40 ans de l'explosion du boulevard Périer : un drame qui a marqué l'histoire du Bataillon

Publié le 06/02/2025

Auteur : La rédaction

Le 5 février 1985, un drame majeur frappe la ville de Marseille : une double explosion détruit un immeuble du boulevard Périer (8ème arrondissement). Six personnes, dont un marin-pompier, y perdront la vie. Près de quarante seront blessées. 40 ans après, le récit de cet événement reste vif dans les casernes : les « anciens » transmettent aux plus jeunes marins-pompiers les enseignements qu’ils ont pu tirer de cette intervention pour assurer une meilleure sécurité sur le terrain.

Mardi 5 février 1985, 14 h 57. Un appel est reçu par le centre opérationnel des services de secours et d’incendie de la ville de Marseille : une fumée suspecte s’échappe d’un soupirail au 2 boulevard Périer. L’alerte pour feu de cave semble anodine pour les marins-pompiers de la caserne de Louvain. Une première équipe, menée par l’enseigne de vaisseau Francis Pouey, est dépêchée sur place. En quelques minutes, trois engins armés par 19 marins-pompiers sont alignés devant l’immeuble.

Une équipe de reconnaissance tente d’accéder aux caves, mais la porte d’entrée est verrouillée. Un employé du garage voisin facilite leur progression. Lorsqu’ils s’engagent dans l’escalier, ils constatent la destruction des installations électriques par les flammes avec une légère fumée, mais ne sentent pas l’odeur de gaz, masquée par l’incendie. Sur les ordres du commandant des opérations de secours, un contrôle des étages supérieurs est engagé, tandis que Gaz de France s’organise pour sécuriser les conduites de gaz.

Le fourgon pompe-tonne incendie engage une attaque prudente. Au sous-sol, les marins-pompiers découvrent des cartons se consumant lentement et maîtrisent rapidement le feu. La situation semble sous contrôle, lorsqu’un événement inattendu vient faire basculer l’intervention.

À 15 h 17, une double explosion éventre l’immeuble. La première déflagration soulève le toit et projette la structure sur la chaussée blessant de nombreux civils. La seconde, dans un souffle violent, tue sur le coup le quartier-maître Patrick Repetto et blesse gravement une quarantaine de personnes, dont dix-neuf marins-pompiers. L’onde de choc projette certains hommes contre les façades avoisinantes. Le quartier-maître Laurent Marino perd ses deux jambes dans l’explosion.

Aussitôt, les renforts affluent des casernes avoisinantes, notamment Endoume. Les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône apportent également leur aide. Chaque seconde compte pour extraire les victimes des décombres. Les hôpitaux marseillais accueillent les nombreux blessés, dont certains seront marqués à vie. Le bilan est lourd pour Marseille et le Bataillon.

L'explosion du boulevard Périer

Depuis 40 ans, les marins-pompiers rendent hommage aux disparus et blessés du boulevard Périer, avec une émotion particulière au sein du CIS Louvain. La mémoire du quartier-maître Repetto et celle des autres victimes civiles et militaires restent vives.

Cette année, la cérémonie s’est tenue sur le boulevard Périer pour commémorer les 40 ans de ce drame qui aura marqué l’histoire de la ville et du Bataillon. Étaient présentes de nombreuses autorités civiles et militaires, d’anciens marins-pompiers ayant vécu l’explosion, des délégations de la Police nationale et du Gaz réseau de France (GRDF, ex-GDF) également endeuillées. Une centaine de marins du feu en activité, l’Amicale des marins-pompiers, les cadets et les jeunes marins-pompiers se sont rassemblés avec une lecture du déroulé des événements. Enfin, une plaque commémorative retraçant l’histoire du sinistre a été révélée afin que perdure la mémoire de cet incident à travers les âges.

Ce drame marque un tournant dans la gestion des interventions en milieu clos : abandon progressif des casques traditionnels au profit du casque F1, consignes de sécurité renforcées, changement d’approche des risques liés au gaz et approche plus prudente des feux en sous-sol.

La transmission de ce récit entre générations rappelle à chaque marin-pompier que derrière une simple fumée peut se cacher le pire des dangers.

Cérémonie du 5 février 2024

Victimes décédées sur les lieux :

  • Patrick REPETTO (QM1 marin-pompier, servant au FPTL)

  • François FERRANTE (policier)

  • Pierre FALANGA (GDF)

  • Adrien SPOTIELLO (employé garage Datsun)

  • Denis BRETIN (dans son véhicule Bd Périer)

Victime décédée des suites de ses blessures au CHU Timone

  • Patrick BLANQUER (GDF).