Cross Gris-Nez, le Saint-Bernard du Pas-de-Calais
Publié le 07/08/2025
Montant la garde depuis le sommet de sa falaise, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez veille 24 heures sur 24 sur la zone courant du cap d’Antifer à la frontière belge, où bancs de sable, courants et météo rendent la navigation difficile. Le CROSS veille aussi sur tous les marins français où qu’ils soient sur le globe.

C’est le mardi que la semaine débute au CROSS, le jour de la relève pour la vingtaine de « quittants » (marins qui finissent leur garde). L’équipage total du CROSS s’élève à 60 personnes : marins, officiers des Affaires maritimes ou agents du ministère de la Transition écologique. « Sous l’autorité du préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, nous assurons trois missions principales », confie son directeur, l’administrateur en chef des Affaires maritimes Olivier Drevon. « La surveillance du trafic maritime dans le détroit du Pas-de-Calais, la coordination des opérations de sauvetage sur la zone, et la diffusion de renseignements de sécurité maritime. Par ailleurs, dès qu’un navire de commerce, de pêche ou de plaisance français déclenche sa balise de détresse ou est en difficulté, quelle que soit sa position sur le globe, l’alerte est reçue et prise en compte ici, à Gris-Nez. À nous de coordonner l’opération ou de l’aiguiller vers le centre de sauvetage compétent. »

Veille attentive et soutenue
La mission historique du CROSS consiste à surveiller la voie montante – plus de 100 navires de fort tonnage par jour – du dispositif de séparation de trafic (DST) du Pas-de-Calais (les Britanniques surveillent la voie descendante), mais également les nombreux ferries qui relient Douvres à Calais, sans oublier les pêcheurs, les plaisanciers et depuis quelques années les embarcations de migrants qui tentent la traversée vers le Royaume-Uni. Deux marins, un chef de quart et son adjoint, assurent cette surveillance qui nécessite une attention de chaque instant. Ils fonctionnent par tiers. Ils sont donc six à se relayer sur 24 heures, prennent leur repas, préparés par les cuisiniers du CROSS, au carré et dorment dans leur chambre, exactement comme à bord d’un navire.
Recherche et sauvetage
Une deuxième équipe de quart, fonctionnant aussi par tiers, coordonne en permanence la recherche et le sauvetage, tant sur la zone qu’au profit des marins français en détresse sur la planète. « En 2010, le Cross coordonnait 1 000 opérations de sauvetage, 2 000 en 2024 , raison pour laquelle nous disposons depuis 2022 de renforts pour armer le centre », explique le directeur. « Cette augmentation est due essentiellement aux tentatives de traversée de migrants en embarcations précaires, phénomène qui a véritablement débuté en 2018 ». Un trafic illicite qui connaît même une forme « d’ubérisation ». « Les passeurs commanditent depuis l’étranger la livraison de l’embarcation, que quelques migrants, contre une réduction sur le prix de la traversée, sont chargés de récupérer et de mettre en œuvre. Pour quelques milliers d’euros par individu, jusqu’à 70 voire 100 passagers embarquent sur des canots précaires et inadaptés (deux boudins gonflables reliés par une toile souple avec un petit moteur). L’affaire est malheureusement financièrement très rentable pour les trafiquants, avec une prise de risque extrême pour les migrants qui sont déterminés à rejoindre le Royaume-Uni. Ils n’acceptent bien souvent notre assistance qu’en ultime recours, lorsqu’ils sont confrontés à une situation d’extrême urgence. C’est une mission difficile pour tous les acteurs engagés dans cette mission de sauvegarde de la vie humaine. » En 2024, 6 310 personnes ont pu être sauvées, lors d’opérations, sous la coordination du CROSS Gris- Nez.
