Deux marins en finale de La Cuillère d'Or

Publié le 13/11/2024

Auteur : ASP Clémence de Carné

Les 6 et 7 novembre, la Marine a régalé le jury de la Cuillère d’Or, avec deux finalistes : le maître Charlotte dans la section pâtisserie, et le maître Stéphanie, en cuisine. Cols bleus a vécu en direct l’épreuve finale de ce concours 100 % féminin, qui s’est tenu à Paris dans un hôtel du XVe arrondissement.

« Candidate n°4, il reste 10 minutes ! » La pâte phyllo n’a pas fini de cuire dans le four, le chrono tourne et le dressage n’est pas commencé, mais le maître Stéphanie reste concentrée. Elle donne des ordres à sa commis, les gestes sont courts et précis. Rentrée dans la Marine il y a 17 ans dans la filière restauration, elle a voulu se lancer un défi personnel et tenter sa chance en participant à ce concours. Dans son plat, elle a mis sa personnalité mais aussi ses origines sudistes : « J’ai préparé des petites sphères panées à la farine de pois chiches pour apporter un petit peu du Sud, avec le pesto de roquette qui donne un coup de peps à ce plat. » Une bonne odeur de cuisine envahit bientôt la pièce. Revêtus du col bleu, blanc, rouge des meilleurs ouvriers de France, les membres du jury passent d’un plan de travail à un autre et posent un regard aiguisé sur les préparations des candidates. Les cinq assiettes sont dressées, les mains du maître Stéphanie tremblent mais chaque élément est posé avec la maîtrise des années passées derrière les fourneaux.

Un peu à l’écart, le maître Charlotte observe les candidates. Hier, elle était à leur place. Se remémorant la journée du concours, elle déclare : « J’étais stressée, mais j’ai réussi à sortir ce que je voulais, avec pas mal de contraintes. » Candidate-amateur de l’épreuve de pâtisserie, elle a imaginé son dessert « l’escale citronnée » avec des ingrédients imposés. Pourtant, rien ne laissait présager sa participation à la Cuillère d’Or. Entrée à 16 ans dans la Marine pour une préparation militaire, la jeune fille songe alors à devenir marin-pompier. En 2007, elle s’engage comme matelot et réalise son rêve. Quelques années plus tard, elle change de spécialité pour devenir SITEL (technicien des systèmes d’information réseaux et télécommunications). Très épanouie dans son travail, elle pâtisse à côté, pour le plaisir. Un jour, sa chef lui transmet un message : « C’est ma commandant d’unité qui m’a parlé du concours, raconte-t-elle. Au début, je pensais que c’était une blague et en fait elle était très sérieuse. » La jeune maman hésite puis accepte finalement le challenge quand elle apprend que Nina Métayer sera dans le jury.

« Plus que quelques secondes avant d’envoyer ! » Les jeunes serveurs récupèrent les assiettes pour les apporter au jury. Une fois le plat présenté, la pression retombe. Si le temps filait vite pendant l’épreuve, il semble soudain ralenti et l’attente des résultats paraît interminable. Ce soir-là, les deux marins ne décrocheront pas de prix, mais le maître Charlotte ne regrette pas d’être venue : « C’était un moment extraordinaire, plein de rencontres, je repars avec des étoiles plein les yeux. » Le maître Stéphanie ajoute : « La Marine m'a poussée à aller au bout de cette aventure, on peut vivre des rêves en étant militaire. »