Le point de vue des marines alliées (1/2)

Publié le 03/04/2025

Auteur : La rédaction

Le groupe aéronaval est un formidable agrégateur de forces, nationales et multinationales. Lors de son déploiement, il a intégré des unités issues de 19 marines partenaires et alliées. Cols bleus a rencontré plusieurs marins étrangers.

 

Marina militare : Capitaine de frégate Viviana Montone

La frégate italienne Virginio Fasan a intégré le groupe aéronaval français lors de son passage en Méditerranée, en direction de l’Indopacifique, afin de garantir la sécurité de sa navigation et la lutte anti-sous-marine.

Comment la frégate Fasan s’est-elle préparée à Clemenceau 25 ?

Capitaine de frégate Viviana Montone : L’interaction avec la Marine nationale a commencé quelques jours plus tôt dans le port militaire de Toulon, où l’état-major du Fasan a participé à la conférence de presse et à une série de réunions bilatérales, visant à l’intégration complète de la frégate italienne dans le dispositif français. Un autre facteur déterminant était la contribution apportée par les officiers italiens employés au sein de l’état-major de la Force de réaction rapide de Toulon et la capitalisation des expériences antérieures par les membres d’équipage déjà employés dans des contextes similaires.

Quelles sont les nouveautés de Clemenceau 25 ?

CF V. M. : L’organisation est en constante évolution afin d’atteindre les normes de formation de plus en plus élevées. Cette année, une attention particulière considérable a été accordée aux communications et une plus grande interconnexion tactique a été mise en œuvre à tous les niveaux grâce aux systèmes de liaison de données tactiques L16 et L22. La mise en œuvre d’un scénario réaliste qui reproduit le contexte actuel des menaces de drones (UAV et USV) est également une nouveauté.

La situation internationale se raidit dans plusieurs régions du monde, dans quelle mesure Clemenceau 25 est-elle comme une répétition d’un scénario réel ?

CF V. M. : La formation à laquelle la marine italienne a participé a été entièrement adaptée pour préparer les équipages à réagir dans des zones à risque. Les scénarios se caractérisent par un grand réalisme, nous permettant de nous entraîner dans un contexte multinational, pour être prêt à faire face à toutes formes de menaces, sur les principaux théâtres opérationnels. Notre déploiement illustre l’engagement de l’Italie visant une coopération et une interopérabilité accrues avec ses partenaires et alliés.

 

US NAVY : le capitaine de frégate Mathieu

 

Il est l’officier de liaison français au sein de la 6e flotte américaine

Quel type d’interactions existent entre le groupe aéronaval (GAN) et la 6e flotte US ?

CF Mathieu : la 6e flotte ne coopère pas qu’avec le GAN mais avec l’ensemble de la Marine. En effet, la zone de responsabilité du commandant de la 6e flotte, le vice-amiral d’escadre (VAE) Anderson, se superpose en partie à celles de CECLANT, CECMED, COMNORD mais aussi du COMSUP FAZSOI. Les interactions entre les unités françaises et américaines sont donc très fréquentes et chaque possibilité de rencontre à la mer est mise à profit pour améliorer notre interopérabilité et travailler nos procédures. C’est évidemment le cas lorsque le GAN rencontre un Carrier strike group (CSG) américain car ce sont des « outils » complexes à mettre en œuvre.

Quels ont été les exercices menés de concert avec la 6e flotte en Méditerranée ?

CF M. : Le GAN a profité de son transit en Méditerranée en décembre 2024 pour organiser un Key leader engagement avec des autorités militaires alliées dont le VAE Anderson. Celui-ci a été invité sur le porte-avions et dans la même journée s’est rendu avec le commandant de la zone maritime Méditerranée sur le porte-avions Harry S. Truman qui naviguait à proximité. Ces échanges, en mer, entre « Fleet commanders » sont particulièrement importants pour mieux appréhender les capacités de chaque GAN/ CSG.

Quelle réputation a le groupe aéronaval français auprès des marins américains ?

CF M. : Le GAN est bien connu et apprécié des marins américains. Il est perçu comme un outil moderne, puissant et complet en mesure de se connecter très rapidement avec les forces américaines. Les marins américains recherchent toutes les occasions pour interagir avec le Charles de Gaulle, ses escorteurs, les Rafale Marine et l’état- major du GAN.

Ελληνικό Πολεμικό Ναυτικό / Polemikó Naftikó : capitaine de frégate Konstantinos Kokkalis

 

Commandant de la frégate Kountouriotis, depuis juillet 2023. Lors de la première phase de déploiement de la mission Clemenceau 25, la frégate Kountouriotis a rejoint le groupe aéronaval (GAN) en Méditerranée (mission Akila).

Comment décririez-vous la coopération entre les marines grecque et française ?

C. K.K. : La coopération entre les deux marines est renforcée par une longue histoire de soutien mutuel, enracinée dans des intérêts communs et des valeurs partagées qui favorisent l’engagement en faveur de la sécurité régionale et internationale.

Pourquoi les exercices du GAN sont-ils importants pour la marine grecque ?

C. K.K. : Les exercices du GAN offrent à notre marine des opportunités vitales de formation et de collaboration, en particulier au niveau des opérations aéronavales. Elles permettent de renforcer son rôle régional, d’améliorer l’interopérabilité et de s’adapter aux perspectives de guerre moderne, rassurant sur le fait que la Grèce joue un rôle important en Méditerranée en tant que pilier de la stabilité et reste un allié compétent et fiable de l’OTAN.

Quelles sont les qualités des frégates grecques et françaises?

C. K.K. : Les frégates grecques et françaises se complètent mutuellement, créant une force hautement performante et équilibrée au sein du GAN. Les frégates françaises offrent à la fois une technologie de pointe, une portée mondiale et une profondeur stratégique. Les frégates grecques fournissent une expertise régionale, en particulier en Méditerranée orientale, où la Grèce a une vaste expérience, des capacités opérationnelles flexibles et un soutien précieux dans les environnements côtiers. Elle renforce les capacités défensives et offensives du GAN en étant pleinement intégrée, contribuant ainsi à l’efficacité globale de la mission du groupe.

Quels sont les principaux défis actuels auxquels la marine grecque se prépare ?

C. K.K. : Si les défis de sécurité régionale en mer Égée et en Méditerranée orientale constituent une priorité, la marine grecque fait déjà face dans plusieurs régions périphériques à des menaces à la fois traditionnelles et émergentes, telles que la sécurité énergétiques les menaces hybrides et asymétriques, les défis liés au changement climatique, pour n’en citer que quelques-uns. En améliorant ses capacités et en renforçant la coopération avec ses alliés, la Grèce entend conserver son rôle de partenaire fiable de l’UE et de l’OTAN.