DMT est garantie par les sémaphoristes, fusiliers marins, gendarmes maritimes, centres opérationnels de la Marine (COM) ainsi que par les bâtiments et aéronefs en opération, dans les approches. La Marine surveille et protège les approches maritimes de la France grâce à un dispositif dédié dont les 57 sémaphores, présents le long des côtes, constituent une importante ligne de défense du territoire. L’enjeu : renseigner sur toute activité suspecte ou hostile menée contre le territoire depuis la mer, anticiper la réponse à y apporter et intervenir le cas échéant.
La DMT commence dès le large par la protection des approches, notamment vis-à-vis d’intrusions sous-marines, ce qui nécessite le déploiement de moyens conséquents, de surface, sous-marins ou aéronavals.
Action de l'Etat en mer (AEM)
La Marine fournit des moyens navals, aéronavals et terrestres pour concourir aux missions d’intérêt public en mer, au côté des autres administrations. Ces missions intègrent par exemple la police des pêches, la lutte contre les pollutions en mer et les trafics illicites, les opérations de déminage des approches maritimes ainsi que la recherche et le secours en mer coordonnés par les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS). L’AEM est subordonnée au préfet maritime (en métropole) et au délégué du gouvernement (outre-mer).
Maîtrise des fonds marins (MFM)
Les fonds marins (au-delà de 200 mètres de profondeur, et d’une profondeur moyenne de 3 800 mètres) couvrent les deux tiers de la planète et deviennent un théâtre de l’action militaire. Compris dans les dix objectifs du plan « France 2030 » du président de la République et sujets d’une stratégie ministérielle depuis début 2022, les fonds marins sont un environnement d’intérêt crucial. Grâce à ses drones sous-marins (AUV pour autonomous underwater vehicle), ses robots sous-marins (ROV pour remotely operated vehicle) et ses bâtiments hydrographiques et océanographiques, la Marine observe, analyse et opère en grandes profondeurs. La présence de la France dans les fonds marins démontre également la volonté de préserver la liberté d’accès aux espaces communs, de plus en plus convoités ou contestés. La Marine mène ainsi depuis 2022 les missions Calliope au moyen de matériels existants afin de développer ses doctrines d’emploi et former les marins à la manoeuvre de ses futurs engins.

Secours et assistance aux populations
Sa présence sur toutes les mers du globe permet à la Marine de porter assistance et secours aux personnes en détresse lors de catastrophes naturelles ou industrielles. Ainsi, la frégate de surveillance Vendémiaire a été en mesure d’apporter une aide humanitaire (nourriture, kits d’hygiène), aux populations sur l’île autonome de Bougainville en Papouasie Nouvelle-Guinée, à la suite de l’éruption du volcan Bagana en juillet 2024.
Prévention - connaissance, compréhension et anticipation
La Marine déploie ses moyens aéronavals, navals et sous-marins pour améliorer la connaissance du contexte stratégique, entretenir des points d’appui et des relations fiables dans les zones de crises potentielles ou avérées. D’origine électromagnétique, acoustique ou visuelle, le renseignement est recueilli par de nombreux capteurs présents sur ses bâtiments à la mer et sur ses aéronefs. La Marine garantit ainsi, par ses déploiements, la capacité autonome d’appréciation et de décision de la France et participe à la prévention des crises.

MÉDITERRANÉE
Proche et Moyen-Orient, Afrique du Nord et Europe du Sud : la Méditerranée, au carrefour de trois continents, est une zone maritime singulière et stratégique. En Méditerranée orientale, la Marine participe depuis 2014 à la coalition internationale contre le terrorisme islamiste en Irak et en Syrie (opération Chammal). En Méditerranée centrale, elle s’est déployée dans le cadre de l’opération Antares à partir de novembre 2022, puis Akila à compter d’avril 2024 pour renforcer la posture défensive et dissuasive de l’OTAN sur le flanc est de l’Europe.
GOLFE DE GUINÉE
Présente de manière quasi permanente dans le golfe de Guinée grâce à l’opération Corymbe, la Marine, appuyée par des partenaires européens, participe à la sécurité maritime de la zone et effectue des patrouilles opérationnelles avec les marines riveraines. Elle prend part à l’entraînement annuel aéromaritime régional Grand African Nemo (GANo).
GRAND NORD
L'ouverture de nouvelles voies de circulation maritime liées au réchauffement climatique ainsi que les ressources minérales présentes dans le Grand Nord renforcent le caractère stratégique de cette zone. La Marine y déploie régulièrement ses moyens, tant pour mieux la connaître que pour mettre en évidence la volonté de la France d'y faire respecter le principe de liberté de navigation.

