Cinq jours à bord du Guépratte

Nouvel exercice pour se préparer à une mission d’action de l’État en mer : la FLF Aconit se prête au rôle de plastron tandis que le Guépratte s’engage dans des actions coercitives. Après des sommations sans effet, les marins effectuent des tirs d’avertissement (tirs de semonce, tirs d’arrêt à 200 mètres, puis à 100 mètres). Généralement, ces tirs de police sont utilisés pour stopper ou dérouter des navires suspectés d’activités ou de trafics illicites.

La mobilisation du service armes du bord se poursuit par un exercice de tir (GUNEX). Des passages à faible altitude d’Alpha Jet, suivis de celui d’un Falcon remorquant une cible, permettent aux artilleurs de tester leurs systèmes d’armes. Ils conduisent également des tirs sur cibles dérivantes multiples, aux calibres de 20 mm et de 100 mm. Enfin, un exercice de lutte antinavire vient achever l’enchaînement de ces exercices intenses.

Le Guépratte et l’un de ses sistership, l’Aconit, effectuent un exercice de présentation au ravitaillement à la mer (Préram). Ces manoeuvres de rapprochement délicates mobilisent une grande partie de l’équipage. L’objectif est de permettre le ravitaillement en combustibles (gazole, carburéacteur), eau distillée, vivres, munitions, médicaments et matériel de rechange. C’est la condition de l’autonomie des forces navales quand elles sont déployées loin de leurs bases.

À quatre reprises, des avaries de barre ont été volontairement déclenchées pour entraîner l’équipage aux procédures permettant de remédier aux diverses pannes possibles. Ces avaries successives ont été cumulées avec d’autres exercices mettant à rude épreuve l’équipage. Adaptation, répétitions des ordres, entraînements, formation des marins, tel était l’objectif.

Le Guépratte s’entraine à l’inspection de navires suspects, rôles tenus par l’Aconit et le Rebel. Ce dernier est un navire de la société SeaOwl qui fournit des plastrons d’entraînement à la Marine. La collecte préalable d’informations, la mise à l’eau des embarcations, l’abordage du bateau suspect, les fouilles et l’isolement par groupe des membres de l’équipage placés sous bonne garde répondent à une partition complexe qui doit être jouée à plusieurs, en univers hostile. Respect des procédures, sang-froid et vigilance sont de rigueur.

Les missions liées à l’action de l’État en mer (AEM) s’organisent autour de quatre grands domaines : garantir la sécurité des personnes et des activités en mer ; protéger l’environnement et préserver les ressources maritimes et réprimer les activités illicites. Dans ce cadre, l’équipage du Guépratte s’entraîne à un exercice de recherche et de sauvetage (en anglais, Search and Rescue – SAR). Un mannequin surnommé Oscar est jeté à la mer. Une fois localisé, une embarcation semi-rigide est mise à l’eau avec à son bord une équipe prête à secourir le naufragé. Depuis la passerelle, il faut garder un œil sur Oscar jusqu’à ce qu’il soit sain et sauf.

Pour connaître ses signatures magnétique et acoustique, le Guépratte effectue des boucles acoustiques en baie de Nice et des boucles magnétiques dans la rade de Toulon. Il s’agit de passer au-dessus des capteurs placés au fond de l’eau. Pour cela, le navire effectue des Boutakoff* dans des environnements restreints, le navire est passé une petite dizaine de fois, dans un sens puis dans l’autre, sur les zones où les enregistrements s’effectuent. La capacité à manoeuvrer en eaux resserrées des équipes passerelle a été mise à l’épreuve avec succès.

Les voies d’eau et les feux sont les deux risques les plus redoutés sur tout navire. Quatre exercices sécurité (SECUREX) sont venus ponctuer ces cinq jours. L’un d’eux mettait en scène un feu à proximité d’un local de stockage des munitions. Du briefing au lieu du sinistre, en passant par le PC Sécu, les mises en condition sont toujours impressionnantes : fumées, équipements, isolement, ventilation, séquençage et mobilisation de l’équipage. Ces exercices visent à rappeler sans cesse que tout marin embarqué est également un pompier.

Après cinq jours d’entraînements intensifs, l’équipage du Guépratte a pu remettre à niveau sa capacité à opérer dans tous les domaines. Il va pouvoir sereinement, au côté du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre, appareiller pour la mission Jeanne d’Arc 2024.