Aspirant Clément, contrôleur aérien

Publié le 22/04/2025

Auteur : ASP Clémence de Carné

Dès son plus jeune âge, l’aspirant (ASP) Clément a baigné dans le milieu de l’aéronautique navale. Une passion devenue un métier qu’il exerce sur le porte-avions Charles de Gaulle pour la mission Clemenceau 25.

«Mon père était dans la Marine comme mécanicien aéronautique. » Une enfance heureuse au soleil : « à Hyères, on était dans des immeubles remplis de familles de militaires, on voyait l’ambiance marine, l’esprit d’équipage. J’ai des souvenirs dingues de Noël passés sur la base, des journées portes ouvertes dans les hangars. » Ces mêmes hangars, puis la tour de contrôle d’un petit aéroport des Vosges, seront les toiles de fond de ses premiers souvenirs aéronautiques.

L’avenir semble tout tracé, pourtant ses études l’écartent un temps de la Marine. Au collège et au lycée, deux stages dans un office notarial le poussent à poursuivre une carrière juridique. Mais, les cours dispensés sur le divorce en droit de la famille auront raison de sa vocation de notaire. L’appel du large est irrésistible, l’aspirant Clément se souvient : « Il fallait que je bouge, je ne tenais plus là-dedans. J’avais une seule envie : être contrôleur aérien dans la Marine, je n’ai pas postulé pour autre chose. » Il ajoute : « dans mon enfance, j’ai côtoyé plus de mécanos que de contrôleurs aériens mais ce qui me bottait le plus c’était les interactions avec les pilotes, le fait de devoir gérer un espace aérien, une piste d’atterrissage et de décollage. » DEUG validé, il fait ses adieux aux amphithéâtres de droit pour rejoindre les bancs de l’École de maistrance.

Le jeune second maître fait ses premières armes à Lann-Bihoué. La spécialité de contrôleur aérien entraîne une certaine sédentarité : « la qualification prend un peu de temps sur une base d’aéronautique navale. Une fois que vous êtes formé et lâché, on vous garde un peu pour faire du tuilage, du compagnonnage et former les nouveaux arrivants », explique l’ASP Clément.

Le Breton d’adoption n’hésite pas à se confronter de plus près aux embruns : « Depuis dix ans, je suis renfort groupe aéronaval embarqué (GAé). Je suis déployé dès que le porte-avions part en mer, peu importe mon affectation. » En mer, les conditions sont différentes. La piste d’appontage se déplace en permanence avec les mouvements du porte-avions. Les années passent et le marin confirme que rigueur, méthode, efficacité et polyvalence sont des qualités essentielles à ce métier. Il valide tous ses brevets, alterne affectations à terre et embarquements. En janvier 2025, il troque ses manchons de « cipal » contre le galon sabordé d'aspirant. Si l’ASP Clément s’épanouit sur la façade Atlantique, il reconnaît que la vie embarquée ne manque pas d’atouts : « Sur le porte-avions ou sur un porte- hélicoptères amphibie, on se mélange, on s’ouvre à d’autres spécialités, on découvre le milieu opérationnel et les interactions avec les pays partenaires. On saisit mieux la géopolitique, c’est très enrichissant, cela donne du sens à la mission. » Dès son retour de la mission Clemenceau 25, l’ASP Clément dirigera la cellule formation en continue du personnel contrôleur de la BAN Lann Bihoué.

Pour l’heure, à l’autre bout du monde, Clément scrute l’horizon depuis le porte- avions et veille sur les marins du ciel.

Contrôleur aérien

À bord du porte-avions, d’un porte-hélicoptères amphibie ou sur une base d’aéronautique navale, le contrôleur aérien est responsable de la circulation aérienne et de la sécurité du trafic. Il contrôle les phases de décollage/catapultage et d’atterrissage/appontage. Sa mission principale est d’identifier, suivre et guider les aéronefs (hélicoptères, avions, drones civils ou militaires) qui évoluent dans son espace aérien. Depuis la tour de contrôle ou du centre de contrôle et d’approche, il fournit aux pilotes les informations de vol (conditions météorologiques, trafic environnant, plans de vol…) pour éviter que les aéronefs ne soient pris dans un orage ou n'entrent en collision. En mer, les conditions évoluent : les espaces aériens changent tous les jours. Le contrôleur aérien établit donc un contact avec les terrains de dégagement à terre pour connaître la réglementation des vols, la longueur de la piste...

Mon meilleur souvenir ?

« Lors de la mission Clemenceau 19, j’ai été dépêché pendant une semaine comme officier de liaison sur une base de la marine indienne à Goa Dabolim. L’exercice Varuna se déroulait en mer au large de l'Inde, j’étais à terre pour coordonner l’activité de la base d’aéronautique navale avec les départs d’avions indiens vers le porte-avions et, en cas de nécessité, le dégagement de nos aéronefs vers Goa. L’expérience, extrêmement enrichissante, m’a permis de voir que le contrôle aérien est le même à travers le monde. On travaille tous de la même manière, c’est assez bluffant. J’étais en tour de contrôle sur une base indienne mais j’y voyais une ressemblance avec celle de Lorient qui accueille, elle aussi, du trafic militaire et du trafic civil. »

Parcours

2005 Entrée à l’École de maistrance

2006 Brevet d’aptitude technique à l’École nationale de l’aviation civile

2006-2016 Affectation sur la base d’aéronautique navale (BAN) de Lann-Bihoué

2014 Brevet supérieur

2015 Mission Arromanches

2017-2021 BAN de Landivisiau

2019 Mission Clemenceau 19

2020 Mission Foch

2021-2023 Affectation sur le porte-avions Charles de Gaulle

2024 Brevet de maîtrise et réussite du concours officier spécialisé de la Marine

2025 École navale et mise pour emploi sur le porte-avions