INDO-PACIFIQUE
La présence de la Marine dans les océans Indien et Pacifique – notamment à La Réunion et à Mayotte, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie – est essentielle à la défense de la souveraineté française, à la sécurité en mer et à la protection des ressources et de l’environnement. Dans un contexte international volatile, cette zone devenant un centre cristallisant d’importantes tensions, il est indispensable que des bâtiments et aéronefs de la Marine soient intégrés ou viennent renforcer les Forces armées en Polynésie française (FAPF) et en Nouvelle-Calédonie (FANC), ainsi que les Forces armées dans la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI). C’est dans ce contexte que la Marine a planifié en 2025 la mission Clemenceau 25 en déployant le groupe aéronaval jusque dans le Pacifique.
Intervention
Face à une crise, les bâtiments de la Marine peuvent être déployés rapidement et en toute liberté en tout point du globe. En mer ou à partir de la mer, ils accomplissent les missions définies par les autorités politiques : débarquement de forces, frappe dans la profondeur, évacuation de ressortissants et assistance aux populations. La Marine mène également des opérations interarmées ou en coopération avec ses alliés. La Marine déploie ainsi depuis 2024 au moins une unité dans le cadre de l’opération européenne Aspides afin de participer à la sécurisation du trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden.
De novembre 2023 à janvier 2024, le PHA Dixmude a été déployé à El Arish (Egypte) pour apporter un soutien médical aux populations sinistrées de Gaza privées d’accès aux hôpitaux. Le BSAM Loire y a, quant à lui, acheminé de l’aide humanitaire au cours de l’opération Almathea.

PROJECTION DE PUISSANCE
C’est le Groupe aéronaval (GAN) qui incarne le plus évidemment la projection de puissance dans la durée. Autour du porte-avions Charles de Gaulle, accueillant l’état-major du groupe aéronaval et le groupe aérien embarqué (GAé), le GAN se compose et bénéficie du soutien de plusieurs frégates françaises et alliées avec leurs hélicoptères embarqués, d’un bâtiment de ravitaillement, de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et d’avions de patrouille maritime basés à terre. À bord, avions et hélicoptères composent le groupe aérien embarqué. Capable de se déployer loin et longtemps, le GAN permet d’affirmer la présence militaire française. Il renforce aussi les liens militaires
et diplomatiques en invitant des marines étrangères à participer à ses opérations. Grâce aux missiles de croisière navals (MDCN), les frégates multi-missions (FREMM) et les SNA de type Suffren participent également à cette mission. Les autres vecteurs de projection de puissance sont les porte-hélicoptères amphibies (PHA) lorsqu’ils emportent un groupe aéromobile constitué d’hélicoptères d’attaque de l’armée de Terre, ou les forces spéciales mer (également déployables de manière discrète et autonome grâce aux SNA de type Suffren).

PROJECTION DE FORCE
La projection de force se caractérise par l’envoi de troupes vers la terre depuis la mer grâce notamment aux PHA et à leur capacité d’accueil d’un état-major embarqué et de transport d'unités tactiques de l'armée de Terre. Les unités de surface de la Marine sont susceptibles également d’embarquer les commandos Marine afin d’effectuer des opérations spéciales navales, des missions de reconnaissance, de lutte contre certains trafics, ainsi que des opérations terrestres comme de la libération d’otages ou l’évacuation de ressortissants.
Influence
La Marine contribue directement, au même titre que les autres armées, à la sixième fonction stratégique introduite dans la Revue nationale stratégique 2022. Partie intégrante de l’expression de puissance française, l’influence s’appuie sur de nombreux atouts nationaux et vecteurs : diplomatie, économie ou présence culturelle et militaire mondiale. Pour la Marine, la stratégie d’influence française consiste à répondre ou riposter à toute manoeuvre ou attaque, en particulier dans le champ informationnel, contre le modèle français, ses valeurs ou ses relations avec d’autres partenaires internationaux. Prenant acte du durcissement de la compétition et de la contestation dans tous les champs, elle prolonge son action de protection des intérêts français dans ce nouvel espace de conflictualité.