Major Michaël : chef de la centrale électrique à Crozet
Publié le 07/01/2025
« Très tôt, vers treize ans, j’étais décidé à m’engager », raconte le major Michaël. Enfant, il est fasciné par les récits de son beau-père, qui aime partager les souvenirs de son service militaire sur le Clemenceau et sa carrière dans la Marine marchande. Synonymes de voyages et d’aventures, les noms des mers du globe attisent la curiosité du jeune garçon.

Au lycée, il se rend au forum des métiers avec sa classe. L’adolescent passe la majeure partie de son temps au stand de la Marine à feuilleter les brochures de recrutement, pour savoir à quel métier il peut prétendre. Un an plus tard, il intègre l’École de maistrance pour devenir mécanicien naval. Le major explique : « Cette spécialité est une force de l’ombre, on est assez isolé, on travaille dans les fonds, on n’est pas forcément visible, malgré tout, c’est une spécialité importante, on est responsable des besoins primaires, eau douce, énergie… ». Le large panel de secteurs à maîtriser séduit le major Michaël qui, déjà, « bricolait un peu ». « La Marine accélère la débrouillardise car on doit s’adapter sans cesse. Sur un bateau, l’expression ”en tout temps, en tout lieu” prend tout son sens, car un événement peut survenir n’importe quand et il faut pouvoir répondre très vite le bâtiment, lui, continue d’avancer ». Au fur et à mesure, il grimpe les échelons et se dirige vers le brevet de maîtrise « machines thermiques ». Il aime l’expertise et la technicité de sa spécialité : « C’est un des domaines où on est capable de s’en sortir partout et n’importe où. »

Sa soif de voyager est étanchée par ses nombreux embarquements. Il aime être sur l’eau mais tend l’oreille lorsque les marins racontent leur hivernage dans les terres australes et antarctiques françaises, « c’était un peu mystérieux, cela a tout de suite éveillé ma curiosité, le lointain, la potentielle aventure, je me suis dit que ça pouvait être une sacrée expérience. » En 2013, le major Michaël rejoint l’archipel Crozet pour un premier hivernage qui sera suivi de deux autres en 2016 et en 2024. Quand on lui demande ce qu’il aime, la réponse est immédiate : « Tout. Aucune journée ne se ressemble, j’adore le froid, je suis un passionné d’ornithologie, j’aime la proximité avec la faune endémique de là-bas et la biodiversité est exceptionnelle. » 25 millions d’oiseaux peuplent l’île, soit l’équivalent du nombre d’habitants de New Delhi, deuxième plus grande ville du monde. Si les oiseaux sont légion, la présence humaine est plus discrète, au total 30 personnes vivent à Crozet en période d’hivernage. Scientifiques, militaires des trois armées, étudiants en service civique, contractuels de l’Hexagone et d’outre-mer : une poignée de gens dont la diversité de profils offre un brassage insolite qu’apprécie le major Michaël : « Au niveau social, c’est très intéressant, il y a un melting pot riche en enseignements. Ça force l’ouverture d’esprit, le pragmatisme et ce sont vraiment de belles expériences. »
Chef de la centrale électrique à Crozet, le major Michaël est responsable de toute la production et de la distribution d’énergie électrique sur la base, des groupes électrogènes de secours du centre de transmission et de l’hôpital. « Je suis également responsable de toute la partie ravitaillement et distribution stockage de carburants. Je m’occupe enfin de la sécurité et de la prévention sur la base et les sites isolés », ajoute le major Michaël dont le gros chantier, cette année, consistera à remplacer un moteur de groupe électrogène. Pour sa prochaine affectation, il espère embarquer sur une frégate de type La Fayette, un bateau qu’il aime, où les machines peu automatisées requièrent tout son savoir- faire de mécanicien naval.

Focus : Marin dans les terres australes et antarctiques françaises
Des paysages à couper le souffle, une exceptionnelle proximité avec la faune et la flore ou la soif d’aventure, les marins affectés dans les terres australes et antarctiques françaises (TAAF) partent tous avec le désir de vivre une expérience unique à l’autre bout du monde. Ils sont 13 marins actuellement en mission dans les TAAF dont la zone économique exclusive couvre 2,3 millions de km², soit plus de 20 % du territoire maritime français. Souvent issus des spécialités mécanicien, électrotechnicien ou manœuvrier, les marins embarquent pour 13 mois d’hivernage dans l’un des districts composant les TAAF : l’archipel Crozet, les îles Kerguelen, les îles Saint- Paul et Amsterdam. Ils exercent leurs missions dans un cadre exceptionnel en lien avec d’autres militaires, des scientifiques et quelques civils.
Septembre 2001 : entrée à l’École de maistrance
2002 : brevet d’aptitude technique mécanicien naval
2002 à 2006 : affectations sur les FASM Primauguet et Georges-Leygues
2009 : brevet supérieur puis affectation sur la FASM Jean de Vienne
2013 : chef de centrale à Crozet
2016 : responsable de chaland à Kerguelen
2018 : affectation sur la FLF Guépratte
Juin 2021 : brevet de maîtrise puis affectation sur la FREMM-DA Alsace
Septembre 2023 : obtention des épreuves de sélection professionnelle
2024 : chef de centrale à Crozet
Meilleur souvenir
« Le conflit en mer Rouge est un souvenir fort. Nous sommes passés de périodes d’exercices à une véritable menace. On a senti qu’on avait franchi un cap, les armements étaient véloces, il fallait réagir très vite à tous les niveaux. Il y a eu des moments de doutes, le rythme était intense mais sur le bateau tout le monde se serrait les coudes. Il y a toujours eu du dialogue, la mayonnaise a bien pris, l’entente était très bonne. »