Dans le sillage du contre-amiral Christophe Mérieult, adjoint au commandement de l’Espace

Publié le 18/06/2025

Auteur : LV (R) Jean-Pierre Decourt

A l’occasion du Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, rencontre avec un des marins chargés de définir et de conduire la stratégie spatiale de défense française.

Quel est votre parcours personnel ?

Contre-amiral Christophe Mérieult : Issu d’une famille de marins, j’ai rejoint le Lycée naval en seconde, avant d’entrer à l’école navale. De spécialité initiale DETEC puis LAS, j’ai exercé ensuite plusieurs fonctions opérationnelles jusqu’au milieu des années 2000. Je garde un souvenir particulièrement vivant de mon passage comme pacha du PSP Cormoran. J’ai suivi ensuite un master de management des systèmes d’information et applications géographiques, qui m’a ouvert la porte aux fonctions d’officier de programme dans le domaine des communications par satellites civils à la direction centrale des systèmes d’information de la Marine. En 2010, j’ai rejoint à sa création le Commandement Interarmées de l’Espace en tant que chef de la section position, navigation et synchronisation, puis au bureau « politique et coopération ». Après un passage à l’OTAN, au poste de chef de la division systèmes d’information et de communication au sein de l’état-major interarmées interalliées à Naples, j’ai été affecté au commandement des programmes interarmées et de cyberdéfense comme commandant en second en 2019. En 2021, j’entre au secrétariat général de la Défense et de la sécurité nationale (SGDSN) avant d’être nommé commandant adjoint au commandement de l’Espace en 2023.

Comment définiriez-vous le rôle du commandement de l’Espace au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace ?

CA C. M : Le commandement de l’Espace (CDE) a été créé en 2019 pour renforcer l’efficacité opérationnelle, la cohérence, la visibilité et la simplicité de l’organisation et de la gouvernance du spatial de Défense. Interarmées, il est composé d’environ 400 personnes, dont 85 % sont issus de l’armée de l’Air et de l’Espace, 5% de la Marine, 5 % de l’armée de Terre, 5 % du monde civil et de la DGA . Il est également né du constat que, dans la mesure où toutes les sociétés modernes en dépendent, l’espace est à la fois un enjeu stratégique majeur et un terrain de conflictualité. Pour les armées, l’espace est une source indispensable d’autonomie des communications, de renseignements et d’appréciation des situations. C’est aussi un univers très concurrentiel où s’affrontent, directement ou indirectement, des états entre eux mais aussi des acteurs non étatiques. Autant d’enjeux qui nécessitent de protéger les intérêts spatiaux de notre pays, mission que le CDE conduira prochainement dans ses nouveaux quartiers à Toulouse.

Quels sont les grands défis du CDE ?

CA C. M : En plus du projet de renouveler les capacités spatiales (communications satellitaires, observation, écoute), de continuer à bâtir la politique spatiale militaire, ses missions sont principalement de deux natures : appuyer et améliorer le soutien aux opérations et agir dans l’espace. Dans ce contexte, la culture opérationnelle des marins du CDE est un atout car il y a une certaine similitude entre l’espace et le monde maritime. En effet, comme en mer, civils et militaires se côtoient dans l’espace en permanence. Par son immense étendue, la zone opérationnelle spatiale est impossible à surveiller en temps réel, comme les océans, et chacun doit prendre en compte les contraintes juridiques qui délimitent et segmentent les usages. Les marins assurent également des fonctions particulièrement bien adaptées à l’ensemble de la problématique d’un grand commandement.

En quoi l’espace est-il indispensable pour la Marine ?

CA C. M : La Marine est très consommatrice « d’espace » et utilise depuis longtemps les informations issues du spatial, comme en témoigne par exemple le contrat Trimaran qui permet notamment un recueil d’image spatiale associée aux données (AIS). Elle contribue aussi aux missions spatiales, comme le fait notamment le Monge quand il mobilise ses capteurs dans le cadre du suivi d’objets en orbite. Au sortir de leur rénovation, les frégates de défense aérienne contribueront également au spatial grâce à une nouvelle capacité de détection et de poursuite des satellites. Et dans l’avenir, il n’est pas interdit de penser que des bâtiments de combat seront équipés de systèmes capables de détériorer les services d’un satellite adverse.

Quelles nouveautés marqueront le Salon international de l’aéronautique et de l’espace ?

CA C. M : Cette année l’espace sera très présent au Bourget sur le stand du ministère des Armées. Mais la grande nouveauté est incontestablement la création du Space Hub. Une zone de 2 500 m² entièrement dédié à l’exploration spatiale qui rassemble tous les grands acteurs du secteur : Centre national des études spatiales (CNES), Agence spatiale européenne (ESA) et les principaux fabricants européens de satellites et de fusées.

Bio express

1989 : École navale

2007-2010 : Chef de projet télécommunication par satellites civils

2010-2016 : Chef de section navigation, chef du bureau politique spatiale et coopérations au commandement interarmées de l’Espace

2016-2019  : Assistant Chief of Staff Cyberspace au commandement de forces interarmées de Naples (OTAN)

2019-2021 : Commandant en second du commandement des programmes interarmées et de cybersécurité

2021-2023 : Chef du bureau affaires spatiales et chargé de mission sécurité des systèmes spatiaux européens et expert Galileo au SGDSN

2023 : Officier général adjoint au commandement de l’Espace