CESM : un laboratoire de réflexion

Publié le 01/09/2024

Auteur : La Rédaction

Lieu d’échanges et d’analyse, le Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM) contribue à une meilleure compréhension comme à la diffusion des grands enjeux maritimes et navals. Fort de ses cinq pôles et grâce à des réseaux variés et ciblés, il contribue à la politique de rayonnement de la Marine nationale.

Les dés sont jetés. Le risque vient de mon­ter au niveau ultime, une guerre nucléaire menace le monde à tout moment. Ce scé­nario apocalyptique n’est pas le préambule d’un conflit imminent, mais l’une des étapes possibles d’un wargame, ces jeux stratégiques permettant de mieux appréhender les grands intérêts géopolitiques d’un espace donné et les menaces qui y sont liées.

Autour de la table, de jeunes diplômés de grandes écoles françaises, telles que l’univer­sité Paris-Dauphine, l’ESCP ou l’école Poly­technique, discutent de la stratégie à adop­ter pour faire triompher leur camp. Sous la supervision d’un expert en géopolitique, ils apprennent les enjeux du monde de demain et l’importance de la Marine.

Si l’École militaire accueille l’École de guerre, elle abrite aussi en ses murs les organismes chargés du rayonnement des armées. C’est le cas de celui de la Marine, le CESM.

Héritier de l’ancienne École supérieure de guerre navale, le Centre d’études stratégiques de la Marine a évolué dans ses missions : il est désormais un laboratoire d’idées de type think-tank institutionnel dont la mission réside dans la production d’études et de tra­vaux au service des décideurs. Le but est de convaincre et aider à faire comprendre les enjeux navals et maritimes.

Pour cela, afterworks, wargames, conférences ou débats, même combat ! Réunir des publics variés, souvent extérieurs aux armées, qui réfléchissent ensemble aux besoins de demain. Qui sait, dans les années à venir, certains des étudiants conviés au wargame seront peut-être des décideurs industriels ou politiques ?

UN ÉQUIPAGE RÉPARTI EN CINQ PÔLES

Pour être force de proposition et donner à la Marine nationale le rayonnement nécessaire, le CESM repose sur cinq pôles : la recherche, l’édition, les séminaires et colloques, les rela­tions publiques et la communication.

Nouant des partenariats avec des établisse­ments de l’enseignement supérieur, le CESM emploie ses propres chercheurs travaillant à l’analyse de tendances comme de ruptures géostratégiques. Ils réalisent ainsi des études précises, à la rigueur académique et universi­taire.

Ces réflexions stratégiques sont souvent reprises par le pôle édition, qui les met en valeur grâce à des cartes et des infographies. Ce pôle publie chaque mois des Brèves marines (analyses concises et argumentées sur une thématique maritime d’actualité diffusées par mail) et chaque quadrimestre des Études marines (publications scientifiques regrou­pant les regards croisés de plusieurs experts sur un sujet maritime ou naval, abordées avec un prisme géopolitique, économique, histo­rique, opérationnel…) portant sur des actua­lités comme des axes plus larges. Par ces éclai­rages, notamment sur la conflictualité future en mer, il aide le lecteur à décrypter le monde d’un seul coup d’oeil. À côté de cette produc­tion écrite, le pôle dispose d’un autre mode de production plus contemporain : le podcast.

Tandis que la bataille pour la conquête du monde via le wargame fait rage, deux salles plus loin, de l’autre côté de la coursive, deux hommes discutent à bâtons rompus, de part et d’autre d’un micro. On tourne. L’enregis­trement du prochain podcast est lancé. Tous les quinze jours, l’aspirant Arthur reçoit des invités variés pour échanger sur ce qui pourra attendre la Marine. De la révolution du drone sous-marin à la protection de la pêche, des nouvelles routes commerciales à la vente de matériel aux puissances étrangères, l’éventail de sujets est large.

Si les publications du CESM sont disponibles pour tous, une part importante de son acti­vité réside dans l’organisation de séminaires ou de colloques aux accès plus restreints. Tout comme pour les étudiants par­ticipant au wargame, ces évé­nements réguliers ciblent des réseaux précis et stratégiques où la pensée navale pourra avoir un impact significatif. Le pôle cherche donc à mettre en adéquation différents viviers avec une notion clé de la Marine. Pour tel public, la visite d’une base aéronavale sera pertinente, pour tel autre, une conférence sur le nar­cotrafic rappellera l’une des missions dévolues à la Marine et tout ce que cela implique. Comme les places sont limi­tées, il faut souvent faire une sélection.

C’est l’un des travaux du pôle relations publiques. En contact avec la plupart des réseaux, il assure la gestion de bases de données comportant des milliers de personnes dont les postes évoluent constamment. Grandes associations mari­times et navales, comme celle des anciens élèves de l’École navale (AEN) ou celle centrale des officiers de réserve de la Marine (ACO­RAM), cycles d’études et de visites pour des jeunes professionnels, associations des jeunes de la Défense, tout y passe ! C’est aussi là que sont rattachés les réservistes citoyens de la Marine, un vivier de cinq cent personnes issues de la société civile et choisies pour leur expertise dans tel ou tel domaine. Ambassa­deurs de la Marine nationale, ces réservistes agréés sont totalement bénévoles, et servent de lien entre l’armée et la nation.

Chacun de ces quatre pôles est mis en lumière par le travail du bureau communication, cinquième pôle du CESM. Très actif sur les réseaux sociaux, il réalise de nombreuses publications qui se retrouvent notamment sur la page LinkedIn du CESM (20 000 abonnés).

UNE UNITÉ RÉSOLUMENT MARITIME

Loin de la côte et des bateaux gris, les bureaux comme les métiers du CESM sont pourtant tournés vers la mer et les marins : c’est à leur bénéfice que le travail des études marines doit profiter. Manoeuvriers du langage, navigateurs au milieu des eaux géopolitiques, ingénieurs de l’image, du sens et des idées, chacun y devient, à sa façon, des passeurs d’idées d’une rive à l’autre. Porte sur le monde, le CESM est aussi un sabord sur la place parisienne depuis lequel le jour passe. Chaque activité organisée doit être au service de l’Institution.

Recevoir les collaborateurs parlementaires lors d’un petit-déjeuner permet de prendre le pouls de l’Assemblée nationale, et l’organisa­tion d’une conférence à la Banque de France rappelle tous les intérêts économiques aux­quels est liée la Marine nationale. Grâce à l’appui des forces, l’organisation de visites, voire d’embarquements, permet même à cer­tains publics d’être au plus près des réalités opérationnelles, en découvrant le savoir-faire comme le savoir-être des marins.

Les missions de rayonnement du CESM s’étendent aussi à des domaines plus artis­tiques. L’association des Écrivains de Marine est rattachée à l’unité, et compte parmi ses membres des explorateurs, des lauréats de grands prix littéraires, et même trois aca­démiciens français (Didier Decoin, Daniel Rondeau et Jean-Christophe Rufin). C’est éga­lement le cas des célèbres POM, les peintres officiels de la Marine, dont le corps remonte à 1830. Au milieu de la quarantaine de peintres, on retrouve quatre photographes, dont Yann Arthus-Bertrand.

Le wargame est maintenant terminé. Le carré est remis en ordre. Demain matin, bis repetita, un autre débutera. Les nations seront à nou­veau virtuellement au bord de l’abîme, dans un jeu de confrontation : ce sera au tour d’un nouveau groupe d’être sensibilisé à l’impor­tance des enjeux navals et maritimes.