Dans les coulisses du défilé du 14 juillet

Publié le 18/07/2025

Auteur : EV1 Margaux Bronnec

C'est à ses détails qu'un événement se mesure. Ainsi la réussite du défilé du 14 juillet doit-elle son succès aux petites mains qui veillent en amont sur les défilants. Cols bleus est allé à leur rencontre.

2ème jour de répétition sur le camp de Satory

Il est 7h du matin sur le camp de Satory à Versailles. Sans heurt, un ballet de bus déverse les troupes qui défileront dans quelques jours sur la mythique avenue des Champs-Élysées. Il reste moins d’une semaine avant le début des festivités. Les défilants se rapprochent de leur tente respective où ils peuvent se restaurer et profiter d’un coin d’ombre entre chaque passage. Le second maître Alex, chef de section à l’École des mousses, est en charge de la logistique pour l’unité. Cette année, il ne défile pas, pourtant il assiste à chaque répétition pour soutenir les élèves et les accompagner. « Toute l’équipe est sollicitée pour donner un coup de main », explique-t-il. Aidé par une dizaine d’autres personnes, il veille, tel un grand frère, au bien-être de ces jeunes engagés, âgées de 16 à 18 ans. Grâce à lui, les mousses peuvent se concentrer uniquement sur le défilé.

Une revue militaire fictive

« Attention à vos alignements », énonce fermement le maître principal (MP) Stéphane, officier régulateur pour l’école de maistrance. Après 29 ans dans la Marine, ce manœuvrier de spécialité voulait rejoindre un poste en école (il est adjudant de la 6e compagnie à Saint-Mandrier) pour aider et partager son expérience avec les élèves. Une fois les unités sur la ligne de départ, le maître principal accompagne l’École de maistrance le long de l’allée pour les lâcher un peu avant les tribunes officielles : « Ils savent marcher au pas, ils se sont entraînés, là on cherche du détail et de la perfection. Malgré la fatigue, on ne peut pas relâcher la pression ». Une pression qu’il a connue lui-même il y a 25 ans lorsqu’il a défilé avec l’équipage du TCD Siroco. Pour cette deuxième fois, il doit garder un œil sur le bloc en mouvement afin de repérer le moindre pas de travers, un bras mal placé ou un mauvais alignement.

 

Alors que les blocs se rapprochent un à un de la tribune présidentielle, le lieutenant de vaisseau (LV) Clément, adjoint du chef de service maintien de la navigabilité sur la base d’aéronautique navale (BAN) de Hyères, est assis derrière le gouverneur militaire de Paris (GMP). Depuis cette tente de commandement, en hauteur et dont le point de vue est similaire à celui du président de la République le jour J, il est possible de voir le moindre défaut : « Le GMP est rodé à cet exercice. Il repère les défauts de chaque bloc lorsqu’ils défilent. Il est même aidé d’un drone aérien pour avoir une vision d’ensemble ». Posture, coordination, alignement. À ses côtés, le LV Clément note les remarques faites à chaque passage et les transmettra aux blocs pour qu’ils soient irréprochables le 14 juillet. De ce point de vue, « on observe mieux des petits défauts de déplacement qu’on ne voit pas lorsqu’on est à l’intérieur du bloc. Les replacements se font en une fraction de seconde et c’est flagrant depuis la tribune », ajoute le LV Clément. Un moment qui reste pour lui une grande fierté, même s’il a déjà défilé avec l’école navale dix ans auparavant : « L’excitation est toujours la même de présenter les unités devant la France entière ».

Une organisation au cordeau

Avant d’arriver à Paris, il faut tout organiser. Où se loger ? Comment transporter les troupes ? C’est le rôle de l’aspirant commissaire Jean. Adjoint au major de camp pour la frégate Auvergne, il est en lien avec les autorités et a un rôle de liaison et d’administration. Il a aussi un rôle logistique et s’assure que chaque défilant possède le bon matériel en partant et de l’eau fraîche pour les pauses. Ce premier défilé suscite chez lui de « la curiosité ». « Le 14 juillet est un événement que je suivais petit à la télévision. Aujourd’hui, c’est très intéressant de voir l’organisation d’une telle opération. C’est aussi l’occasion de rencontrer pleins d’unités que je ne connaissais pas. »

 

Chaque matin, avant de partir sur le site des répétitions, le maître principal Stéphane de la BAN de Hyères délivre les armes qui serviront aux marins lors du défilé. Arme propre, fenêtre de déjection et la crosse fermée, tout est contrôlé avant de transmettre l’armement. Mais ce n’est pas sa seule mission. Logistique matérielle, armement, transport, restauration, hébergement font partie de ses prérogatives comme major de camp. « En tant que fusilier marin, les détachements sont contents de nous avoir car cette fonction demande de la réactivité et beaucoup de coordination. On étudie les cas non conformes. » En effet, la veille un marin a cassé un fanion en deux et une solution a dû être trouvée rapidement pour le remettre en état. Premier levé et dernier couché, 31 ans après son premier défilé avec l’École des fusiliers marins et commando, le MP Stéphane est ravi de revenir. Il est « au contact des bonhommes pour les motiver et les soutenir ». Après avoir entraîné les troupes à Hyères pendant trois semaines, son objectif est clair : que le détachement performe.

 

Au moment du débriefing, en plus de l’officier observateur, le capitaine de frégate Cédric écoute attentivement les remarques du GMP. Il est l’officier de marque pour l’École des fusiliers marins et commando (ECOFUS). Un rôle tout trouvé pour le commandant adjoint équipage (COMAEQ) et référent cérémonie de l’ECOFUS. En liaison avec les acteurs de la région Île-de-France, dont le cabinet du GMP et le centre opérationnel des troupes à pied pour connaître les heures de ralliement. Une équipe de marque est déployée comprenant majors de camp, régulateur, armurier, etc. Il s’assure de la discipline du bloc et de sa configuration. Être présent au débriefing est important car c’est à ce moment-là qu’il va apprendre si les rangs sont en sabre ou non, s’ils font une ligne d’officier marinier ou si le bloc est mélangé. Le CF Cédric possède le recul nécessaire puisqu’il a déjà défilé quatre fois sur les Champs. « C’est intéressant de voir l’autre côté du miroir. J’ai un petit pincement car je préfèrerais être dans les troupes, mais c’est une fierté de voir si nous arrivons à donner une bonne image de l’école. Le jour du défilé, je descendrai aussi les champs, mais dans l’ombre. »