Championnat du monde d’Ironman à Hawaï : un marin se hisse à la troisième place de sa catégorie chez les Français

Publié le 18/11/2024

Auteur : La rédaction

Le 26 octobre, le premier maître Kévin a réalisé une très belle performance à l’Ironman de Kailua-Kona à Hawaii. Neuf heures et trente-trois minutes. Il peut être fier de lui. Ce temps lui permet de se classer troisième Français de sa catégorie, 44ème Français toutes catégories confondues, ce qui le hisse à la 360e place sur plus de 3 000 participants. 3,8 km de nage, 180 km de vélo suivi d’un marathon (42 km) font de ce triathlon l’une des compétitions les plus longues et les plus élitistes de la discipline. Il nous en fait le récit, heure par heure.

« Le 20 août 2023, lors d’une des 42 épreuves qualificatives d’Ironman pour le Championnat du monde à Kona Hawaii, je décroche à Vichy ce fameux sésame qu’on appelle « slot ». Mon feu vert pour participer à la fête du triathlon mondiale qui aura lieu le 26 octobre 2024.

Après plus d’un an d’attente, de préparation logistique et sportive, le jour J est enfin arrivé. La préparation s’est réellement faite 12 semaines avant l’échéance avec de belles sorties vélo et courses à pied, mais sans un gros volume hebdomadaire (12 à 13 heures en moyenne).

2 500 athlètes, dont 158 Français, seront au départ de cette édition 2024. Le départ se déroulera par vague en fonction des catégories. À 7h10 heure locale, je ferai partie de la vague numéro 7 dans la catégorie 40/44 ans.

J’arrive à 5h30, sans stress. La zone de départ est déjà noire de monde, cela me permet de tout vérifier une dernière fois, mettre mon ravitaillement, gonfler mes pneus, et une nouvelle fois mentaliser mon emplacement lors des transitions. À quelques minutes du départ, le moral est bon : ne pas se mettre la pression et profiter de chaque instant, l’ambiance est exceptionnelle. Mon objectif avec cette chaleur est de passer sous la barre des 10 heures, faire moins de 1h15 en natation, entre 5h et 5h10 en vélo et le marathon en moins de 3h30.

7h10, départ de la natation. C’est la cohue, la tension se fait ressentir, il faut néanmoins rester concentré pour ne pas faire monter les pulsations, surtout que la natation se réalise sans combinaison. L’eau à 27 degrés est magnifique, cela va être dur après ça de retourner nager en Bretagne. La natation est mon point faible ; l’objectif est de sortir le plus frais possible pour bien enchaîner à vélo. 1h08 soit 1mn48 au 100 mètres, fin de la première partie, je sors 184e de ma catégorie et 1076e au général. Une transition en cinq minutes et c’est parti pour 180 kilomètres de vélo.

Un parcours avec 1 500 mètres de dénivelé positif et un vent très fort sur le retour. Les jambes et le cardio sont bons, je passe la bosse de dix kilomètres qui mène à Hawi à mi-parcours, pile dans la zone voulue, sans être fatigué. C’est maintenant que tout se joue, 90 kilomètres heure de vent de face. Je rattrape des groupes entiers qui ont laissé trop de force lors de la première partie. Je termine le vélo largement en avance par rapport à l’objectif fixé, en 4h49, soit une vitesse moyenne de 37,3 kilomètres par heure. J’arrive avec le 39e temps de ma catégorie et 296e au général.

 

La seconde transition se passe bien, les bénévoles sont aux petits soins, boissons fraîches, linges humides sur la nuque, etc. Arrive maintenant la partie fatidique, le marathon que je vais débuter à 13h20, une des heures les plus chaudes de la journée. Le moral et les jambes sont vraiment au top, j’ai à ce moment là, 20 minutes d’avance sur l’objectif que je m’étais fixé avant la course. Baskets aux pieds, les premiers kilomètres se font sur Ali’i Drive où tous les spectateurs sont réunis. C’est la folie mais il ne faut pas s’enflammer, la route est encore très longue et tout peut se terminer sur le marathon en quelques minutes si la gestion est mauvaise. Les 15 premiers se déroulent vraiment bien, je pars sûrement trop vite (4’20 au km) mais même en essayant de me canaliser, les jambes répondent et le cardio est dans la bonne zone. Je me dis alors que je suis certainement dans un jour exceptionnel !

Cependant, à partir du 15e km sur la longue route Queen K qui mène à l’aéroport, la température ressentie n’est plus du tout la même, c’est un gouffre de chaleur. Je dois obligatoirement ralentir et prendre plus de temps à chaque ravitaillement pour faire baisser ma température corporelle grâce aux glaçons. Je passe le semi en 1h36, je suis largement dans les temps mais je sais qu’il faudra se battre jusqu’ à la ligne d’arrivée. C’est maintenant que tout l’entraînement en amont sert, c’est au mental de prendre le relais. Je m’interdis de marcher car j’ai déjà vécu ça. Si tu commences à marcher tu ne repars plus. Je vois des tas de concurrents marcher, je me dis qu’au final, je suis encore bien par rapport à eux. Chaque ravitaillement tous les deux kilomètres est crucial. L’allure diminue mais je suis toujours dans le match. 40e km, je passe la dernière difficulté du circuit, plus rien ne peut m’arriver… Il reste 2 km pour redescendre dans Kona centre et profiter de chaque foulée, c’est magique ! Je finis ce marathon en 3h23.

9h33 après mon départ, je termine ce championnat du monde 46e de ma catégorie (3e français) et 353e au général. Une course unique dans un endroit de rêve, le championnat du monde d’Ironman à Hawaii, le mythe je l’ai réalisé ! Anything is possible ! »