Gendarmerie maritime : une histoire intrinsèquement liée à la Marine

Publié le 13/10/2025

Auteur : Nathalie Six

Elle est connue comme la 5e force de la Marine. La Gendarmerie nationale, mise pour emploi auprès du chef d’état-major de la Marine, compte dans ses rangs 1 154 militaires et 375 réservistes.

Bateau de la gendarmerie maritime en mer

Présente sur l’ensemble du littoral métropolitain et outre-mer, elle est l’héritière des corps des prévôts et archers de la Marine royale, eux-mêmes issus des prévôts de l’amirauté.

« Entre la Marine et la gendarmerie maritime, c'est une vieille histoire ! », raconte en préambule le colonel Ghislain de Cacqueray, commandant en second de la gendarmerie maritime. On trouve trace de prévôts de l’Amirauté (ou prévôts de la mer) dès le 14e siècle, lors de la funeste bataille de l’Écluse qui opposa en juin 1340 le Royaume de France à la couronne d’Angleterre. Il faut cependant attendre le 2 février 1627, pour que Louis XIII officialise la création d’un prévôt général de la Marine et des armées navales. Sa première mission, encore d’actualité aujourd’hui, est un devoir de police : « Chevaucher par les côtes et grèves et ports de mer, appréhender voleurs, pirates et déserteurs et leur faire procès ». Dès l’origine, la future gendarmerie maritime se distingue de la Maréchaussée. « Finalement, ça n'a pas tant changé que ça ». Déjà dans le premier texte organique qui organise les prévôtés, en 1704, sont mentionnées les huit juridictions suivantes : Brest, Rochefort, Toulon, Marseille, Dunkerque, Le Havre, Port-Louis et Bayonne.

Image "ordonnace du roy" "qui règle les fonctions des Officiers de la Prevolté de la Marine"

 

Au cours des siècles, ce corps oscille d’une autorité à l’autre, du giron de la Gendarmerie nationale sous la Révolution française puis à nouveau en 1926, aux ordres des préfets maritimes et de l’armée de Mer. Au fil de l’eau, elle absorbera les gardes consignes, surveillants militaires affectés à la garde des accès aux arsenaux. En 1940, après l’armistice, elle ne fut pas considérée comme une force militaire, mais comme une force policière. « Cela lui a permis de conserver ses effectifs, commente le colonel. La Marine y a vu un énorme potentiel et y a placé une partie de ses cadres car c’était une manière de les maintenir en réserve pour pouvoir les rappeler immédiatement en cas de reprise des hostilités. » Cantonnée à terre jusqu’en 1970, la gendarmerie maritime se verra confier par la Marine, à compter de cette date, l’armement de ses premiers navires.

Deux missions principales et trois modes d’action transverses

 

Composante essentielle du dispositif garantissant la souveraineté de la France, son emploi procède de la mise en œuvre de la politique de sécurité intérieure et de la politique de défense du milieu maritime et naval. « Pour faire simple, la gendarmerie marche sur ses deux jambes, résume son commandant en second. La première jambe, sa principale mission, est la prévôté (police aux armées) et la protection et défense qui comprend la protection interne et externe des emprises, en coordination avec les fusiliers marins et les forces de sécurité intérieure. Sa deuxième grande mission, c'est l'action de l'État en mer (AEM). En parallèle, elle a trois modes d’action transverses que sont la sûreté maritime et portuaire, la police judiciaire et le renseignement. » Près de 400 ans après sa création, la gendarmerie maritime est désormais organisée en quatre types d'unités : (1) les brigades de bases et pelotons de sûreté maritime et portuaire, (2) les unités navigantes (cinq patrouilleurs, 24 vedettes et 10 brigades de surveillance du littoral), (3) les pelotons de surveillance maritime et portuaire et (4) les brigades et sections de recherche.

« La gendarmerie est un formidable outil généraliste qui s’adapte à son territoire », décrypte le colonel de Cacqueray. Par exemple, en Manche, elle va pouvoir accentuer ses efforts sur le sauvetage, en Méditerranée, elle se concentrera sur la surfréquentation de la bande côtière et la défense des grands ports en cas de conflit, et en Bretagne sur la côte Atlantique, elle déploiera ses actions sur la protection des emprises militaires notamment l’île Longue pour sa mission de défense sur la dissuasion. Dans le même esprit, outre-mer, comme en Guyane, elle sera en capacité de développer des modes d’action spécifiques pour la lutte contre l’orpaillage et la pêche illégale.

équipage sur un bateau de la gendarmerie maritime en mer

Neuf dates clés :

2 février 1627 : Louis XIII établit le prévôt général de la Marine et des Armées Navales

1648 : Premier texte fixant les missions et les effectifs des prévôts de la Marine

7 mai 1704 : Institution de huit juridictions prévôtales maritimes (Brest, Rochefort, Toulon, Marseille, Dunkerque, Le Havre,
Port-Louis et Bayonne)

12 octobre 1791 : Les prévôts sont intégrés dans la Gendarmerie nationale

30 juillet 1801 : La loi de Thermidor An IX fixe six compagnies de gendarmerie maritime (Anvers, Le Havre, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon)

19 juin 1832 : Une ordonnance officialise la dénomination de « gendarmerie maritime » qui passe sous l'autorité du ministre de la Marine

1926 : Deuxième fusion avec la Gendarmerie nationale

1935 : Un décret-loi reconstitue la légion de gendarmerie maritime au sein de l’armée de Mer

2 janvier 1970 : La gendarmerie maritime devient une formation spécialisée de la Gendarmerie nationale